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Critique

EXTATIC MALANCÒNI

publié le

Le ciel et la terre

 

 

 

 

 

 

 

Le ciel et la terre

Il faut bien le dire, je me suis un peu fait avoir sur ce coup-là. Ça m’apprendra à avoir des idées préconçues. A l’origine de cette double chronique, d’abord, tout simplement, le temps: les deux albums sont arrivés quasiment en même temps à la Médiathèque. Sam Karpienia et son « Extatic Malanconi » arrivent avec tout ce qu’un « ex-Dupain » peut suggérer dans mon esprit. Première écoute attentive quand même – ce n’est pas Dupain : plus de ceci, moins de cela, je détaillerai le tout après, mais oui la tradition est présente et oui, il y a beaucoup plus que de simples inflexions rock sur cet album.

tahaD’où l’idée de coupler cet album avec le dernier arrivé de Rachid Taha. Après tout, mis à part « Diwan » et « Diwan 2 », très traditionnels, il a mis le rock à la casbah pendant plusieurs années, non? Et bien, cette fois-ci, non.

Avec son « Bonjour », il met un peu à l’eau tout mon projet de double chronique sur deux albums orientés rock et tradition avec personnalité forte et réappropriation personnelle et créative de celle-ci.  
Il a opéré un virage à, disons, 45 degrés, Rachid Taha avec son album qui parle d’amour et qui oscille bien plus entre tradition et chansons ou traditions et rythmiques pop qu’entre tradition et rock. Bien sûr, sa voix rauque et gutturale, sèche et assez incisive garde une tonalité rock, mais de là à parler de tendance rock, il y a un pas que je ne franchirai pas.

En attendant, avec ses chansons toutes simples – attention, il faut quand même tendre l’oreille, ces chansons «toutes simples» méritent plusieurs écoutes attentives si on veut en saisir tout le sel; leur structure est simple, la chanson se retient facilement mais la création est arrangée avec plein de petits détails – Rachid Taha nous emmène au ciel, non sans humour et avec une magistrale légèreté.

Pas le ciel mystique et sacré bien entendu, le ciel insouciant, parfois un peu kitsch des histoires d’amour. A ce propos, il n’y a pas à hésiter, la pochette de l’album, extrêmement rose et kitsch et souriante, ne nous trompe pas sur le contenu. Entre quelques morceaux « bien balancés » et rebondissants, on croise quelques ballades « à la française » dont les principaux ingrédients sont la guitare sèche et la voix et puis des morceaux d’inspiration plus traditionnelle, également de-ci, de-là, quelques inflexions hip-hop, et quand même un « Sélu » plus rock avec une section guitare-basse-batterie dominante. Rachid Taha ne gâche pas non plus son plaisir pour nous offrir deux petites « surprises » : un duo avec Gaëtan Roussel pour la chanson « Bonjour » et un second duo pour « It’s an Arabian Song », au niveau du texte, peut-être la chanson la moins légère de l’album.
En bref, un album joyeux qui se retrouve quasiment aux antipodes de l’album de Sam Karpienia. Bon, j’exagère un peu en disant « aux antipodes », il y a l’un ou l’autre point commun: ce socle de culture méditerranéenne, la liberté prise par rapport aux traditions mêlée au respect et à l’attachement pour celles-ci.

karpPour le reste, si l’album de Rachid Taha peut être qualifié de « céleste », celui de Sam Karpienia s’enracine dans la terre.
Puissant et massif, sombre et sauvage, il nous donne à voir des images qui semblent surgir d’un autre temps où les gens voyageaient à pied, où les éléments naturels imposaient leur loi. En arrière-fond, se laissent entrevoir des vieilles légendes, des rituels païens. Et la voix de Sam Karpienia s’impose au-dessus des instruments assénant ses paroles plus qu’elle ne les chante, profonde et grave.
Ici la musique se teinte fortement d’accents rock avec un tempo rythmique toujours un peu lent, sans jamais tomber dans la caricature. Le rock souligne ici à merveille les accents telluriques des morceaux.

Sam Karpienia semble vouloir repousser certaines limites de l’expression. Dans la force émise, surgit la sensation qu’il essayer encore et toujours plus d’exprimer quelque chose d’inexprimable. En ce sens, cet album a quelque chose de mystique, mais dans le sens d’une mystique païenne sans rien à voir avec une quelconque religiosité.
Deux albums donc, le ciel et la terre, qui d’une certaine manière se retrouvent assez complémentaires car comment apprécier le ciel à sa juste valeur si on n’a pas goûté à la terre, et vice-versa ?

 

Isabelle Delaby

 

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