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Critique

Toujours plus haut – « Le sommet des dieux », un film de Patrick Imbert

Le sommet des dieux
Quand on a atteint le sommet des dieux, que reste-t-il à accomplir ? Un film d’animation qui mène le spectateur jusqu’à la cime de l’Everest.
« Marcher, grimper, marcher encore, toujours plus haut, et après ? » — Le sommet des dieux

De retour d’un reportage photo en haute montagne en juin 1993, Fukamachi est à Katmandou. Un homme lui propose d’acheter un appareil photo antique qui aurait appartenu à George Mallory, l’alpiniste qui avait tenté de vaincre l’Everest en 1924 avec son compagnon Andrew Irvine (tous deux y ont laissé la mort et si le corps du premier a été retrouvé en 1999, le second est toujours enfoui quelque part sous la neige). Fukamachi n’y prête pas trop attention mais un peu plus tard assiste à une altercation entre l’homme en question et un autre, qu’il reconnaît assez vite. Il s’agit de Habu Jôji, un alpiniste japonais dont plus personne n’avait de nouvelles depuis des années.

De retour à Tokyo, Fukamachi mène l’enquête, explorant le passé de Habu. Les images suivent tantôt le premier, tantôt le second, en alternance, et dévoilent comment Habu est devenu alpiniste, évoquant divers épisodes d’ascension, au Japon et dans les Alpes, avec des images à couper le souffle et au suspense souvent insoutenable. En toile de fond persiste la question de l’appareil photo de Mallory dont la pellicule pourrait révéler s’il a atteint le sommet ou pas (la question n’est toujours pas résolue aujourd’hui, malgré les expéditions qui ont tenté de retrouver cet appareil).

Les deux hommes se retrouvent dans la seconde moitié du film pour une ascension de l’Everest qui va changer leurs vies.

Patrick Imbert, animateur entre autres d’Ernest et Célestine, s’est basé sur le manga en cinq volumes de Jirō Taniguchi, d'après le roman de Baku Yumemakura. Il a choisi quelques épisodes-clé parmi les 1500 pages du récit, alternant comme dans la bande-dessinée les passages à Tokyo, au Népal et dans d’autres régions montagneuses du monde. Si l’animation des personnages est relativement simple, tout en étant très soignée, Imbert a porté énormément d’attention à divers autres aspects de son film. Les décors sont superbes, représentant avec finesse et de nombreux détails les différents lieux de l’action. On y reconnaît le Tokyo des années 1980 et 1990, encore parcourue de tramways à certains endroits, avec les modèles de voiture de l’époque. Les dessinateurs ont joué avec les grandes marques des panneaux publicitaires, remplaçant par exemple les magasins Lawson par Langson, mais gardant le même logo. Les paysages de montagne sont également très précis, chaque faille, chaque surplomb, chaque étendue de neige sont d’un réalisme quasi photographique, donnant au spectateur l’impression d’être sur place.

Imbert a également apporté énormément de minutie au sound design qui évoque les sons de la ville mais surtout ceux de la montagne, les craquements suspicieux, le bruit assourdissant des avalanches, le vent qui gémit. Ces sons augmentent la tension d’un cran dans les scènes les plus prenantes – le spectateur s’asseyant au bord de son fauteuil à cause du suspense insoutenable, à ces moments où l’action ne tient plus qu’à un fil, parfois littéralement. La musique composée par Amine Bouhafa complète le sound design avec de grandes envolées romantico-dramatiques jouées par un ensemble de cordes mais aussi avec des compositions au synthétiseur rappelant certaines musiques électroniques pour manga ou films des années 1980.

Le sommet des dieux se rattache à la tradition des films catastrophe et des films d’alpinisme (Everest de Baltasar Kormákur datant de 2015 vient à l’esprit), mais propose une histoire beaucoup plus intimiste mettant en scène deux hommes, le photographe et l’alpiniste. Le premier ressent le besoin de se prouver lui-même et s’engage dans une quête qui semble bien vaine au départ. Le second a rencontré de nombreux obstacles dans sa vie et est à la recherche d’une rédemption à cause d’événements dramatiques de son passé. Se pose aussi la question du défi. Une fois qu’on a atteint le sommet de l’Everest, que reste-t-il à accomplir ? Habu – et le film – donnent une belle réponse à cette quête éternelle.

Le sommet des dieux, Patrick Imbert

France – 2021 – 1h35


Texte : Anne-Sophie De Sutter

Crédits photos : Cineuropa


Le sommet des dieux

Agenda des projections:

Sortie en Belgique le 23 mars 2022

En Belgique francophone le film est projeté dans les salles suivantes :

Bruxelles: Aventure, Cinéma Galeries, Kinograph, Vendôme

Wallonie: Mons Plaza ArtHouse, Charleroi Quai 10, Liège Sauvenière, Namur Cinéma Cameo, Marche-en-Famenne Cinépointcom

Le dvd est disponible dans les collections de PointCulture.

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