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Focus

Martin Luther, concert commenté à La Vénerie ce 21 mai 2019

Martin Luther
Le dernier évènement du cycle « Echos – Musique & Pensées » de cette saison est consacré à Martin Luther et au monde culturel dans lequel il a vécu. Retour sur cette période qui a métamorphosé les sociétés européennes et la composition musicale

Sommaire

Echos - Musique & Pensées

Ce 21 mai, se clôture le quatrième cycle "Echos - Musique & Pensées" du centre culturel de Watermael-Boitsfort La Vénerie. Ce dernier concert commenté est consacré à Luther et au contexte musical inspiré par la Réforme. En introduction, le conférencier Rodolphe de Borchgrave décrira le contexte musical initié par la Réforme. Le concert sera donné par l'ensemble Pandora² dirigé par Marcel Ketels. Plus d'information ici. Pour aiguiser votre curiosité, nous vous proposons une petite introduction au sujet.

Luther - Jeunesse et scolarité

Martin Luther (1433-1546) est l’aîné d’une grande fratrie, fils d’un paysan devenu au cours du temps exploitant de mine. Cette élévation dans l’échelle sociale lui ouvrit les portes des meilleures écoles et de l’université. D’abord poussé par son père à étudier le droit, il se tourne ensuite vers la philosophie et la théologie. Durant ses années d’études, ses professeurs le forment à la remise en question des idées et à leur vérification par l’expérimentation. Le retour aux sources des Écritures saintes découlera naturellement de cet enseignement.

En 1505, au grand dam de son père, il entre dans une confrérie de moines augustins, où il prononce ses vœux. Il sera ordonné prêtre deux ans plus tard.

Tout au long de sa scolarité, Luther sera en contact étroit avec la pratique musicale. Chant, luth, musique liturgique, psalmodie du grégorien, participation à des chœurs de rue, mais aussi enseignement des arts libéraux et de la théorie qui vont lui permettre de composer lui-même les chants qui porteront ultérieurement son message spirituel.

Conflit avec l’Église

Tout débute en 1517, lorsque Martin Luther, révolté par le recours au commerce des indulgences pour l’édification de la basilique Saint-Pierre de Rome, décide d’afficher sur la porte de l’église de Wittemberg nonante-cinq thèses. Ce document traduit non seulement son profond désaccord avec la décision du pape sur le sujet, mais remet également en question certaines interprétations des Écritures. Il refuse aussi toute intercession entre Dieu et les hommes, réfutant le pouvoir et l’autorité de l’Église.

Thèses de Luther

Illustration : 95 Thèses de Luther

En 1520, une bulle papale lui ordonne de se rétracter sur au moins une quarantaine de ses thèses. Luther marquera son refus en brûlant publiquement la bulle, geste qui lui vaudra l’excommunication. L'année suivante, il échappera de peu à l’arrestation en se plaçant sous la protection du duc-électeur de Saxe.

Quelques années après l'affichage des thèses qui signèrent le début de la Réforme, Luther décide de créer un recueil de chants dédié à l'ensemble des croyants dans l'optique pédagogique de véhiculer de manière plus séduisante les principes de sa doctrine.

Naissance du choral luthérien

Sous le titre de "Eyn Geystliches Gesanck Buchleyn", ce corpus paraît en 1524. Sa préface est rédigée par Luther, qui signe également une bonne part de ces cantiques d'un genre nouveau qu'on appellera chorals. Nombreux sont les chants dont les textes ont été écrits par Luther lui-même. D'autres compositeurs participent à l'élaboration du recueil. Le plus important est Johann Walter (1496-1570). Il jouera un rôle essentiel dans la constitution d'un répertoire spécifique de la musique réformée. Le recueil sera ensuite régulièrement réédité et augmenté.

D'abord à l’unisson, le choral est écrit en allemand, découpé en courtes phrases afin d’en faciliter la mémorisation. Le rythme est simple et la mélodie adopte un caractère populaire. Très vite, il se voit harmonisé à plusieurs voix, toutes chantées ou accompagnées à l'orgue. Le choral est dépourvu de fioritures et ornements superflus, rendant son interprétation aisément réalisable par les fidèles, souvent peu formés à la pratique musicale.

Ein feste Burg ist unser Gott

Certaines mélodies composées à la première heure ont connu une postérité imposante. Repris par de nombreux compositeurs au cours des siècles suivants, le choral "Ein feste Burg ist unser Gott" (notre Dieu est une forteresse) en est un excellent exemple.

Place à la musique ! Voici un petit florilège d’œuvres inspirées par le thème de Luther. Toutes portent les évolutions stylistiques de l'époque qui les a vues naître.

L'hymne de Luther, dans sa version originale à l'unisson :

À la même époque, Johann Walter reprend le chant et l'harmonise. La mélodie est chantée par le ténor :

Au siècle suivant, le style musical se complexifie et c'est le plus souvent sous la forme de la fugue que s'écrivent désormais les reprises harmonisées de la mélodie de Luther.

Michael Praetorius (1571-1621) choisit l'orgue, tandis que Samuel Scheidt (1587-1654) opte pour le chœur.

En 1724, la Cantate BWV 80 de Johann Sebastian Bach (1685-1750) "Ein feste Burg" est interprétée pour la fête de la Réformation du 31 octobre. Le choral inspiré par l'hymne de Luther est écrit dans un contrepoint extrêmement élaboré :

Quelques années plus tard, Georg Philipp Telemann (1681-1767) pare ce même thème d'une grande solennité :

Plus grandiloquent et avec des moyens instrumentaux plus imposants, le compositeur Otto Nicolai (1810-1849) compose Kirchliche Fest-Ouvertüre über Ein feste Burg, pour chœur et grand orchestre, œuvre écrite sous la forme d'un thème avec variations :

En 1829, Félix Mendelssohn (1809-1847) rend un hommage majestueux à Luther dans le final de sa cinquième symphonie "Réformation", écrite pour la célébration du tricentenaire de la Confession d'Augsbourg (1530) :

Nous terminerons notre sélection par la Fantaisie-chorale sur Ein feste Burg de Max Reger (1873-1916). Bien que catholique, le compositeur a repris plusieurs hymnes protestants pour ses chorals pour orgue. Tout au long de l’œuvre, le thème de Luther se fait clairement entendre au sein d'une trame de plus en plus complexe :

Le sujet vous a intéressé ? N'hésitez pas à vous rendre ce 21 mai à La Vénerie !

Nathalie Ronvaux