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Focus

Entre photos et eau de mer, "Sans nom", l'œuvre interpellante de Sofhie Mavroudis

"Sans Nom" - Sofhie Mavroudis, 2019
En mai dernier, Sofhie Mavroudis remportait le Prix artistique international de la ville de Tournai en présentant une œuvre qui se distingue de sa production habituelle : un mur de commémoration affichant, par une esthétique harmonieuse, l’une des conséquences désastreuses de la traversée de la Méditerranée par les migrants.
L’individu, son devenir, sa construction mentale, son rapport avec le monde extérieur mais aussi avec lui-même, est au cœur de mes réflexions. Ces questionnements sont le ciment de mes recherches artistiques. Je recherche le moment où la sculpture questionne, interpelle celui qui la regarde et le met en relation avec sa propre existence. — Sofhie Mavroudis

Aux yeux de Sofhie Mavroudis, l’art n’est certainement pas récréatif, il est l’expression d’une réflexion constante sur la complexité de l’existence. À travers la matière et une esthétique du bizarre, elle explore l’intangible et sonde les profondeurs de l’être humain en abordant des sujets comme le deuil, le corps, les relations humaines ou encore l’angoisse. Tous participent à la noirceur qui émane de sa production. En choisissant la question migratoire, enjeu planétaire de ce XXIème siècle, la sculptrice poursuit son cheminement avec cohérence en nous plongeant, une fois de plus, dans une atmosphère troublante.

Pourtant moins étrange que ses sculptures en bas nylon et mousse de polyuréthane ou encore de ses longs tubes de tissu remplis de sable, l’installation Sans Nom met tout aussi mal à l’aise le spectateur qui la regarde. Au pied du mur, nous voilà face à deux-cent-vingt petits sachets en plastique gonflés par de l’eau de mer. Ils contiennent chacun une image du visage d’une jeune âme humaine disparue durant la traversée ou sur le sol européen. Leur identité a été réduite à un numéro qui est probablement la seule trace que nous garderons de ces visages voués à disparaître, effacés par l’eau et le temps.

Le rythme cadencé de la composition ainsi que le mur comme support convoquent l’imaginaire. On se souvient des photographies des prisonniers d’Auschwitz affichées à présent aux murs dans le camp de concentration en guise d’hommage et de souvenir. Elles pointent l’ampleur du désastre et, si elles peuvent nous émouvoir aux larmes, elles ont aussi le pouvoir d’inspirer un sentiment de dégoût profond pour les coupables de ce terrible génocide. Face au mur de Sofhie Mavroudis, le ressenti est potentiellement plus complexe et bouleversant, puisque l’on porte tous, en quelque sorte, le poids de la culpabilité.

In fine, Sofhie Mavroudis parvient à son intention d’artiste : interpeller le spectateur et « le mettre en relation avec sa propre existence ».

le magazine cover










Alicia Hernandez-Dispaux
(article paru à l'origine dans Le Magazine n°1 - septembre 2019)


Dans le cadre de la saison Migrer, Sans nom sera exposé :

Du mercredi 13 novembre au samedi 16 novembre 2019

PointCulture Bruxelles (au sein de la programmation Féministe toi-même 2019)

et


Du 11 décembre 2019 au 12 janvier 2020

PointCulture Namur


Sofhie Mavroudis présente aussi, en parallèle :


Le Silence des hirondelles

Du samedi 16 novembre au dimanche 15 décembre 2019

Galerie TRE-A– 10 rue des Sœurs grises – 7000 Mons


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