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Focus

Quand Lucy rêve Ӏ Dracula débarque au 140

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adaptation, Théâtre, Marionnettes, Dracula Lucy's dream, Bram Stoker, Le 140

publié le par Jean-Jacques Goffinon

Dracula de Bram Stoker est un mythe qui ne compte plus ses adaptations. C’est sur la traduction islandaise entièrement revisitée à l’efficace et parue en 1900 dans le journal Fjallkonen de Reykjavik que la metteuse en scène norvégienne, Yngvild Aspeli, commence son travail placé sous l’angle unique du personnage de Lucy.

Il en résulte une œuvre extrêmement sensuelle, qui mélange la marionnette de taille humaine à l’humain, pour nous parler autant de prédation que de notion de consentement dans une scénographie épurée à l’esthétique enténébrée. "Dracula Lucy’s Dream" c’est bientôt et c’est au 140.

Les aboiements du loup et le bruit des hommes

C’est par l’animalité que Yngvild Aspeli, introduit son spectacle. Un loup semble rôder sur scène. Des aboiements se font retentir. S’ensuit le vol d’une chauve-souris. Sur un voile à demi-opaque se projettent les paroles d’un sombre Jonathan Harker non identifié. L’ensemble donne une impression sauvage de fracas et d’obscurité, celle des hommes et des bêtes, indistinctement. Une longue nuit commence. Elle sera sans appel. Le personnage de Lucy apparaît dans toute cette noirceur. Le plateau est planté. L’histoire déplacée. Les hommes ne seront plus au centre de ce récit.

La part du réel et le cauchemar

Le choix de mise en scène est de représenter Dracula, les animaux et en grande partie le personnage de Lucy par des marionnettes. Ainsi, Lucy est la proie dont Dracula tire les fils vers la non-mort et l’empire des ombres. Sans paradoxe, les autres personnages résolument humains et réels s’éloignent au long de la narration. La marionnette est donc la porte entre les mondes et Yngvild les ouvre avec assurance et ingéniosité poétique.

Dans ce cauchemar somnambulique fait de visions effrayantes, de labyrinthes et d’agressions sexuelles et sanguines répétées, Lucy suit son désir comme une obligation de son corps, un désir victime, involontaire. En proie, elle accuse les attaques d’un Dracula prédateur alors que son âme n’est pas encore entièrement hypnotisée. Au-delà de la poésie subulée du jeu des marionnettistes, l’esthétique remarquable des lumières et le travail de projection originale, les mots sont dits clairement et les métaphores sont significatives. Sous la domination obscure de la bête, Lucy, même si elle n’est plus maîtresse de son corps, n’est pas, pour autant, consentante. Nous savons tous alors de quoi nous sommes en train de parler.

On ne s’y trompe pas, ce Dracula à la double signification est une œuvre d’une grande virtuosité esthétique et physique. La mise en scène, entre relecture du mythe et métaphores contemporaines, est vivifiante et d’à-propos. Il n’y a jamais d’innocence dans la domination, qu’elle soit réelle ou légende, elle est toujours calculée et s’accompagne inévitablement de victimes, d’agressions morales ou de viols physiques. Dracula, Lucy’s dream vise juste !

Pour accompagner les représentations au 140, l’équipe de PointCulture vous propose sa médiagraphie Dracula, pourquoi pas ?, question de revoir ses classiques autour de l’œuvre de Bram Stoker. Bref, une médiagraphie qui a du mordant ! À consulter ci-dessous…

Jean-Jacques Goffinon

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