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Critique

Stormy Weather (Solveig Anspach)

Solveig Anspach - Stormy Weather

film, cinéma, santé mentale, psychiatrie, famille, Islande, Solveig Anspach

publié le par Pierre Coppee

Film aux images glacées où la mouvance des sentiments est traitée d'abord de façon tranchée, ensuite par petites touches distanciées et se termine sous un soleil pâle éclairant de face les deux femmes assises côte à côte…

Générique sur houle grise, vagues puissantes comme de forts aplats de peinture industrielle crachée au pistolet sur un mur de parpaings. Images filées de rues animées. Un service psychiatrique. Une patiente muette, le regard triste plein d'angoisse, lèvres tremblantes d'un cri qui ne veut pas sortir. Abandon. Solitude d'une femme dont personne ne connaît le nom. Cora, jeune médecin, est attirée par cette malade qui, elle ne le sait pas encore, va la conduire au-delà d'elle-même. Son identité découverte, Loa est renvoyée chez elle, sur l'île de Vestmannaeyjar (lieu de naissance de la réalisatrice), en Islande. Considérant qu'elle n'est pas guérie, Cora décide de la suivre pour comprendre ce qui a pu l'enclore dans cet impénétrable labyrinthe mental. L'Islande. La pluie mêlée de neige, le froid, la solitude, l'incompréhension suscitée par sa quête. Visite à l'unique clinique de l'île où un médecin devient son guide. Fondu au noir. La lumière, lentement va se faire. Ambiances de sirènes de bateaux, de ronflements de moteurs, de cris d'oiseaux marins, de l'obsédant roulement du ressac sur les récifs. Clarté bleutée de l'atmosphère, brouillards saturés d'embruns, rues mouillées, ambiance frissonnante. Loa, l'ex-patiente de Cora, a un enfant dont elle ne s'occupe pas, un mari qui boit d'ennui, une maison banale, et travaille comme tout le monde à l'usine de conditionnement du poisson. Première entrevue, mutisme réciproque. Visite d'un volcan avec le mari. Le vent est fort, l'incommunicabilité patente, la rupture consommée par une longue descente à pied vers le village à travers les scories. Le chemin qui mène à l'autre s'avère ardu. Cora se réfugie déboussolée chez le médecin, le seul avec lequel elle se sente un langage commun. Elle se rend à l'usine où Loa fait une crise qui la conduit nue dans une chambre froide et va essayer vainement de la faire fuir vers un ailleurs plus riche en perspectives. La fin est ambiguë : échec, succès, demi-succès ? En tout cas chacune s'est transformée au contact de l'autre, trouvant ainsi une certaine paix intérieure.

Film aux images glacées où la mouvance des sentiments est traitée d'abord de façon tranchée, ensuite par petites touches distanciées et se termine sous un soleil pâle éclairant de face les deux femmes assises côte à côte… Cora regagne seule son pays.

Il y a comme un goût de trop peu dans le déroulement de l'histoire et une impression de manque dans sa finition. Quelques naïvetés aussi, surtout quand Cora s'adresse à une Loa mutique en français et lui répète, excuse-moi, on ne s'est pas comprises ! Et puis décidément l'Islande au cinéma apparaît toujours sous un jour pas tellement folichon et, pour tout dire, sinistre. C'est humide, froid, neigeux, plombé à souhait et les gens ont l'air de bien s'y ennuyer avec leurs problèmes domestiques. Quel spleen ! Pour les touristes, à la bonne saison, la nature est si riche, si belle, si sauvage, si… accueillante !


Pierre Coppée
article écrit en avril 2006 pour le magazine À découvert



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The Sea, Baltasar Kormakur, VS1331 (DVD)
Noi Albinoi, Dagur Kari Petursson, VN4950 (DVD)

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