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Critique

THING

publié le

A force de jouer avec les clins d’œil et clichés d’idiomes rock et electro solidement moqués, Trans Am a fini par être pris suffisamment au sérieux pour devenir tendance et (presque) hype lui-même !

trans amEn prenant pour nom de groupe un modèle de voiture sport de la marque Pontiac (1967-2002), lui-même dérivé du porte-étendard de la marque, la Firebird, Trans Am ne semblait pas vouloir afficher de références culturelles autres que celles, outrageusement visibles de la « beaufitude 80’s » chic et sans complexe. Dans sa présentation fuselage noir clinquant, l’ultime déclinaison de la gamme connut son heure de consécration télévisuelle via la série K2000, départ de bien des vocations auprès d’autant d’apprentis garçons coiffeurs que de chauffards du dimanche adeptes d’un esthétisme qui ne peut absolument pas laisser indifférent…

Pareil pour ce trio U.S. né non loin de la ville de Fugazi (Washington D.C.) à la fin des années (19)90 et qui, avec une régularité métronomique et un staff inchangé, publie tous ses disques sur un label de Chicago réputé (Thrill Jockey, qui fit connaître Tortoise), qui ont pour point commun de laisser l’auditeur lambda dubitatif et le thuriféraire des classements dans la plus absolue perplexité. Car voilà un groupe qui passe sans sourciller d’une plongée volontaire dans les failles d’un espace-temps où règnent sans partage les synthés d’épopées cosmiques en technicolor 70’s des Tangerine Dream et autre Boston, avant de ruer dans les brancards au titre suivant avec d’éreintantes branlées instrumentales (de guitares & basse) pour lesquelles le néologisme « proto-math rock » peut être convoqué. Et Trans-Am d’ajouter une couche en multipliant à l’envi les angles d’attaque de son rock à étiquettes instables par des inserts qui renvoient aussi bien à l’ex avant-garde teutonne des Kraftwerk et Can (les hymnes à froid synthétiques des premiers, la répétitivité magnifiée des seconds) qu’à une electro-wave cheap du début des années 80 (New Order, O.M.D) et ses mélopées binaires aussi naïves que touchantes. Des mélodies, comme débarquées d’antédiluviens jeux vidéo (pochette à l’appui) font leur apparition au quatrième long format (Futureworld), usent de voix systématiquement passées au vocoder, mais dont les effets « 5 minutes d’hélium et plus » par bouffées entières, tranchent avec les gentils couinements de canard popularisés par la French touch ou le R’N’B.

C’est que, derrière la déconne (en 2002, TA pastiche l’esthétisme boy band), le goût des mélanges musicaux contre-nature et la citation aux frontières du bon goût comme marque de fabrique, Trans Am a fini par construire son propre idiome, cohérent et visiblement pas encore cantonné à la redite malgré un léger coup de pompe à l’avant-dernier (Sex Change, 2007). Trop vieux, malins ou occupés - chacun des membres du bolide a évidemment ses extensions musicales parallèles ; Jonas Reinhardt, Publicist… - ou simplement pas concernés pour revendiquer une paternité quelconque au défilé des revivals saisonniers des « post electro 80’s machin » et « math truc rock »

Composé au départ pour être la B.O. d’un film (avorté) de science-fiction, Thing (2010), à l’instar de la créature extraterrestre du meilleur Carpenter (The Thing, 1982), Trans Am s’est encore fortifiée en absorbant des kilomètres d’emphase progressive pour le coup ramenés à des dimensions humainement raisonnables, et pousse aussi l’audace de faire rendre sa copie à Zombi et consort dans leur grand numéro d’excavation des sons (70’s) de l’âge d’or du cinéma horrifique. Au décompte des incongruités sympathiques, on relève un amalgame Parts & Labor/Klaus Schulze (« Heaven’s Gate »), un croisement Add N To (x)/Jean-Michel Jarre («Apparent Horizon») ou même un greffon Daft Punk (des tous débuts)/Liquid Liquid (« Naked Singularity »). Trans-délire le capot ouvert !

 

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