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Focus

Laboratoire du futur

remy hans

atelier, imaginaire, récits, laboratoire, antémonde, Haraka

publié le par Yannick Hustache

Fabriquer des imaginaires enthousiastes et critiques

Haraka

France, 2018, paraît un drôle de petit livre, un petit livre jaune : Bâtir Aussi, Fragments d’un monde révolutionné*. C’est un ouvrage collectif, réalisé par Les Ateliers de l’Antémonde, derrière lesquels on retrouve un regroupement de personnes engagées dans des luttes anticapitalistes et féministes.

Le livre compile une série de nouvelles d’anticipation qui toutes ont pour point de départ l’année 2011, où, dans la foulée des printemps arabes, d’autres révoltes spontanées déclenchent un embrasement généralisé du « Monde ». L’aube d’une nouvelle ère, celle de l’Haraka. Celle qui survient après « l’Antémonde », où « Les productions industrielles, les États et toutes les hiérarchies vacillent. Des dynamiques populaires s’entrechoquent pour répondre aux nécessités de la survie et dessiner un futur habitable. »

Dix années plus tard, en 2021, des communes libres s’épanouissent sur les débris de l’ancien monde. Dans ces sept récits plutôt courts et indépendants les uns des autres, qui essaient d’imaginer les contours habitables d’un (des) futur(s) après un effondrement civilisationnel, on se projette dans l’ère de l’après, on tente de (re)trouver/inventer les gestes d’un quotidien - sans ou presque – énergies fossiles, dans des communautés locales nouvelles, profondément redéfinies sur leurs bases. Des rapports sociaux et quotidiens basés sur l’altérité, l’égalité absolue des sexes et personnes, l’absence de hiérarchie, le partage des tâches, la codécision/(é)co-construction. Des microsociétés qui ont tiré un bilan raisonné des savoirs, acquis et technologies/techniques de l’avant Haraka que l’on va choisir de conserver en fonction des ressources disponibles et des rêves qu’elles vont tenter de concrétiser…

Des ateliers en France, Suisse, Belgique…

À compter de 2020 (au moment où le confinement s’est généralisé), des Ateliers de l’Antémonde auront animé plus de 80 « laboratoires fictionnels ». On y prospecte, via les imaginaires des participants, les quotidiens de 2030 apaisés, au sortir de grandes catastrophes sociétales et vivant à présent dans un contexte de communautés autonomes en échanges. Sous la forme de jeux de rôles interactifs auxquels auront participé plus d’un millier de personnes au total. De mini-fictions inspirées, plurielles, où les trajectoires imaginaires individuelles se croisent et forment un tissu de fils narratifs aux motifs complexes.

En Belgique francophone, des associations telles Etopia ou Mycélium mettent en œuvre des ateliers de création et d’échange oral dans la lignée des précédents, mais en prenant en compte la nécessité de s’éloigner de récits exclusivement centrés sur le ressenti de classes aisées, blanches, hétérogenrés et à dominante masculine pour se laisser infuser par des imaginaires inspirés par des combats antiracistes, anticapitalistes, féministes, queer…

Les Ateliers à PointCulture. La genèse.

Corollaire à la thématique « Tout peut changer » de l'actuelle saison à PointCulture, l’idée de créer une dynamique de récits individuelle et collective et de l’impulser dans les différents centres fait suite à une expérience vécue par Frédérique Muller, responsable des projets environnement à PointCulture : « J’ai moi-même suivi un atelier de l’Antémonde 2016/17 quand je travaillais sur la brochure « Histoires pour une ville du futur ». Je me suis rendue à l’évidence que j’éprouvais les pires difficultés à me projeter dans un avenir désirable. De ce constat, dans les semaines qui ont suivi, je me suis posé la question de comment réinvestir le paysage que j’observais depuis la fenêtre du train, de la façon dont je m’y prendrais pour changer de regard sur lui, me le réapproprier et le réinvestir sur le plan matériel et imaginaire ».

En prenant acte aussi du caractère intrinsèquement collectif des ateliers : « Partir de soi, d’où l’on est dans l’imaginaire, en fonction du cadre posé, et que cela s’assemble dans un binôme que l’on crée durant un temps donné puis s’agencer autrement dans un autre binôme ». Et d’enclencher quelque chose de pas évident, d’imprévisible qui est presque de l’ordre du tissage.

Il demeure cette question essentielle du cadre et de la nécessité de développer des visions désirables du futur par-delà les termes d’utopie ou de dystopie, de positif ou de négatif, par trop usités. « Ce qui m’intéresse, c’est de savoir qui participe à cette écriture de l’avenir et qu’est-ce qu’on met en place comme processus pour que chacun puisse participer de manière collective à cet avenir dont on ne sait pas grand-chose. J’en conclus que ces ateliers ont eu un rôle de déclencheur. Ils sont au début d’un processus qui peut prendre une infinité de formes selon ce que l’on traverse, ses préoccupations, son travail… »

Tout peut changer !

Une question qui a rejailli quand PointCulture a lancé sa saison « Tout peut changer ». « Je me suis à nouveau posé la question du cadre à bâtir ensemble vu que PC voulait en faire un élément transversal qu’on retrouverait dans tous les centres. Des personnes se sont proposées dans les PC pour porter les projets mais je ne voyais pas comment ces personnes pouvaient mener ces ateliers dans les centres sans eux-mêmes avoir fait ce type d’expérience et conserver ce côté personnel, particulier, sans tenir un discours théorique total sur les récits du futur ». Garder en tête cette idée de tisser avec ce qu’on amène sur la table et tisser avec les autres.

Une première expérience d’atelier a été organisée sur le toit du Delta à Namur avec Delphine Masset d’Etopia et Julien Didier de Mycélium qui ont fait du chemin sur ces questions. « Le constat qui s’est dégagé de cette rencontre est la grande facilité avec laquelle les gens de PointCulture pouvaient mobiliser leurs référents culturels spécifiques. C’est avec cette fibre propre que l’on pourrait ouvrir un espace nouveau par rapport à ce qui a été fait précédemment ».

À PointCulture, le point de départ est comment collectivement réinvestir l’avenir avec l’idée d’en faire quelque chose de désirable. Un processus qui laisse place au changement autant sous l’action de facteurs internes parfois contradictoires que sous la pression de facteurs externes et à la co-construction. Comment développer des cadres et mécanismes pour échanger sur ces questions, donner la possibilité à chacun de s’exprimer.

Et Frédérique de conclure (et de passer le flambeau) : « Mon idée était de poser les choses sur la table, de laisser les choses arriver, que d’autres s’en emparent. À Bruxelles, on s’achemine vers un partenariat avec des écoles et j’ai fait appel à des personnes capables de donner une intention à ces ateliers, à les porter, telle Rachel Hoekendijk (ULB) qui va mener trois de ces ateliers dans une forme brève de 2h, et qui ne vise pas à délivrer un produit fini. Du coup, les ateliers ne seront pas labellisés Antémonde. L’un va partir d’une lecture, l’autre d’une expérience partagée et aller chacun dans des directions propres ».


Exemple à Louvain-La-Neuve

Au PointCulture LLN, les deux ateliers prennent la forme de mise en situation, une forme de jeu de rôles animés par Imagimonde en collaboration avec Sytra. Imagimonde est une asbl visant à promouvoir l'imaginaire dans notre environnement. Sytra s'occupe de documenter l'aspect dynamique de la transition.

https://etopia.be/
https://antemonde.org/

*Publié dans la collection Sorcières des éditions Cambourakis

Agenda dans les PointCulture

Ateliers laboratoires du futur

  • En avril au PC LLN (date à déterminer)
    Peau neuve à Louvain-la-Neuve : réinventer imaginaire ludique dans notre environnement
    Animé par l’Asbl Imagimonde en partenariat avec l’asbl Sytra

  • En mai au PC Charleroi (date à déterminer)
    Cave a Hope
    En partenariat avec la MJ Marcinelle ‘Charleroi District Jeunes’ et les Ateliers d’Oranne

(c) Rémy Hans

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