Le réalisateur Stéphane Krausz a suivi le lieutenant Masson et les cinquante élèves de l' É cole nationale de police de Sens pendant le stage de trois semaines qui les prépare à devenir des C.R.S. L'entraînement est rude et les méthodes du lieutenant très personnelles…
À 32 ans, l'instructeur, la moustache carrée et le cheveu ras, sait cultiver le cliché du C.R.S. Grande gueule, macho, démago, mais charismatique et sympathique aussi à sa manière, il a peu de temps pour faire de ses petits gars des « C.R.S. efficaces, compétents et solidaires ». Alors, entre blagues viriles et rigueur militaire, il se met en scène pour motiver, mobiliser et unir ses troupes. Face à lui, les stagiaires stoïques s'exercent à inhaler les gaz lacrymogènes, à manier le bouclier et la matraque, à donner des coups et à en recevoir, à contenir une foule, à affronter des manifestants. Chaque exercice se clôture à grands renforts de chants paillards et de cris pour souder le groupe. Ainsi, le « conditionnement » des élèves semble fonctionner et le lieutenant n'est pas peu fier du respect mêlé de crainte qu'il croit inspiré.
Les scènes d'entraînements sont ponctuées par des interviews de l'officier pendant lesquelles il lève un peu le voile sur ce stage pas comme les autres. Il explique comment il prépare ses cours et ses exercices, comment il faut cultiver - avec professionnalisme - l'image de brute épaisse collée au C.R.S, ainsi que les « grands » principes déontologiques des « combattants de l'ordre »… Édifiant !
Avec sa caméra, Stéphane Krausz observe la métamorphose des stagiaires et nous livre un portrait apologétique du lieutenant Masson. Ainsi son reportage, à la fois féroce et drôle, accroît notre aversion du C.R.S, mais suscite également une impression de malaise face aux humiliations consenties par les élèves, au culte béat de l'uniforme, au sadisme et à la vulgarité des instructeurs.
(Catherine Mathy, dép. Fiction Documentaire)