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Focus

Le Musée du capitalisme à la Bourse

Musée du Capitalisme à La Bourse (Bruxelles) - août 2019
Lorsque nous les avions rencontrés à la fin de l'année passée, les bénévoles du Musée du capitalisme nous en avaient parlé à mi-mots : le projet fou d'investir les espaces de l'ancienne Bourse de Bruxelles. À partir de la mi-août, ce sera chose faite. Jusque mi-septembre, pour un mois...

Sommaire

Au cours de sa première demi-décennie d’existence, le Musée du capitalisme n’avait pourtant joué ni la carte du spectaculaire, ni celle de l’inscription dans un bâtiment unique et symboliquement fort de la cité.

C’était voulu que le terme de ‘Musée’ perturbe un peu. Ou, en tout cas, suscite la curiosité. Et généralement, ça marche ! Mais c’est vrai qu’on nous a déjà dit ‘Mais, ce n’est pas un musée, c’est une exposition !’ En fait, ça lance déjà le débat ! — Chloé, Musée du capitalisme

Rien qu’au cours de ces dernières semaines [au moment de l'écriture de cet article : fin 2018], nous avons croisé ses bénévoles, ses animatrices et animateurs dans un ancien casino devenu lieu associatif pluraliste, à Grivegnée ; dans l’architecture scolaire typique du début du XXe siècle d’une école secondaire, à Schaerbeek ; dans la classe en préfabriqué rajoutée faute de place dans la cour d’une autre école bruxelloise, à Woluwé ; au rez-de-chaussée d’un bâtiment de bureaux transformé en lieu culturel, à Bruxelles… Que ce soit en visite guidée du Musée au centre du Beau-Mur à Liège, en animations scolaires à l’Institut supérieur Cardinal Mercier ou à l’Institut de La Providence ou en « conférence gesticulée » au PointCulture Bruxelles (là aussi dans le cadre du projet « La culture a de la classe »), une constante fondamentale se dégage et relie entre eux ces différents types d’interventions : le refus d’un discours ex cathedra et le souci constant de la place centrale laissée au public (visiteurs, élèves) afin qu’il puisse prendre la parole, débattre et participer activement à une réflexion collective sur ce système économique qui régit nos vies d’une manière pour le moins hégémonique.

De Prague à Namur en passant par Louvain-la-Neuve : création du Musée dès 2012

Musée du capitalisme - exposition, détail

En février 2014, le Musée du capitalisme rencontre ses 3500 premiers visiteurs à la bibliothèque de l’université de Namur. Mais presque deux ans de travail préparatoire avaient précédé cette ouverture. En effet, en 2012, un groupe de jeunes de Louvain-la-Neuve – essentiellement des étudiants, de diverses disciplines – entend poursuivre la réflexion sur la société dans laquelle nous vivons et créer un espace de débat à propos de ce système qui, depuis longtemps, ne se limite plus à une doctrine économique parmi d’autres. L’un d’entre eux découvre le Musée du communisme à Prague et, de retour en Belgique, germe le projet un peu fou d’imaginer et de concrétiser un musée qui – selon la même structure en quatre volets que celle de son inspiration tchèque : les origines, les espoirs, les limites, les alternatives – raconterait et mettrait en question l’histoire et les futurs possibles du capitalisme. Pendant plus d’un an et demi, les lectures, les recherches, les discussions au sein du collectif viendront se frotter à la consultation ponctuelle de spécialistes et de personnes-ressources mais, surtout, aussi à la recherche d’une forme, d’une scénographie capables à la fois de vulgariser ce contenu à destination de publics non spécialisés et de multiplier les incitants à la prise de parole et à une visite active de l’exposition.

Musée nomade et musée mobile…

« On avait déjà changé la forme de notre exposition entre Namur et sa deuxième présentation à Saint-Gilles, en 2015. Des étudiants de La Cambre étaient venus réfléchir avec nous à une scénographie plus transportable et plus légère. On était passé de panneaux entiers en bois sur lesquels étaient imprimés les textes à des bâches tendues sur des structures en bois stabilisées par des bidons remplis d’eau. Mais ça nous faisait encore des centaines de bidons à transporter et les structures en bois restaient lourdes » se souvient Chloé. « Après la quatrième expo, à Laeken en 2016, on a retransformé la scénographie pour avoir une version encore plus légère et pouvoir arriver dans un lieu et y faire le montage en deux jours plutôt qu’en trois semaines. On a imaginé comment reprendre l’expo de manière à la fois plus légère et plus durable et plus résistante mais sans toucher à son contenu et à son côté interactif. »

Dans la logique de la philosophie du collectif qui ne fige pas ses participantes et participants dans un seul rôle (administratif, pédagogique, etc.) et qui associe constamment réflexion et concrétisation, ce sont en grande partie les membres du groupe qui, formés à la soudure dans un fablab du quartier du canal à Bruxelles, ont soudé un mois durant les cadres métalliques de la nouvelle version du musée. « C’est aussi une manière de se prouver qu’on peut changer les choses – la notion d’empowerment en anglais, même si le mot en soi n’est pas très beau – si on dépasse les freins qu’on se met trop souvent soi-même (‘Il faut être soudeur pour souder’ par exemple). (…) ça, cette version actuelle, c’est ce que nous appelons le Musée nomade. Mais nous avons aussi, à plus long terme, le projet d’un Musée mobile : une sorte de camion, de roulotte qui transporterait notre musée – ou un autre outil capable de susciter la même réflexion – partout en Belgique, voire ailleurs en Europe. »

…et peut-être, un jour, un Musée fixe

Cet élan à sillonner le territoire et à aller à la rencontre des publics n’empêche pas le collectif de rêver à la possibilité de rajouter la pièce d’un lieu fixe et permanent au puzzle très bien pensé de leurs activités. « On a déjà pensé à un million de choses qu’on aimerait inclure dans ce musée. À chaque visite qu’on anime, via les interactions avec les gens, les débats avec eux, les apports des visiteurs, on pourrait décliner dix nouvelles visites tout en respectant notre fil rouge de base. On a plein d’idées, ne fut-ce qu’en termes de contenus – sans même parler de forme et de scénographie. On pourrait peut-être aussi intégrer des éléments plus émotionnels à l’expo. Avoir un lieu fixe nous donnerait l’opportunité de faire tous ces changements. » Le collectif est actuellement en négociations pour éventuellement intégrer un espace dans un bâtiment ô combien lié à l’histoire de l’économie de marché en Belgique, en plein centre de la capitale.

-- été 2019 : c'est désormais chose faite, en tout cas pour un mois (mi-août / mi-septembre 2019 --


Philippe Delvosalle
article paru à l'origine dans le magazine Détours / Travail #2, janvier 2019

museeducapitalisme.org


Le Musée du capitalisme à la Bourse de Bruxelles

Du jeu. 15 août au ven. 13 septembre 2019

(ex-) Bourse de Bruxelles

Place de la Bourse
1000 Bruxelles