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Focus

L’Observatoire des simples et des fous, ce n’est pas si simple (Lise Duclaux)

L'Observatoire des simples et des fous - Lise Duclaux - 2014
Lise Duclaux reprend (avec, en sus, un nouveau livre!) son très beau projet "L'Observatoire des simples et des fous" à la Sint-Lukas Galerie de Bruxelles. À voir absolument!

Herbes folles

Ce qui nous distingue d’une plante, c’est de croire que nous n’en sommes pas. — -

L’ensemble de l’œuvre de l’artiste Lise Duclaux peut être envisagé comme une sorte d’écosystème. De Zone de fauchage tardif (2006-2015) à Plantes de Bruxelles (2008 à nos jours), en passant par exemple par PomPoenPoezie ou La Poésie de la courge (2012-2013) et Il n’y a pas de taupe dans mon jardin (2012), ses œuvres se répondent, se complètent, se nourrissent les unes les autres et ne se posent en rien comme des artefacts ou moments isolés. Et c’est encore plus le cas pour L’Observatoire des simples et des fous (2014-2015) où – au  sein d’un même projet – le dessin, l’écriture, la typographie, l’intervention végétale, les moments mis en place, le sens de la rencontre viennent mutuellement s’imbriquer pour soutenir une construction poétique à la fois simple et belle, délicate et volontaire.

En ce qui me concerne, j’ai découvert tardivement l’œuvre de Lise Duclaux au sein de l’exposition collective Paysages intérieurs aux Drapiers à Liège, l’an dernier. Ses dessins au trait fin, sensible et précis et ses textes à la typographie inventive occupaient un petit espace à part, une chambre à soi latérale, un entre-deux dans la cour entre la pièce principale de la galerie, à front de rue, et l’arrière-maison. Presque une métaphore de la position non ostentatoire, modeste, volontairement décalée – un pas sur le côté, en direction de la marge – de l’artiste dans ses projets… C’est à cette occasion aussi que j’ai acheté le très beau petit livre édité aux éditions « À lire à la loupe ». Dessins – de plantes, de neurones ressemblant à des radicelles, du déplacement des fourmis, etc. – y dialoguent avec une écriture très personnelle – touchant à la fois, sans totalement y correspondre,  au recueil d’aphorismes et au carnet de notes et d’observations d’une chercheuse – mis en page dans un dispositif de typographies et de couleurs aussi économe que convaincant.

Mais avant cela, du printemps 2014 à l’automne 2015 (avant d’être dévoré par les vaches en 2016), L’Observatoire avait été une installation dans un pré à brouter à Saint-Symphorien près de Mons. Un petit jardin d’Eden de plantes sauvages et médicinales, de forme ovale (qu’on retrouvera dans le O couché du titre du livre) au pied d’un marronnier d’Inde dans une prairie jouxtant Le Carrosse, foyer d’accueil et lieu de vie pour personnes présentant une déficience mentale.  Un lieu de vie et d’expériences, de rencontres, de pique-niques, de performances… Un sol retourné à la bêche, ensemencé « comme au XIXème siècle, dans les peintures de Millet ou de Van Gogh » de graines sauvages en partie aussi récoltées à la main, afin d’explorer ce lien enfoui qui relie les « fous » et les « mauvaises herbes ». « Les plantes sauvages, on les appelle des folles, les plantes médicinales on les appelle des simples. Oui, ça parle des plantes et oui, ça parle des fous, des gens hors normes qui ne s’adaptent pas à la société, comme les plantes sauvages ne s’adaptent pas aux jardins. ».

Là où – poussant trop loin les élans de la Science à classer le vivant – la Société a multiplié les cases et les sous-cases, les distinctions et les mises à l’écart, Lise Duclaux joue avec finesse la carte de ce qui rapproche et retisse du lien.

Philippe Delvosalle
(article écrit pour le Détours d'avril-mai-juin 2017)

photos: L’Observatoire des simples et des fous, Lise Duclaux, juillet 2014 /
+ mai 2015: pique-nique journée particulière performance conférence
Lise Duclaux
L’Observatoire des simples et des fous, ce n’est pas si simple


Du jeudi 19 mai au jeudi 6 juillet
vernissage: mercredi 18 mai à 18h

Sint-Lukas Galerie
116 rue des Palais
1030 Bruxelles

L'Observatoire des simples et des fous, ce n'est pas si simple - Lise Duclaux - couverture 2017Un deuxième livre L’Observatoire des simples et des fous, ce n’est pas si simple sort pour accompagner la nouvelle exposition.

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