Compte Search Menu

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies permettant d’améliorer le contenu de notre site, la réalisation de statistiques de visites, le choix de vos préférences et/ou la gestion de votre compte utilisateur. En savoir plus

Accepter
Focus

Des sans-papiers et de quelques-uns de leurs combats

Mary Jimenez - Heros sans visage.jpg
La détresse qui plonge aujourd’hui des sans-papiers à pousser leurs corps jusqu’aux extrêmes limites de la résistance, est une triste répétition d'autres grèves de la faim qui eurent lieu dans l’église du Béguinage (et ailleurs) ces vingt dernières années, et la manifestation dramatique d’une situation d’attente, longue et incertaine pour beaucoup d’entre eux… qui se passe (trop souvent) dans le silence.

Sommaire

Sans-papiers et sans statut légal, leurs corps, seuls éléments encore tangibles dans le no man’s land social et administratif dans lequel ils se trouvent, semblent être leurs derniers remparts ou leurs dernières armes (létales pour eux-mêmes) pour se faire entendre et exister.

Derrière l’expression anonyme « sans-papiers », il y a pourtant des personnes qui vivent, respirent, pensent, ressentent. Toutes sont uniques, ont une histoire et une mémoire, et toutes méritent notre attention. S’il est très hasardeux – et déplacé – de parler à leur place, certains films documentaires, par leur démarche et leur longue proximité avec des personnes en attente de régularisation de leur statut (et d’une issue possible pour intégrer une vie sociale digne), ont tenté d’apporter quelques éléments de compréhension sur ce qu’elles vivent, montrant leur désarroi, leur colère, leurs désirs, ou leur combat.

Pour vivre 01.png

Image extraite du film Pour vivre, j'ai laissé.

Pour vivre, j'ai laissé (2004 - 30 min)

En septembre 2004, trois femmes cinéastes – Bénédicte Liénard, Güldem Durmaz et Valérie Vanhoutvinck – rencontrent un groupe de demandeurs d’asile au Petit-Château (Bruxelles-centre). L’occasion est donnée à ces derniers de s’emparer de la caméra ; ils filment leur intimité, leur lieu de vie et d’attente dans ce centre pour réfugiés. La mise en scène de leurs récits, leurs espoirs, leur colère aussi, transforment la nature de cet « exercice d’atelier ».

« Né d’une démarche militante, concrétisé sous la forme d’un atelier vidéo, le film Pour vivre, j’ai laissé (2004) est avant tout un acte cinématographique brut qui transcende la dynamique habituelle d’atelier pour accéder, enfin, au cinéma. Car bien au-delà du récit de vie, du constat et du témoignage, le film travaille une autre dimension, celle du lien, de l’écoute, du « nous-ici-ensemble ». Et par un subtil jeu de miroirs, il questionne enfin les frontières de notre regard sur les demandeurs d’asile, et pose la limite de la compréhension du monde à travers l’unique lorgnette de l’image brute du réel. » — Javier Packer-Comyn

Héros sans visage (2011 - 60 min)

Quelques années plus tard, non loin du Petit-Château, on retrouve l’une des trois cinéastes – Bénédicte Liénard – comme opératrice image d’un film réalisé par Mary Jiménez, Héros sans visage (2011). Conçu comme un triptyque – trois lieux, trois moments d’une lutte pour la survie – le film s’ouvre à Bruxelles, dans l’église du Béguinage. En 2009, des réfugiés entament une grève de la faim pour obtenir des papiers (comme d’autres réfugiés l’avaient fait dix ans plus tôt, dans cette même église ; voir Cent Jours au Béguinage, 2001).

Héros visage 04.png

Image extraite du film Héros sans visage de Mary Jiménez

Pour briser la monotonie de leur attente, la cinéaste les photographie, un à un. Au bout de 56 jours de grève, ils obtiennent gain de cause.

Le titre du film fait référence à un homme mort quelques semaines après la grève de la faim. À travers cette personne dont la réalisatrice, de retour de la morgue, n’a retrouvé aucune trace parmi ses photographies, le film tente en quelque sorte de réparer une absence. À défaut de visages, la cinéaste entend donner une voix à ces hommes et ces femmes désespérés, en portant leurs récits à l’écran, en les incarnant par tous les moyens dont elle dispose : photos, images filmées, films empruntés à des migrants (et tournés sur leurs téléphones mobiles), prises de son direct et travail sur les ambiances sonores, intertitres avec commentaires de la cinéaste, etc.

Héros visage 01.png

Image extraite de Héros sans visage (à partir d'images tournées sur un téléphone portable)

Jouant sur le singulier et le pluriel de « héros », le titre du film renvoie aussi à une revendication légitime de personnes en attente de régularisation de leur situation et de « reconnaissance », comme celle, « imagée » et citée par un groupe de réfugiés dans Cent Jours au Béguinage : « Nous voulons un visage ! »

Cent Jours au Béguinage (2001 - 52 min)

Le film de Roman Poznanski et Christophe Vancoppenolle est la chronique de l'occupation de l'église du Béguinage, à Bruxelles, par un groupe de sans-papiers, d'octobre 1998 à janvier 1999. De l'installation à l'évacuation des lieux, en passant par la grève de la faim entamée après un mois d'action, le document confronte les conditions difficiles de la vie quotidienne et les espoirs de ces hommes, femmes et enfants de voir leur statut régularisé. Particulièrement bien filmé et bien monté, le film permet de poser un regard rétrospectif sur la portée politique plus large de cette action.

Note : ce film ne se trouve pas en collection mais est disponible sur le site de La Plateforme (accessible aux enseignants et aux opérateurs culturels)


Pour aller plus loin... Le Diptyque afghan (2015) et Histoires d'attentes (2010)

Le Diptyque afghan (2015 - 2 x 46 min) est un documentaire sonore de Alain de Halleux et Carline Albert.

Le second « tableau », intitulé Les Gars du fond de l’église concerne plus particulièrement l'église du Béguinage à Bruxelles ; en novembre 2013, 450 Afghans occupent le lieu et demandent au gouvernement belge de reconnaître leur statut de réfugiés de guerre. Plus d’un an après, 40 hommes vivent encore au fond de l’église, oubliés des médias, et de la plupart des associations qui les soutenaient.

Histoires d'attentes (2010 - 37 min) est un atelier vidéo animé par Amir Borenstein, dans lequel des jeunes MENA (Mineurs étrangers non accompagnés), filment leur quotidien en une succession de moments intimes et touchants, racontant la réalité de ce lieu de passage qu’est le centre ouvert Fedasil de Neder-over-Heembeek.

Ce moyen métrage est également disponible sur le site de La Plateforme.


We Are Belgium Too

Des informations et des pistes de soutien supplémentaires aux sans-papiers à partir du site We Are Belgium Too

Une chaîne de vidéos de sensibilisation.

Appel au volontariat (médical ou non-médical)

Le site du CIRÉ (Coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers), qui travaille pour les droits des personnes exilées, avec ou sans titre de séjour.

Classé dans