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Focus

Ondes Martenot [Maurice Martenot]

Insolutherie, clavier, musique électronique, ingénierie / recherche scientifique

publié le par Marie-Emily Nolens

« La victoire du merveilleux sur le doute » (Der Abend, Wien)

« La victoire du merveilleux sur le doute » (Der Abend, Wien)

Les ondes Martenot sont un instrument électronique monodique (ne pouvant donc jouer qu’une seule note à la fois) qui se présente sous la forme d’un petit meuble sur pied. Ce dernier comprend plusieurs composantes : un clavier dont les touches sont mobiles, permettant de jouer de très petits intervalles et de vibrer à la manière d’un violon ; un ruban courant devant le clavier sur toute sa longueur et muni d’une bague dans laquelle se glisse l’index de la main droite de l’instrumentiste – grâce au ruban, le musicien peut atteindre des notes très éloignées d’un seul geste, effectuer des notes glissées ou d’autres bruitages ; un tiroir fixé à portée de la main gauche dans laquelle se trouve une touche d’intensité, indispensable à la formation du son, ainsi qu’une série de commandes permettant de modifier les timbres et les modes d’attaque, de créer un bruit de souffle ou un effet de sourdine, ainsi que de transposer au quart de ton, au demi-ton ou plus toutes les notes jouées à la main droite.

L’instrument est relié à quatre diffuseurs : le principal restitue le son brut ; la résonnance joue sur la longueur des notes grâce à un système de ressorts ; le métallique est un gong mis en vibration par un moteur et qui offre ce timbre « venu d’ailleurs » si particulier ; et pour finir, la palme, une caisse de résonnance de forme ogivale et munie de deux jeux de douze cordes, enrichit le son d’une série d’harmoniques et l’habille d’un halo particulier. Les sons provenant des diffuseurs sont sélectionnés, actionnés, combinés à loisir grâce à aux commandes du tiroir.

S’ajoutent encore deux pédales : une sourdine et une touche d’intensité actionnable au pied mais rendant le même office que la touche placée dans le tiroir.

Histoire

Militaire assigné aux transmissions radio durant la première guerre mondiale, Maurice Martenot fut frappé par la pureté des sons issus des lampes à électrodes. Suite à cette observation, il débute ses  recherches à la fin des années 1910 pour construire un nouvel instrument de musique. Ce n’est cependant qu’en 1928, un an après l’exhibition en France du thérémin (voir article sur cet instrument) que Maurice Martenot présentera son invention à l’Opéra de Paris. Sept générations  d’ondes Martenot se succèderont jusqu’au départ à la retraite de son assistant Marcel Manière, en 1988, année qui verra s’interrompre la production de l’instrument. Si la première mouture de 1919 a été jugée non viable par son inventeur, les trois suivantes vont petit à petit se perfectionner et se complexifier. C’est en 1937, lors de son cinquième remaniement, que seront réunis le clavier et le ruban, donnant à l’instrument sa forme définitive. Les progrès de l’électronique et l’invention des transistors achèveront de parfaire les ondes Martenot.

Répertoire

Si les ondes Martenot ont connu un tel succès, c’est aussi grâce aux compositeurs qui ont écrit pour elles. Car pour l’époque – une trentaine d’année avant les premiers synthétiseurs – les nouvelles possibilités sonores étaient révolutionnaires ! Très vite, l’instrument a conquis sa place au sein de l’instrumentarium classique, au sein de l’orchestre, en temps que soliste ou en petit ensemble, parfois composé de plusieurs ondes (comme Fête des belles eaux d’Olivier Messiaen, pour sextuor d’ondes Martenot).

Elles ont donc véritablement hérité d’un répertoire original vaste, et ce, dès la première heure.

Parmi les grands noms qui ont fondé son répertoire, citons Olivier Messiaen, Arthur Honegger, André Jolivet, Jacques Charpentier, Henri Tomasi, Georges Auric, Marcel Landowski, Tristan Murail…

Les ondes ont aussi inspiré les compositeurs de musique de film. Elles apparaissent dans diverses bandes originales : Witness (Maurice Jarre), Des gens sans importance (Joseph Kosma), Le fabuleux destin d’Amélie Poulain (Yann Thiersen) ou encore Où va la nuit (Hugues Tabar-Nouval).

Et dans le domaine musical populaire : Jonny Greenwood, Yann Thiersen, Jacques Brel (Ne me quitte pas, Fanette…), Bobby Lapointe, Léo Ferré, Zazie, Lara Fabian, et bien d’autres…

La suite de l’histoire

Suite à l’arrêt de sa fabrication en 1988, d’autres instruments tenteront de le remplacer. Le plus fidèle au jeu et aux caractéristiques sonores des ondes Martenot est sans doute l’ondéa, dont les recherches ont débuté en 1997 pour aboutir à un prototype complet en 2001, dans un travail mené en collaboration avec Jeanne Loriod, une des plus célèbres interprètes des ondes Martenot.

En 2008, le facteur de claviers électroniques Jean-Loup Dierstein décide de se pencher sur la reconstruction de cet instrument, suivant le modèle précédant l’abandon de sa fabrication en 1988. Depuis 2011, il est à nouveau possible de s’en procurer un.

Interprètes

La première ondiste fut Geneviève Martenot, qui, durant 40 ans, se fit l’ambassadrice de l’invention de son frère à travers le monde.

Née en 1928, année de naissance officielle des ondes, Jeanne Loriod deviendra l’élève et l’interprète de prédilection de Maurice Martenot. Elle créera nombre d’œuvres de compositeurs de son temps, dont celles d’Olivier Messiaen. Jeanne fondera également un quatuor, puis un sextuor d’ondes Martenot qui portera son nom. Elle enseignera la technique de son instrument au Conservatoire National de Paris, à la suite de son mentor.

Aujourd’hui, les français Christine Ott et Thomas Bloch sont sans doute, parmi les ondistes, les représentants les plus connus.

Nathalie Ronvaux



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