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Critique

« L’Innocent » : quand l'humour tourne à l'amour

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Acteur et réalisateur plein d'autodérision, Louis Garrel affine ici son goût pour les histoires qui mêlent références intimes et cinéma de genre.

Sommaire

Plus on a l’esprit léger, mieux le film et le spectateur se portent. — Louis Garrel

La mémoire au fond d'un regard

Depuis un moment déjà, Louis Garrel s’aventure dans des interprétations à rebours de l'image du jeune homme inquiet qui avait signé ses débuts. Plus distanciés mais aussi moins empathiques, les rôles de Godard, Dreyfus, et bientôt Chéreau dans Les Amandiers de Valeria Bruni-Tedeschi correspondent à autant de glissements hors d'un personnage dès lors moins "innocent" qu'il n'y paraît. Le récit à la première personne reste néanmoins le pivot des productions personnelles de Louis Garrel lorsqu'il s'empare de la caméra, affichant une écriture certes autobiographique, mais nourrie de fictions, de cinéphilie et très consciente de ses enjeux.

Quand le film s’ouvre, Abel (Louis Garrel) est au comble de l’angoisse. Sa mère (Anouk Grinberg), animatrice d’ateliers de théâtre en prison, est tombée folle amoureuse d’un détenu (Roschdy Zem). Célébré sur le lieu de détention, leur mariage marque aussi la libération prochaine du détenu. Persuadé que son beau-père est sur le point de monter un nouveau coup, Abel le prend en filature, aidé dans son entreprise par son amie Clémence (Noémie Merlant).

Tous les barrages

Abel n’est pas juste méfiant : meurtri par la mort de sa femme, c’est la tristesse qui en lui condamne le comportement primesautier de sa mère. D’une ironique noirceur, ce personnage est le mur de sérieux que viennent percuter une bande d’individus farfelus et joueurs. Avec la foi de véritables metteurs en scène, ces êtres en quête d'étincelles et de magie croient parvenir à se débarrasser du fardeau du passé en quelques tours de passe-passe, quelques accommodements avec le réel. De cette dynamique de jeu qui embrigade habilement les figures du cinéma de genre, se fait jour l’idée sournoise qu’un théâtre et un braquage reposent parfois sur la même nécessité de court-circuiter les cadres d’une vie trop étroite et bien trop douloureuse.

Des musiques qui se dansent

On avance dans le film le cœur battant, emmenés sur les chemins tortueux d’une action fanfaronne et pleine de chausse-trappes, aimantés par la délicatesse des personnages, leur générosité pataude, leur grandeur constamment annulée, leurs bonnes intentions néfastes.

Prise en charge par une bande-son qu’aurait pu signer l’auteur des Chansons d’amour, cette délicatesse malmenée fait que toute drôlerie se pare d’émotion (et inversément !). Des titres ringards comme Nuit magique ou Une autre histoire, c’est comme si on les entendait pour la première fois et que, de manière tout à fait inédite, littérale, désinhibée, on s’autorisait enfin à les trouver émouvants.

Coécrit avec Tanguy Viel (auteur de roman policiers existentiels publié chez Minuit), le scénario de L'Innocent distille avec grâce des éléments comiques dans une intrigue qui ne l’est pas tant que cela. Par un enchainement de péripéties tout droit sorties d’un album du cinéma policier des années 1970, le film trouve une issue aux passions tristes du récit familial raconté sur le mode de la confidence. Les conflits, la violence sociale, la solitude, les désillusions et le deuil qui en constituent le socle font l’objet d’une savante esquive, attestant que la représentation honnête d’un vécu n’a souvent rien à voir avec le premier degré.

L'Innocent - Louis Garrel

France - 2022 - 1h39

Bayard du Meilleur scénario au FIFF 2022


Texte : Catherine De Poortere

Crédit photo © Films des Tourelles / Cinéart

Intertitres : Nuit Magique (Catherine Lara) et Une autre histoire (Michel Blanc)

Louis Garrel dans les collections de PointCulture


Agenda des projections

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Sortie en Belgique le 13 octobre 2022

Distribution :

Le film sera projeté dans la plupart des salles en Belgique

Bruxelles : Aventure, Kinepolis, UGC de Brouckère, UGC Toison d'Or, Vendôme,

Wallonie : Ath Ecran, Braine Kinepolis, Charleroi Pathé, Charleroi Quai 10, Hotton Le Plaza, Liège Sauvenière, Liège Kinepolis Rocourt, Louvain-la-Neuve Cinéscope, Marche-en-Famenne Cinémarche, Mons Plaza-Art, Namur Pathé, Namur Caméo, Nismes Chaplin, Nivelles Ciné4 (apd. 19.10), Tournai Imagix, Waremme Variété, Waterloo Wellington

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