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Focus

Aidan Salakhova, femme artiste à Namur

1Aidan Salakhova, Love, 2015, église Saint-Loup, Namur, 2017, courtesy de l’artiste et Wetterling Gallery, Stockholm© Vincent Everarts

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publié le par Alicia Hernandez-Dispaux

Pour la première fois en Belgique, l’artiste Aidan Salakhova présente ses sculptures dans le cadre de l’exposition « Vices et vertus » proposée par le Service de la Culture de la Province de Namur.


Pour une apologie du regard féminin à travers l'art

Vendredi dernier, la Province de Namur a verni en nombre sa nouvelle exposition « Vices et vertus». Cela faisait cinq années que le TreM.a, le Musée Félicien Rops et le Service des arts plastiques de la Province de Namur ne s’étaient plus associés autour d’une exposition commune. Le résultat est convaincant puisque la ville semble à présent marcher en cadence avec cet évènement d’ampleur qui souligne le dynamisme culturel de la Capitale wallonne.

Particulièrement, le Service provincial des arts plastiques se fait une fois de plus remarquer par son audace en proposant une vision en marge de l’histoire de l’art habituelle.  Après les « Poupées et les tabous dans l’art contemporain », c’est au tour de l’artiste russe et azérie Aidan Salakhova de nous suggérer un angle de vue divergeant du modèle patriarcal sur lequel repose l’histoire de l’art occidentale. C’est ainsi que l’on peut s’interroger sur la réception du spectateur qui découvrira pour la première fois les sculptures exposées dans l’Église Saint-Loup. D’aucuns passeront à côté en pensant qu’elles appartiennent à leur lieu d’accueil. C’est que l’harmonie entre les sculptures et l’église opère d’une telle façon qu’elle réussirait presque à gommer le caractère à part entière des œuvres présentées, les faisant basculer du statut d’œuvre singulière à celui d’œuvre plurielle, presque immersive. Car le lieu sacré qui les abrite est un joyau de l’architecture baroque et Aidan Salakhova a même été jusqu’à créer une sculpture qui lui est spécialement destinée. D’autres visiteurs en revanche, se laisseront submerger par les forces ambivalentes typiques du travail de la sculptrice, qui applique à merveille la méthode du doute cartésien pour questionner le regardeur.

3Aidan Salakhova, She, 2016, église Saint-Loup, Namur, 2017,  Studio Michelangelo, courtesy de l'artiste© Vincent EverartsSublimer le principe même d’existence de toute œuvre d’art, entendu comme le mouvement de réciprocité entre l’objet d’art et le spectateur est, d’une certaine façon, l’une des clés de voûte du langage artistique d’Aidan Salakhova, bien qu’elle mette en scène un regard en particulier, celui de la femme. Ce privilège qu’elle lui accorde ne relève pas d’un acte féministe, disons plutôt qu’il est engendré par le simple fait de l’identité de genre à laquelle l’artiste appartient. Cette vision féminine est également perceptible lorsque l’on s’aperçoit que, dans la plupart des cas, Aidan Salakhova n’hésite pas à représenter le corps de l’homme alors qu’elle choisit de ne figurer la présence féminine qu’à travers la suggestion (par le voile, élément iconographique central de sa démarche ou encore par le titre de l’œuvre).

Reste à comprendre comment Aidan Salakhova parvient à s’insérer dans la thématique de l’exposition, car son travail semble moins explicite sur le sujet que les œuvres présentées dans les deux autres lieux consacrés, pour l’un, à l’évolution de la représentation du vice et de la vertu du Moyen âge au 17e siècle et pour l’autre, à la rencontre entre les deux artistes belges qui rivalisent d’indécence : Félicien Rops et James Ensor. En vérité, le lien est subtil puisque les œuvres de marbre d’Aidan Salakhova réveillent nos sens et surprennent par leur sensualité. L’esthétique du drapé et du corps que nous livre la sculptrice nous emmène vers le chemin de la vertu tant la beauté qui s’en dégage ne peut être qu’associée au divin. Pourtant, elle nous rappelle aussi l’un des péchés les plus inspirants pour Rops et Ensor et pour bien d’autres artistes, celui-ci qui continue de fasciner autant qu’il ne répugne et qui renvoie au corps et aux plaisirs de la chair. Nous voilà donc confus devant la sélection d’Aidan Salakhova, relégués à notre nature humaine et perdus, à mi-chemin entre le vice et la vertu…


Alicia Hernandez-Dispaux


Photos
  • photo du haut : Aidan Salakhova, Love, 2015, église Saint-Loup, Namur, 2017, courtesy de l’artiste et Wetterling Gallery, Stockholm © Vincent Everarts  
  • photo en corps d'article : Aidan Salakhova, She, 2016, église Saint-Loup, Namur, 2017,  Studio Michelangelo, courtesy de l'artiste © Vincent Everarts


Exposition Vices et vertus
Namur - Jusqu'au 21 mai 2017

Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h
(le dimanche, l'église Saint-Loup est accessible uniquement de 13h à 18h)
Chaque lieu est ouvert en nocturne un jeudi par mois jusqu’à 20h.


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