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Critique

4 AMERICAN COMPOSERS

publié le

Un an après le succès de « The Draughtsman’s Contract », le réalisateur britannique Peter Greenaway s’est penché sur quatre compositeurs américains : Meredith Monk, Robert Ashley, John Cage et Philip Glass. Quatre documentaires passionnants sur l’art, […]

 

 

Un an après le succès de « The Draughtsman’s Contract », le réalisateur britannique Peter Greenaway s’est penché sur quatre compositeurs américains : Meredith Monk, Robert Ashley, John Cage et Philip Glass. Quatre documentaires passionnants sur l’art, la création… et l’art de la création !

 

Ce coffret édité par Les Films du Paradoxe regroupe quatre documentaires d’une heure tournés par Peter Greenaway en 1983. Un an après le succès de « The Draughtsman’s Contract » (et son abominable traduction française, « Meurtre dans un jardin anglais »), le réalisateur s’est penché sur une compositrice et trois compositeurs américains à travers des interviews et extraits de concerts et de performances. Le résultat, s’il reste sobre, est d’une efficacité épatante : Philip Glass et les musiciens de son Ensemble se livrent avec humour et simplicité, Robert Ashley et ses collaborateurs sont mis en scène sur plusieurs écrans de télévision, Meredith Monk parle avec passion de sa démarche artistique, tandis que John Cage revient carrément sur quarante ans de création musicale.

Bien que Peter Greenaway ait su rester discret et s’effacer derrière le propos, sa patte est néanmoins bien visible à plusieurs reprises: le montage des documentaires sur Robert Ashley et John Cage est inventif, pour ne pas dire «clipesque», et certaines prises de vue, notamment dans la recherche de symétrie, offrent un avant-goût de ce que le réalisateur britannique développera dans ses futures productions.

Le choix des compositeurs, quant à lui, offre un fantastique panorama de la musique contemporaine américaine ainsi qu’une porte d’entrée vers des genres qui ne semblent pas toujours immédiatement accessibles: le minimalisme de Philip Glass ouvre la danse, avec de longs extraits de concerts entrecoupés d’entretiens. Le compositeur fait preuve de beaucoup de recul et d’indulgence vis-à-vis d’un public puriste et exigeant. Conscient que sa musique en fatigue certains et en consterne d’autres, il offre ici une belle leçon d’autodérision, d’humilité et de témérité.

Robert Ashley présente son opéra télévisé « Perfect Lives ». S’inspirant de sa forme, Peter Greenaway n’hésite pas à faire un montage audacieux, alternant, comme pour Philip Glass, extraits de concerts et entretiens, avec néanmoins des effets visuels originaux (écrans cathodiques, apparition de mots, effets stroboscopiques). La voix de Robert Ashley se mêle à celles de ses acteurs, aux bandes enregistrées de Peter Gordon et au piano fou de « Blue » Gene Tyranny, et le propos n’est pas toujours facile à suivre: sous ses dehors souverains, Robert Ashley peut passer pour un foutriquet, même aux yeux de ses propres comédiens…

La touche-à-tout Meredith Monk revient, elle, sur son parcours créatif et sur plusieurs de ses œuvres vocales, chorégraphiques et audiovisuelles. Un voyage passionnant, tant elle parle de son travail avec détermination et un enthousiasme communicatif. Les longs monologues de l’artiste s’assortissent d’extraits de films, de ballets et de concerts qu’elle a réalisés seule ou en groupe.

Quant à John Cage, il a été suivi lors de la présentation de son « Musical Circus », soit douze œuvres musicales interprétées en deux heures (et parfois simultanément) dans une église désaffectée « en reconstruction » à l’occasion du 70e anniversaire du compositeur. Revenant sur 40 ans de carrière, John Cage se dévoile avec sensibilité, livrant analyses, anecdotes et pistes de réflexion pour mieux comprendre son travail. Peter Greenaway y va même d’un petit clin d’œil à son compositeur fétiche, Michael Nyman, que l’on voit au piano lors de cette drôle de performance.

Équilibrant à la perfection les temps d’image et de parole, Peter Greenaway est parvenu à faire de ces quatre documentaires exemplaires de véritables leçons de musique et d’écoute.

Catherine Thieron

Selec

 

 

 

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