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Critique

SOIL

publié le

OH ! QUE CA BOUGE ! N°8 (août 2006) Pas beaucoup de musiques durant cette période de vacances. Plus de lectures. Mais tout se tient dans un cheminement culturel. Ce que je trouve dans les livres va alimenter mon imaginaire d’auditeur, ouvrir d’autres […]

(Violon, piano et voix)

Goldstein est tout simplement « royal » dans sa pratique du violon ! Il semble tellement à l’aise tant avec les techniques classiques qu’avec les contre-techniques, les bricolages et les hérésies que tout lui paraît accessible. Toutes les surprises sont possibles. C’est un régal. Il joue harmonieusement en développant une virtuosité « crasseuse » (qui joue sur le « sale », et cette manière de ramasser ici ou là des sonorités négligées, d’intégrer, d’aimanter et d’ordonner ce que la «pureté» esthétique et stylistique rejette depuis le début de l’histoire du violon). On peut prendre cet enregistrement comme une longue méditation sur le sol, cette entité multiforme, réalité changeante sous nos pieds. Une méditation pétrie de stress ! Anfractuosités, humus, escarpements, béances, arêtes, mousses, pourritures, surfaces polies, sables mouvants, textures élastiques, couvertures friables, revêtement spongieux… Toutes les compositions plastiques sont observées de près. De manière acerbe, mais aussi avec lyrisme, voire romantisme. Le violon survole les accidents de terrain, fasciné par l’envie de s’y écraser, d’y projeter ses sons filés ou ébréchés à la façon des techniques aléatoires de peinture… Au piano, Masashi Harada accompagne correctement l’aventure, mais, je dirais, avec moins de force et d’originalité…

 

Musiques en marge/ musics in the margin

Une anthologie consacrée à l’Art Brut musical, publié par Sub Rosa, en collaboration avec la galerie bruxelloise Art en Marge.
L’Art Brut est mieux suivi au rayon plastique que musical. (Il en va de même de l’art moderne : voyez le nombre de musées prestigieux pour montrer l’art moderne contemporain pour pas grand-chose côté musiques !)
La sélection de « Musiques en marge », bien foutue, ne vient pas surprendre les oreilles avec des formes sonores inédites. Ça fait penser à toutes sortes de musiques entendues. C’est de la récupération de musiques qui traînent entre toutes les oreilles. Des «zinzins»avec lesquels nous avons tous des affinités. Ou alors, il y a aussi des chercheurs, des ouïes fines qui captent des musiques là où l’on entend que du bruit; ils nous font entendre des harmonies secrètes, cryptées. Ritournelles impromptues, perturbatrices.
Galerie de personnalités «psychotiques» extraordinaires. Comme André Robillard qui a inventé la batterie « il y a 2 ans » et explique comment « inventer de l’art » a changé sa vie, en éliminant la misère…
Les improvisations verbales de MC Speedy basées sur des associations de mots déjantés, où surnagent des éléments de l’environnement quotidien, basique, chansons de foot, langages de la rue, imitations radiophoniques, imitations de stars… Il invente le terme « spascinant » (contraction de spatial et de fascinant, ou de spasme et de fascination) ! « C’est spascinant de chanter ainsi », et qui harangue avec truculence les marchands de hamburgers, imite Jacques Brel…
Des participants d’ateliers de musicothérapie, des chansons de Daniel Johnston et le célèbre Wesley Willis qui chante toujours la même chanson…
Je vais dire une banalité: on se sent très proche de ces manières de s’exprimer, en tout cas en ce qui me concerne ! (Ça me rappelle même certaine époque où je bricolais de la musique avec un ami, guitare, harmonium, flûte)… Ça me confirme que l’on a tous à faire avec la dimension psychotique de l’être et des expressions.
(CD offert par mon ami Frédéric Bourlez, lors d’une soirée agréable; ami qui travaille avec des jeunes psychotiques dont David, deux chansons de lui se trouvent sur cette anthologie. Soirée où j’ai proposé – et ce sera le coin cuisine de cette chroniqu e- deux recettes d’Hélène Darroze, à ma manière : « sa soupe au pistou, comme elle sentait à Pigna » et un « camagnon de porc laqué en zestes d’agrumes »; le laquage, contrairement à mes essais précédents, laissait à désirer !)

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