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Focus

3 questions à Afrikadaa, musée des œuvres invisibles

Afrikadaa
Pascale Obolo est à l’origine de la structure Afrikadaa, une revue d’art contemporain, un laboratoire intellectuel et artistique qui a pour vocation de créer une dynamique de création à Paris et dans les territoires africains et "diasporique". Afrikadaa est aussi un outil-média pour une meilleure visibilité des œuvres, qui offre aux artistes la mise en place d’un processus "curatorial" et d’un espace de dynamisation, ouvert sur les expériences qui renforcent la place des artistes issues de l'Afrique et de la diaspora dans l’agenda artistique mondial.

 

- Pouvez-vous nous expliquer la genèse d’AFRIKADAA et son évolution tout au long des 11 numéros de la revue ?

Pascale Obolo : AFRIKADAA est une plate-forme, un laboratoire qui intègre la richesse d’une scène artistique émergente dont la production mérite visibilité et réflexion. La revue est un espace « curatorial» déterritorialisé où artistes et acteurs de la création contemporaine interrogent esthétique et éthique face aux enjeux majeurs de la mondialisation. AFRIKADAA place l’art contemporain dans une perspective de réflexion globale au-delà des géographies et des politiques culturelles et révèle à la conscience du monde l’artiste contemporain et sa modernité. L’approche éditoriale d’AFRIKADAA permet de créer une production critique pérenne qui archive la mémoire de l’histoire de l’art contemporain africain car il est temps pour nous d’être acteur de notre propre histoire, contribuant ainsi à la ré-invention des identités et espaces artistiques. Les identités des artistes et contributeurs de la revue se déplacent, se construisent ou se défont face aux déterminismes géopolitiques, aux conservatismes des institutions, aux quêtes et préjugés identitaires qui sont, comme l’affirme la philosophe Frieda Ekotto, « des serpents de mer », sujets au flottement, au glissement vers l’ailleurs, réfractaires aux définitions, qui permettent aux artistes et à leurs œuvres d’investir de nouveaux champs artistiques.

- Comment fonctionne le magazine ?

Créé en 2013, Afrikadaa, la revue d’art papier et digitale est gérée par un collectif d’artistes, commissaires, historiens d’art, activistes.  Chaque numéro présente un questionnement sur  l’art afro-caribéen en confrontation avec une thématique qui met en perspective la création africaine, en mélangeant diffèrent formats d ‘écritures universitaire, journalistique, conceptuelle. Depuis sa création , chaque publication  de la revue est accompagnée d’un «Acte éditorial live ». Cet acte consiste à exposer le contenu de la revue dans un espace d'art afin d'instaurer un dialogue avec le public et différents acteurs du monde de l'art. Afrikadaa montre, critique, établi un lien, une découverte , un dialogue entre  les artistes  et un public motivé composé de curieux,  d’amateurs d'art, de mécènes, de collectionneurs …..


afrikadaa


- Le nouveau numéro est consacré à la muséologie et fait suite à l’exposition « Museum ON/OFF ». Pouvez-vous nous décrire ce projet et son rapport à la revue ?

La publication Afrikadaa pensée comme un espace « curatorial », pour ce hors-série propose le concept de « Paper Museum » en résonance avec l'exposition « Museum ON/OFF » sur la thématique de re-penser/ré-inventer les musées en partenariat avec le centre Pompidou. Ce musée extrapolé par les artistes invités dans ce projet appelle d’un même mouvement à repenser l’acte éditorial et revoir la revue comme une extension éditoriale du musée actualisé retranscrit aussi bien par le texte, le son et l’image.

La revue pratique l’interaction entre textuel et « figural » en produisant des actes éditoriaux Live. C’est au cours de ses cycles de performances que s’expose la pensée d'Afrikadaa. Ce contenu de la publication, incarné par les oeuvres des artistes, dialogue avec des espaces d'art, installe des tribunes de discussion à la rencontre de tous les publics. C’est dans ce cadre que la revue investit le champ indéniablement politique de l'exposition, et contribue à décoloniser les imaginaires en les inventant. Invitée dans cette exposition pour une carte blanche du collectif Afrikadaa, l’artiste-commissaire Pascale Obolo proposa un musée fictionnel pour son intervention à la galerie 0. « Museum ON/OFF » constitue l’ouverture, en avant-première, de la Galerie 0. Espace prospectif, pensée comme un terrain inédit d’expérimentation pluridisciplinaire, elle fait de la périphérie du musée le centre de sa réflexion. Accrochages éphémères, performances et interventions diverses, transportent le musée dans une temporalité plus instantanée et flexible.

 
Ce « musée en cours de constitution » est activé en mode ON par les artistes, critiques collectifs, organismes indépendants ainsi que des spectateurs pour produire ensemble l’institution
nomade et provisoire de demain. Confrontant différents contextes géographiques (Europe centrale et de l’Est, Afrique, diasporas..) et temporels (musées disparus, abandonnés ou absents), allant du musée imaginaire à la réactivation d’utopies futuristes, cette performance ON/OFF cherche à promouvoir le musée comme une expérience continue de décentrement et de transformation. Au-delà des fonctions traditionnelles du musée occidental, il s’agit de favoriser l’oralité et le corps pour faire du musée de l’avenir une expérimentation partagée. Comment faire apparaître les oeuvres invisibles ? Des musées du future aux musées imaginaires, comment extrapoler les musées ? De la fonction à la fiction, comment projeter le musée vers l’ailleurs?

Avec la contribution des artistes, critiques, historiens, curateurs invités par la rédactrice en chef Pascale Obolo à provoquer le musée et sa muséologie, la revue d’art Afrikadaa appelle ces mêmes artistes avec d’autres contributeurs à pousser la revue hors d’elle-même avec ce hors- série. Le concept de « Paper Museum » permet aux artistes invités dans ce hors-série de réinventer des utopies, d’élaborer des récits communs, de remettre en cause la fonction du musée afin de déstabiliser les politiques culturelles, miroirs d’une société en perte de vitesse, nostalgique d’un passé glorieux. « Paper Museum », extension de la publication de ce hors-série d’Afrikadaa, est un espace d’émancipation et de liberté qui permet de résister contre le poids du déni d’une certaine histoire de l’art réservée à une élite.


Texte: Pascale Obolo
Propos recueillis par Benoit Deuxant

Plus d'informations sur le site d'Afrikadaa.

Le magazine Afrakadaa / Museum On/Off - Musée l'ont lieux
est disponible au PointCulture Bruxelles


(français /anglais
, 256 pages, 30 €)

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