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Focus

Des arts de la scène toujours vivants

projet "li(b)re" - visuel
Malgré les restrictions qui ne leur permettent plus d’accueillir de public et de maintenir les représentations prévues, de nombreuses institutions culturelles qui, habituellement, proposent une programmation « vivante » ont décidé de maintenir une activité : certaines seulement en interne, permettant aux équipes artistiques de répéter et travailler leurs projets, d’autres en maintenant ou renouvelant un lien avec leurs publics et en se réinventant, intégrant ainsi les contraintes de ce qu’on appelle désormais le second confinement.

Sommaire

The show must go on… Enfin, surtout les répétitions !

Au Théâtre Varia ou au Théâtre national, les équipes sont majoritairement en télétravail, à l’exception du personnel indispensable sur place pour que les répétitions continuent et qu’une maintenance du bâtiment soit effectuée.

Au Théâtre national, les équipes travaillent sur L’Errance de l’hippocampe, de Jean-Michel d’Hoop et sur La Bombe humaine d’Eline Schumacher et Vincent Hennebicq, qui devaient normalement jouer début décembre, ainsi que sur un spectacle d’Ali et Hèdi Thabet programmé en 2021-2022.

Les répétitions des deux spectacles, dont les premières auraient dû avoir lieu ce 19 novembre au Varia, ont également été maintenues : Après les Troyennes de Claudio Bernardo et Dressing Room, un texte de François Emmanuel mis en scène par Guillemette Laurent avec Marie Bos.

Claudio Bernardo affirme la chance et l’importance d’avoir pu maintenir les répétitions et l’énergie que toute l’équipe y a insufflée :

Si nous étions restés à la maison et que nous n’avions pas ce théâtre et ce travail de répétition, alors nous serions dans une grande dépression. Les répétitions sont essentielles aux artistes, et quand nous répétons, nous sommes infatigables ! — C. B.

Dans ces circonstances se posent évidemment les questions de la réception et de la présence de corps humains dans un même espace, qui fonde l’expérience théâtrale.

C’est comme si la question de la répétition devenait ainsi primordiale et se plaçait avant celle de la création. (…) Il faut finir le spectacle, et en même temps on ne sait pas pour quand et pour qui. — Guillemette Laurent

Dressing Room sera reporté et joué pendant la saison 2021-22 du Varia. Une captation d’Après Les Troyennes a été réalisée par la RTBF pour que le spectacle puisse être diffusé sur Auvio.

Une connexion aux publics maintenue

Au Théâtre Les Tanneurs, les répétitions des spectacles continuent également en salle : Julien Carlier vient de finir la création de Dress Code qui sera finalement joué au mois de juin. La compagnie Still Life est également en répétition pour Showtime, qui sera reporté dans la saison à une date encore inconnue. La situation provoque des casse-têtes pour les équipes de production et d’administration qui essaient de jongler avec les reports et dont les calendriers et plannings ressemblent de plus en plus à un Tetris bien maîtrisé.

Situé au cœur du quartier des Marolles, la question du lien aux publics – et notamment aux publics de proximité – s’est posée historiquement aux Tanneurs.

Avec ce nouvel arrêt forcé des activités publiques du théâtre, le maintien du lien était un défi pour Mathilde Lesage, responsable des relations avec les publics, le quartier et les écoles. Afin de ne pas perdre la connexion précieuse qui a été tissée au fil des années avec les publics et les groupes de contacts privilégiés du théâtre et pour lutter contre l’isolement de chacun·e, elle a proposé aux artistes associé·e·s de réfléchir à des propositions dans cette optique.

Geneviève Damas, autrice et artiste associée, a saisi la balle au bond : elle a imaginé un atelier d’écriture en groupe et en ligne, sous forme de carnet d’explorateur·trice partant à l’aventure. En moins de deux jours, les inscriptions, limitées à 30 participant·e·s étaient déjà saturées, si bien qu’un deuxième groupe a été créé.

Je pense que ça répond à une vraie demande, à un besoin d’être en lien avec les autres, de rester connecté·e·s, mais aussi de faire des choses, d’être dans le concret, explique Geneviève Damas.

Je n’avais pas envie de travailler sur l’idée qu’on est enfermé·e·s, mais plutôt sortir de ça, je voulais essayer de voyager dans nos têtes. Ce type d’atelier permet d’ailleurs de vraies rencontres : on en apprend beaucoup les uns sur les autres, on découvre l’énergie des gens, leur univers fantasmagorique. — G. D.

Le pitch de départ de l’atelier sera donc : une nouvelle petite île s’est formée au cœur de l’océan suite à une éruption volcanique. Le groupe se transforme en un collectif de scientifiques et d’explorateurs·trices, qui va voyager à la découverte de cette île. S’inventer un double qui a la faculté de sortir de chez lui, de bouger, de faire des rencontres, de vivre des aventures, c’est aussi une manière de faire quelque chose : nos grands objectifs de cette année semblent tomber à l’eau, alors inventons de nouveaux objectifs, plus petits, différents, mais qui existent ! explique Geneviève Damas.

Après chaque atelier, chacun·e lira des extraits de son texte lors d’une rencontre virtuelle avec un groupe de participant·e·s avant de recevoir les consignes suivantes. Geneviève Damas assurera l’organisation collective de l’atelier mais également un suivi individuel avec des retours sur les textes de chacun·e.

L’idée est donc de passer par l’imagination et l’écriture pour maintenir un lien réel entre les personnes malgré la distance physique, et de créer, de faire, d’être dans le concret : un recueil des textes produits pendant cet atelier sera d’ailleurs publié sur le site du théâtre à la fin de l’expérience et l’idée de rassembler un corpus papier est déjà présente également.

Par ailleurs, Les Tanneurs ouvre ses portes aux plus jeunes qui, eux, sont encore autorisés à effectuer des activités de groupe. Plusieurs associations du quartier qui travaillent avec des enfants sont venues visiter le théâtre, un stage a été organisé pendant le congé de Toussaint avec les enfants du PCS Querelle, projet de cohésion sociale implanté dans le quartier. Un atelier avec des enfants de 6 à 12 ans autour du spectacle Dress Code va également avoir lieu.

Une programmation connectée et audible

À La Bellone, l’annulation forcée des résidences pendant le premier confinement avait déjà fait naître un désir de créer un espace en ligne d’édition, de publication, de relais d’initiatives citoyennes. Le programme de la rentrée avait été confié à des artistes et militant·e·s qui revenaient en cinq temps forts sur les préoccupations actuelles que le premier confinement avait particulièrement rendues visibles et mises en exergue : accès au logement, souveraineté alimentaire, enjeux écologique et question décoloniale. Cette série des I Am Worried a un pendant sonore : You Are Here, une enquête sonore de Chediah Leroij, qui est encore en cours. Tous les enregistrements de conférences, rencontres et séminaires sont disponibles à l’écoute sur le site de La Bellone.

Le projet Petit Milieu, de Mathilde Maillard est une expérience à faire en ligne, née dans le cadre du premier confinement au T2G à Genevilliers et programmée par La Bellone cette saison. Le public est invité à se connecter à une plateforme web (créée par Samuel Hackwill) sur laquelle il participera à une expérience entre jeu en ligne, forum et atelier d’écriture anonyme en direct. L’idée est de se connecter, se rassembler pour interroger de manière ludique notre rapport au travail, à l’espace, à l’argent, à l’organisation et pour partager nos représentations autour de ces sujets dans le contexte actuel, mais pas uniquement. Petit Milieu s’inscrit dans un projet de recherche et de réflexion plus large sur le rapport au travail, mené par Mathilde Maillard depuis plusieurs années : Club Travail.

Quatre dates sont prévues : 27 novembre, 11 décembre, 15 janvier et 12 février 2020 à 12h30 Informations et inscriptions.

De nouveaux espaces de créativité et de liberté

Li(b)re est un projet de lectures à voix haute en ligne, né durant le premier confinement, pour créer du lien et de l’échange culturel là où les programmations et les possibilités de rencontres culturelles vivantes étaient réduites à néant. À l’initiative de Taïla Onraedt, comédienne, chanteuse et metteuse en scène et de Camille Loiseau, travailleuse culturelle et libraire, le projet rassemble une fois par semaine six lecteurs·trices et une vingtaine de spectateurs·trices. Le projet s’est décliné de diverses manières depuis sa création : lecture de textes littéraires, d’écrits personnels ou de chansons et quelques sessions ont déjà eu lieu de visu, au Vecteur à Charleroi notamment, lorsque les circonstances sanitaires le permettaient.

La session de ce dimanche 23 novembre était une lecture de textes de théâtre, particulièrement poignante et chargée en émotions, durant laquelle les participant·e·s (comédien·ne·s ou non) ont récité entre autres Peter Handke, Angélica Liddell, Koltès et Marguerite Duras. On y pensait depuis longtemps et avec ce deuxième confinement, il fallait vraiment la faire, cette spéciale théâtre. On était vraiment face à une scène de théâtre, c’est vraiment étonnant, même sur Zoom il y a des émotions fortes qui surgissent. Il y avait quelque chose de très touchant de mener cette session-là aujourd’hui, une spéciale théâtre alors que les théâtres sont silencieux, symboliquement c’était puissant, rapporte Taïla Onraedt.

Les lectures de Li(b)re ont lieu chaque semaine, le dimanche soir à 19h. Toutes les informations sur les thématiques et les horaires ainsi que les inscriptions pour les lectures sont communiquées via la page Facebook du projet.

Juliette Mogenet

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