Compte Search Menu

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies permettant d’améliorer le contenu de notre site, la réalisation de statistiques de visites, le choix de vos préférences et/ou la gestion de votre compte utilisateur. En savoir plus

Accepter
Focus

L'Afrique du Sud | Kwaito - colère et euphorie

Boom Shaka

musiques du monde, mondorama, Afrique du Sud, house, années 1990, disco, hip hop, kwaito

publié le par Benoit Deuxant

Style né dans les années 1990 en Afrique du Sud, le kwaito a été influencé par le hip hop, mais surtout par la house et le disco.

Le kwaito est trop souvent résumé comme une forme de hip hop sud-africain. La réalité est plus compliquée et il existe bien une scène hip hop en Afrique du Sud, qui est distincte de la scène kwaito qui l’a précédée. Musicalement, le kwaito est plus proche de la house et du disco, avec des accents plus typiquement africains et une manière particulière de rapper et de chanter. Il est né dans les années 1990 à Johannesburg, dans le township de Soweto, avant de se répandre sur l’ensemble du pays. Il se caractérise par un grand nombre d’influences locales, du bubblegum au mbaqanga, mêlées à des inspirations house, UK garage, dancehall et hip hop.

On cite souvent Arthur Mafokate, et sa chanson « Kaffir » comme le premier hit kwaito d’Afrique du Sud. Il a été suivi par une génération qui comprenait, outre Mafokate, Oskido, Boom Shaka, ou encore Mdu Masilela. Les générations suivantes se partageront entre célébration du consumérisme et misogynie flagrante comme chez Bob Mabena ou les Prophets of Da City, et d’autres rejetant le style gangsta mais produisant une forme d’entertainment résolument apolitique, et d’autres enfin utilisant la musique pour aborder les problèmes de la société sud-africaine de l’époque, comme les inégalités sociales et la crise du SIDA. On peut citer, parmi les artistes les plus populaires du genre Zola, Lebo Mathosa, Mandoza, Trompies, Mzekezeke, Brown Dash, Mahoota, Spikiri, Mzambiya, Chippa, Msawawa, Mshoza, Thembi Seite, Thandiswa Mazwai, Brikz, TKZee, Unathi, ou encore Brenda Fassie.

Le kwaito est un produit de son époque. Il a débuté à la fin du régime de l’apartheid, et illustre la liberté d’expression retrouvée. Il marque également la fin progressive de la musique politiquement engagée : le kwaito a abandonné les critiques de l’ancien régime pour célébrer l’optimisme des premières années post-apartheid, et l’espoir de la réussite sociale et de l’abondance matérielle. Parmi les expressions de cet enthousiasme figuraient la célébration de la vie superficielle de la jet-set, des signes extérieurs de richesse, de la fête permanente et des plaisirs de la chair. Tout cela a contribué à donner au genre une réputation de frivolité, de tape-à-l'œil et de sexisme.

Si une partie du répertoire pèche en ce sens, on doit toutefois aussi pointer les apports positifs du kwaito. Il a notamment permis de construire une industrie musicale noire, proprement sud-africaine, et permis l’éclosion de nombreux artistes. Il est devenu la musique de référence pour la jeune génération et a servi de point de départ pour de nombreux genres nouveaux par la suite. Malgré le sexisme avéré du milieu musical sud-africain, dominé comme dans le reste du monde par une majorité d’hommes, une génération de femmes s’est emparée du kwaito pour en faire une musique de revendication. Là où auparavant elles étaient objectivées par un regard masculin, elles ont utilisé leur carrière musicale pour se réapproprier leur corps et leur image. Aux pionnières Lebo Mathosa et Yolanda Veerajoo, échappées en solo du groupe Boom Shaka, se sont ajoutés les groupes Trompies, Abashante ou Ghetto Luv.


Texte: Benoit Deuxant

Crédit photo: Boom Shaka, photo promotionnelle

Classé dans

En lien