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Focus

INTERVIEW : Paul Metzger (2ème partie) – guitare-cymbale, spontaneous composition generator, etc.

Insolutherie, customisation/préparation, boîte, Dispositif mécanisé

publié le par Marie-Emily Nolens

Interview réalisée par e-mail par Philippe Delvosalle

Interview réalisée par e-mail par Philippe Delvosalle
août-septembre 2013

Paul Metzger, son banjo à vingt-trois cordes ainsi que son spontaneous music generator, seront pour 5 dates dans le réseau des PointCulture (Bruxelles, Liège, Charleroi, Ixelles, Huy) entre la mi-octobre 2013 et le tout début novembre 2013. Un entretien (par e-mail) avec un grand musicien aussi devenu un ami précieux. La mise au point d’un instrument et l’invention d’une musique comme leçons de vie et de modestie.

PARTIE 1 DE L’ENTRETIEN (RELATIVE AU BANJO MODIFIÉ)

2- LA GUITARE-CYMBALE

Clifford Allen du magazine Signal To Noise a écrit « sa guitare tient autant de Charlie Nothing que de Milford Graves ». Pour la dernière référence, celle au batteur Milford Graves, il se referait probablement autant à l’aspect « peinturluré » de ta guitare qu’à sa nature percussive (e.a. via l’ajout de la cymbale)… Pourrais-tu nous raconter l’histoire de ta guitare ? Quand ? Pourquoi ? Comment ?

J’ai eu la chance de partager une fois l’affiche avec Charlie Nothing (inventeur des guitares Dingulator) ici au Minnesota et j’ai beaucoup aimé ce qu’il faisait. Par contre je ne vois pas qui est Graves. Ma guitare a subi un nombre incalculable d’outrages. Je suis étonné qu’elle fonctionne toujours. Elle date des années 1970. Au cours des années, j’ai enlevé les frettes, lui ai placé une touche en métal, des cordes sympathiques et une cymbale à son extrémité. Je crois que je sens à l’aise de faire tout ce genre d’interventions parce qu’à l’origine mes instruments ne sont pas très « haut de gamme ». Je n’aime pas jouer sur de « bons » instruments avec lesquels il faut être précautionneux. Parfois mon jeu est assez dur et j’utilise des pierres à aiguiser ou du métal sur les cordes. Pour moi le son produit compte plus que tout et l’instrument ne peut être chaperonné ou surprotégé.

Comme tu l’as dit, ta guitare comporte aussi des cordes sympathiques… Mais aussi des boites à musique, ce qui nous fait immédiatement penser à ton troisième instrument :

3- LE « SPONTANEOUS COMPOSITION GENERATOR »

Peux-tu présenter cet instrument? Comment-il est conçu? Quand tu as commence à y travailler? Ce que tu cherchais quand tu as commence à expérimenter avec les boites à musique? Etc.

J’aime le son des petits moteurs à ressorts, ceux qu’on remonte à la main. J’aime les petits gadgets. Les boites à musique sont comme des pianos mécaniques qui tiendraient dans la paume de notre main ! On peut les manipuler d’un nombre infini de façons et les combiner pour créer des mélodies, des harmonies et des rythmes uniques. J’ai commencé par en rajouter deux à ma guitare, comme une sorte d’unité d’accompagnement par rapport à laquelle mon jeu de guitare pouvait réagir. Elles créent des phrases et des motifs surprenants sur la base desquels je peux construire. A partir de là, il n’a pas fallu très longtemps pour que j’en installe une bonne vingtaine dans une ancienne boite en bois de peintre et que je les utilise comme instrument solo, à part entière.

Il y a quelque chose dans le nom de l’instrument (et dans le nom du morceau « Compositionem Automaton » sur la compilation Okraïna) qui suggère une sorte de relation à priori étonnante entre Composition (on pense « choix », « décisions », etc.) et Spontaneous Generation (où l’on pense à quelque chose qui ne demande ni choix, ni compositeur, etc.). La nature profonde de cette boîte est-elle justement de se retrouver dans cet étrange no man’s land ?

Absolument. C’est une machinerie automatique qui produit des compositions uniques quand ses ressorts sont remontés. On y trouve aussi des éléments (comme des élastiques tendus entre les clés de remontage) sur lesquels je joue. La tension dans l’élastique change et quand celui-ci est pincé, la note produite est imprévisible.

Dans un article récent dans The Wire, Byron Coley a fait référence à ton instrument comme « un dispositif électronique fait maison ». Est-ce significatif que beaucoup de gens, lorsqu’ils en entendent le son sans le voir, pensent entendre un instrument électronique plutôt qu’un instrument mécanique / amplifié ?

J’aime quand ce genre d’erreurs de perception survient en musique. Je le prends comme un très beau compliment. Pour moi, le son est primordial et les faits sont secondaires. En ville, on peut parfois entendre des machines dont le son sonne si beau, si irrésistible, si composé, si intentionnel. Lorsque quelqu’un entend des sons électroniques émanant d’un dispositif acoustique, je crois qu’un petit quelque chose de beau, de magique, est en train de se produire.

Connais-tu les laptops acoustiques du musicien / artiste norvégien Tore Honoré Bøe ? Ils ont quelque chose qui me rappelle tes boites de peintre modifiées… Et elles seront exposées au PointCulture Bruxelles quand tu joueras là-bas en octobre !

Je ne les connaissais pas. Mais après avoir cliqué sur le lien, je vois les similarités, même si elles sont beaucoup plus belles et raffinées que ma boîte de peintre. Et en les écoutant, je comprends très bien leurs sons. J’adore le monde caché des petits sons quasi imperceptibles qu’on amplifie. C’est comme regarder une image au microscope électronique.

4- UN « WATERPHONE » ?

Le « Waterphone » que tu utilises parfois est-il un instrument que tu as acheté ou construit ?

Je l’ai construit après avoir vu un épisode de la série télévisée pour enfants Mister Roger’s Neighborhood dans lequel il recevait un invité qui jouait de cet instrument. Je n’avais jamais rien entendu qui sonnait comme ça auparavant. À cette époque d’avant Internet, je n’ai pu retrouver exactement de quel instrument il s’agissait. J’ai juste pu essayer de me souvenir le mieux possible de ce que j’avais vu et entendu et de reconstruire l’instrument de mémoire.


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