Lieu de diffusion pour films indépendants, contemporains, historiques ou expérimentaux, Le Nova (bien qu’imaginé éphémère lors de sa création) est devenu l’un des lieux internationaux incontournables pour les essayistes du 7ème art et leurs publics. Sa structure, basée sur le collectif et le bénévolat, constitue sans doute la raison pour laquelle il peut actuellement résister aux pertes engendrées par la crise. Mais pour combien de temps encore ? L’équipe entière nous répond.

- En plus de la fermeture complète de votre cinéma depuis le début du confinement, cette crise signifie aussi deux festivals avortés ?

- Cinéma Nova : Nous avons dû fermer le cinéma dès le vendredi 13 mars à minuit, soit en plein milieu du festival Offscreen, qui entamait son second week-end sur les trois prévus. Depuis, le volet est fermé, et aucune activité publique n'est possible avec le confinement.

Officiellement, le confinement est prolongé jusqu'au 3 mai, mais, en réalité, personne ne semble pouvoir dire quand il sera levé ni dans quelles conditions. Or, le Nova ne fonctionne pas comme un cinéma d'exploitation qui programme à échéance d'une semaine : nous préparons des programmations parfois plusieurs mois en amont, ce qui rend très complexe la question de notre réouverture.

- Est-ce possible de tout postposer ?

- Offscreen est un festival qui se prépare pendant quasiment toute l'année. Nous comptons si possible proposer une reprise partielle des films d'Offscreen dès que nous pourrons réouvrir, mais cela dépend de la date car d'autres programmations sont prévues et risquent d'être impactées. Au plus longtemps durera le confinement, au plus certaines activités devront être déplacées, rabotées, voire annulées.

Pour l'instant, nous tablons sur la période de juin, juillet et août, mais nous craignons que tous les évènements publics en Belgique ne sortent du confinement qu'en derniers mais aussi que certaines mesures de « distanciation sociale » restent en vigueur, ce qui est très complexe à gérer pour une salle de cinéma !

Le contenu de cette « programmation volante » est toujours en discussion, mais l'idée est d'y maintenir certains éléments des programmations qui étaient en cours ou à venir avant le confinement (Offscreen, PleinOPENair ; une « pause active » que nous avions aussi prévue...) et de les mélanger avec d'autres soirées ou évènements en lien direct avec les attentes/interrogations post-confinement.

- Les pertes financières seront-elles critiques pour votre structure ?

Et nous espérons que les pouvoirs publics aideront les lieux culturels à faire face. On sait d'ores et déjà que la Fédération Wallonie-Bruxelles a validé le principe d'un fonds de soutien, mais les montants et les modalités ne sont pas encore connus et ce n'est pas très étonnant, puisqu'il dépendra de la durée du confinement. Du côté de la Communauté flamande, nous n'avons encore rien entendu de tel. La Région bruxelloise propose une aide plafonnée à 4000 euros par structure, ce qui est très peu. Par ailleurs, que le secteur associatif culturel puisse en bénéficier n'est pas très clair.

- De nombreuses initiatives émanant du milieu culturel ont vu le jour, visant à venir en aide aux personnes les plus fragilisées par cette crise sanitaire. Vous aussi ?

- En tant que structure, nous n'avons pris actuellement aucune initiative pour venir en aide aux groupes fragilisés, même si, individuellement, certains d'entre nous l'ont fait. Nous restons cependant disponibles à toute demande (aucune ne nous est parvenue jusqu'ici). Pour l'instant, nos propres urgences, notre structure et manière de fonctionner nous empêchent de prendre de telles initiatives, que d'autres ont pu prendre du fait qu'ils étaient déjà, avant la pandémie, sur le front de ces aides sociales informelles, à l'instar du Steki à Saint-Gilles ou de La Cheminée à Forest.

- Est-ce que vous arrivez malgré tout à mettre à profit ce temps de confinement ?

- En avril, nous n'avions pas prévu d'ouverture publique car cette période était justement dévolue à des chantiers internes, en préparation depuis plusieurs mois. Du coup, nous sommes en train de réfléchir à la manière de maintenir certains chantiers de cette « pause active », malgré le confinement. Mais nous nous rendons compte que c'est très difficile.

> site du Cinéma Nova

propos recueillis par e-mail par Jean-Jacques Goffinon, avril 2020