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Critique

AMER BÉTON

Amer béton

ville, anime, ville au cinéma, ville de demain

publié le par Michael Avenia

Amer Béton est un anime en 2D/3D narrant les aventures des chats, Blanc et Noir (Shiro et Kuro dans la version originale), deux orphelins qui règnent sur Trésor ville.

Blanc, le cadet, est un garçon innocent et lunaire. Son frère apparaît à l’inverse comme dur et désabusé. Mais l’arrivée de puissants Yakuzas va ébranler le fragile équilibre qui s’était établit entre les deux garçons.

Force est de constater que cet anime a de quoi décontenancer ; le graphisme se situe très loin des standards de l’animation japonaise. Les couleurs sont moins criardes et les traits plus anguleux qu’à l’accoutumée. Au-delà de cette simple constatation formelle, ce qui interpelle surtout c’est la cruauté du récit ; ancré dans une rigueur scénaristique des plus dramatiques, les différents protagonistes, chacun mû par ses aspirations profondes, se mêlent, se démêlent et se déchirent à la recherche d’un bonheur illusoire et aseptisé.

A l’instar du manga dont il est adapté, Amer Béton se révèle une œuvre aux différents niveaux de lecture. Tout est y question d’équilibre (ou de déséquilibre) entre les forces qui s’opposent (Noir/Blanc, modernité/tradition,…) ou se complètent. Cette dualité trouve également écho dans la réalisation : au-delà de l’évidente fusion entre animation traditionnelle et 3D, le film alterne des scènes de violence très dynamiques et des instants purement contemplatifs et/ou oniriques ; l’architecture de la ville, foisonnante de détails, mêle habilement une vision urbaine futuriste et des éléments plus coutumiers. Cette ville, personnage à part entière, convoitise de chacun, symbolise à elle seule cette recherche constante de plénitude idéalisée. En ce sens, Amer Béton mystifie le concept de possession moderne et développe son univers emprunt de noirceur et d’aliénation. Très heureusement, il trouve son pendant positif dans les quelques notes d’espoir savamment distillées tout au long du récit.

C’est à un Américain expatrié au Japon que l’on doit ce petit bijou de l’animation. Spécialiste en effets visuels (il a participé à Abyss de James Cameron, aux Griffes de la nuit de Wes Craven), Michael Arias a pris le temps de se former aux diverses techniques d’animation avant de se lancer dans la réalisation de son long métrage. Une production de près de 40 mois pendant laquelle il a pu réunir suffisamment de talents et d’argent pour mener son projet à bien. Et le résultat est au rendez-vous ! Amer Béton bénéficie d’une mise en scène fortement inspirée du cinéma traditionnel ; les mouvements de caméra, les angles de prises de vue ou le montage n’ont rien à envier à la plupart des films « classiques ». Et c’est peut-être avant tout cette réalisation ciselée et intimement liée au récit qui donne à cette œuvre cette profondeur.

Violent et passionné, Amer Béton creuse le sillon d’une animation de qualité en insufflant au genre un souffle neuf et singulier qui ravira tout amateur qui se respecte.