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Focus

Cie Still Life | So Much FLESH !

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spectacle, Théâtre, rire, Wes Anderson, Théâtre Les Tanneurs, Flesh, David Cronenberg, Cie Still Life

publié le par Jean-Jacques Goffinon

Au menu, des chairs, fraîches ou pas. Des épidermes et leurs besoins de contacts, violents ou pas. Du rire décapant comme dénominateur commun, ironique ou sarcastique. Voilà les ingrédients majeurs qui constituent le corps du spectacle "Flesh". La Cie Still Life, connue pour son théâtre muet, n’a pas sa langue dans sa poche lorsqu’il s’agit de singer notre nécessité de se frotter les uns aux autres. Sur quatre plateaux consécutifs, finement ciselés, sont présentées des viandes qui se refroidissent, se malaxent, s’échauffent ou qui naissent au milieu des cendres avec humidité et fracas. Désopilant est ici un piètre mot, glaçant l’est tout autant !

À table !

À travers les quatre histoires courtes de cette nouvelle création, la chair est toujours tendre et elle se cuisine dans la solitude la plus complète. L’effet « pandémie » a fait sa popote dans les esprits et les écritures de la créatrice Sophie Linsmaux et du créateur Aurelio Mergola, mais pas que…
La solitude n’est pas due qu’à l’obligation des distances sociales et médicales. Elle est bien plus attelée à la condition de ces personnages, perdus dans un siècle angoissant, cherchant l’autre par une somme de subterfuges illusoires : la sonnerie du téléphone à laquelle on ne sait pas résister, la recherche la beauté plastique pour séduire, l’échappatoire dans le monde virtuel, le deuil pour rassembler la famille. Autant de maux exposés comme les stigmates d’une société où la communication simple n’est plus de mise. Ça vous dit quelque chose ?


Organismes

Même si, dans l’installation des rapports souvent incongrus, on sent l’influence loufoque du réalisateur Wes Anderson, chaque tableau apporte des espaces d’une vacuité étrange, traversés par des êtres qui vont jusqu’au paroxysme organique. Ce n’est pas sans rappeler certaines œuvres de David Cronenberg : organisme de l’histoire, organisme entre les corps et organisme comme matière. La poésie quant à elle n’est pas en reste, parfois dans la beauté froide d’une référence à la Pietà, parfois dans le pathétique du rapport amoureux. Le spectacle fait appel à tant de registres conjugués à la perfection qu’il en est magnifié, le travail esthétique largement à la hauteur de ce que la Cie Still Life a l’habitude de proposer.


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Si vous êtes vegan ou si vous allez voir Flesh avec l’intention de passer une soirée théâtrale au calme, un soir de pluie, détrompez-vous. Le spectacle savamment pimenté mélange les saveurs aigres, les sentiments noirs et l’humour acide sans trop se préoccuper de déranger, provoquer et critiquer. Sans mots mais avec une tonne de malices et d’intentions justifiées, la Cie Still Life emporte le public dans ses cavalcades loufoques. Un public fasciné, intrigué et pour sa plus grande joie mis à mal. Au sortir de l’ovation, on se dit que finalement de la viande, de l’entrée au dessert, ce n’est pas mal non plus.

Jean-Jacques Goffinon

FLESH
CIE STILL LIFE
15 - 26.02.2022
Théâtre les Tanneurs

Crédit Photo : Hubert Amiel

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