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Focus

Faire monde avec la "Frontière de vie" de Sarayaku

sarayaku

nature, environnement, forêt, biodiversité, luttes paysannes, luttes, luttes écologiques, écologie décoloniale

publié le par Frédérique Muller

Les forêts tropicales sont victimes d’une exploitation massive qui entraine destruction de la biodiversité, changements climatiques, extermination des peuples autochtones et disparition de cultures et de rapports au vivant qui, s’ils étaient respectés, permettraient à un monde uniformisé et destructeur de devenir un monde fait de plusieurs mondes, diversifié et résilient. Les jeunes marcheurs de Youth for Climate, associés à des réalisateurs et artistes belges et à des représentants de Sarayaku, ont rédigé un livret illustré, diffusé dans le réseau PointCulture, pour lancer un appel autour du projet Frontière de vie.

Sommaire

Faire monde

La forêt est considérée comme un ensemble de ressources à exploiter, selon un modèle colonial et productiviste du monde. Préserver les forêts tropicales et les peuples qui y vivent, c’est préserver la diversité. C’est cesser de tendre à l’uniformisation coercitive du monde. Il y a, au cœur de ces forêts, des savoirs, des pratiques, des liens qui lient humains et non-humains que l’Occident a oubliés, méprisés et détruits. Laisser ces mondes de la forêt exister, c’est reconnaitre que le rapport au vivant occidental est un discours, qu’il en existe d’autres, qu’il peut évoluer, que les catégories binaires qui nous sont si familières en Europe, nature/culture, rationnel/irrationnel, corps/esprit, sauvage/civilisé, humain/non-humain, etc., et les conceptions de vie en groupe, de structure familiale, de sens à l’existence, sont des productions culturelles. Il ne s’agit pas tant de s’inspirer que d’interroger les définitions, de revisiter l’histoire, de renouer avec une approche sensible, de respecter les mondes, afin de construire des récits et des stratégies de transition vers des modèles de vie sociale et de rapport à la nature moins destructeurs que ceux qui prévalent aujourd’hui.

Le réchauffement climatique ou la pandémie actuelle sont des conséquences visibles d’une même ontologie, dont Arturo Escobar décrit les fondements : individualisme, croyance en la science, en l’économie et en la réalité, incarnés dans une volonté expansionniste de développement à l’échelle planétaire. Dans son livre « Sentir-penser la terre », il invite à une approche décoloniale pour adopter une ontologie relationnelle et « pluriverselle ». Il s’agit de « reconnaitre que le monde est un flux changeant de formes et de pratiques, une multiplicité de mondes, autrement dit, un plurivers ».

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Le chemin de fleurs

Ce sont des millions d’hectares de forêt tropicale qui sont rasés chaque année. Les peuples vivant dans ces forêts sont les premiers touchés. Beaucoup ont déjà disparu. Nombreux sont ceux qui luttent pour leur territoire et leur culture, souvent au prix de leur vie.

Sarayaku est un village d’environ 1 400 habitants qui vit de façon traditionnelle, de chasse, de pêche, d’agriculture et d’élevage, au cœur de l’Amazonie équatorienne. Il dépend entièrement de la forêt et utilise les plantes pour un usage alimentaire, médicinal, ornemental, rituel et construit en bois les maisons, les pirogues et les outils.

Le peuple kichwa de Sarayaku est en lutte depuis 50 ans. Face à l’indifférence, il crée un projet, inspiré de la vision des anciens, mis en place par les hommes et femmes adultes et laissé en héritage aux plus jeunes : une frontière d’arbres à fleurs, sous forme de cercles, sur plus de 300 kilomètres. En grandissant, cette frontière colorée sera visible du ciel. Une frontière fragile, poétique et puissante à la fois, enracinée dans la terre et le cœur de celles et ceux qui en prennent soin. Les premiers arbres sont plantés en 2006. Depuis, d’autres ont suivi et le projet se poursuit. Depuis lors, une centaine de kilomètres de grands cercles d'arbres à fleurs de couleurs a été plantée sur le pourtour du territoire de Sarayaku.

En français, nous l’appelons « frontière » mais les Kichwas l’appellent « Sisa nambi », le grand chemin vivant de fleurs. Ce chemin doit protéger la terre et les savoirs de la communauté. Il est possible de soutenir le village et l’association Atayak, dépositaire du projet international. Composée d’une trentaine d’habitant·e·s de Sarayaku, cette association travaille en coordination avec des associations nationales à l’étranger, dont Frontière de Vie en Belgique et Paroles de Nature en France. D’autres associations ainsi que des artistes apportent par ailleurs leur soutien, de différentes manières.

Lien vers le site : http://www.frontieredevie.net/www/wordpress/

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Le livret « La Forêt vivante de Sarayaku »

Pour présenter le projet, Frontière de vie et Youth for Climate se sont associés pour publier un livret illustré. Il présente le projet du « Chemin de fleurs » et raconte la rencontre, il y a un an, entre des jeunes marcheuses pour le climat : Adélaïde Charlier et Anuna De Wever et les communautés du fleuve Xingu (dont Raoni) au Brésil.

Le livret est disponible dans tous les PointCulture.

Jacques Dochamps, président de "Frontière de Vie - Belgique", raconte :

En 2019, frappé par le dynamisme des "marches pour le climat" des jeunes belges, j'avais très envie de rencontrer Adélaïde Charlier pour lui parler de nos amis amazoniens. Ayant trouvé son mail, j'appris qu'elle venait de... partir pour l'Amazonie ! À ce moment, Greta Thunberg rencontrait les chefs spirituels indiens d'Amérique du Nord et du Canada. Puis les 30 jeunes européens partis avec Adélaïde pénétraient la plus grande forêt du monde et y rencontraient les peuples du fleuve Xingu.

Tout cela était assez incroyable. Dés leur retour, Adélaïde accepta de me rencontrer à Namur. Nous avons vite compris que la vision du monde des jeunes marcheurs et celle des peuples autochtones étaient parfaitement proches et compatibles.

L'idée naquit d'écrire un livret autour de cette union. Nous l'avons voulu aussi simple, beau et direct que possible. Il a été approuvé par nos amis de Sarayaku."

sarayaky et adelaide

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