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Critique

"Le Lion belge" de Nimetulla Parlaku

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Bruxelles, colonialisme, burlesque, Le lion belge, lion

publié le par Yannick Hustache

Deux (gentils) truands à la petite semaine s’embarquent dans un coup aussi foireux qu’improbable tandis qu’un promeneur philosophe trace une sorte de parcours libre et au sein du patrimoine statuaire animalier bruxellois à la tête d’une petite troupe d’enfants. Vous avez dit surréaliste ?

Sommaire

Dupond et Dupont dans la fosse aux lions

Deux vieux potes de mauvais coup (passés ?) glandouillent dans un parc et devisent autour d’un fait divers navrant lu dans le journal. En Tanzanie, un riche dentiste américain, avide de safari en pantoufles a payé une plantureuse somme d’argent (500 000 euros en 2014) pour se faire « présenter » un lion qu’il a abattu avec son arme à feu avant de se prendre en photo avec son trophée !

Puis nos deux larrons « héritent » d’un téléphone portable qui les met en contact avec un trafiquant en tout genre originaire de l’Est de l’Europe (Baptiste Sornin) mais qui a la gâchette sensible et facile ! Et les deux pieds nickelés de la combine en visite chez le truand de s’engager à lui amener un lion vivant à tirer dans les dix jours !

Mais au fait, on les trouve où les lions en Belgique/à Bruxelles ? Et on fait comment pour entrer dans leur cage et les amener docilement chez ce taré de commanditaire ? Et puis que vont dire leurs petites amies qui espéraient toujours voir leur moitié respective « se calmer » à l’aune de la quarantaine !

Faisant jouer leurs connaissances (un dompteur de lions flamand et alcoolique campé par un décapant Claude Sémal) puis en faisant preuve d’astuce et d’une sorte d’improbable culot en tablant sur la bêtise crasse et sanguine du « parrain », nos 4 as (les filles sont également de la partie) leur amènent un bien étrange « lion belge » sur l’autel du sacrifice, gage de leur substantiel pactole…

Un lion, des lions

Noir et blanc de rigueur traversé par quelques brefs moments couleur, des comédiens plutôt issus du monde du théâtre, en couple à la ville comme à l’écran et qui ont participé à l’écriture du scénario (Karim Barras, Greg Duret Sophie Senecaut, Mathilde Demaret), Le Lion belge est en effet un film des plus improbables, et à l’arrivée, un joli OVNI en provenance directe de cette « planète absurdie » qu’est un peu la Belgique tout entière.

Filmer une chasse aux lions « presque » sans lions et qui plus est dans et autour de Bruxelles, au pays du fameux (et finalement galvaudé) surréalisme et de la dérision, ça n’étonne finalement plus personne. Mais dans ce joli conte burlesque où tel le s des héro.ïne.s de BD ligne claire à l’ancienne, les personnages principaux - qui sont sapés pareils d’un bout à l’autre du film – font presque tenir le film par la grâce seule de leur présence et de leur jeu à l’écran, sans emphase mais avec une réelle inventivité/économie de gestes. Sans oublier le gros subterfuge et climax (qui a lui seul vaut le visionnage) qui débouche sur une non-fin des plus saugrenues…

Avec sa très belle photographie et son récit à larges mailles qui renvoient quelque part aux années 1930, Le Lion belge en profite pour interroger l’héritage du lourd symbolisme colonial véhiculé par le lion dont les bronzes monumentaux qui ornent encore et toujours abondamment parcs et espaces publics du royaume. Car en parallèle des aventures rocambolesques de nos chasseurs de lion(s), Nimetulla Parlaku met en scène un groupe de jeunes enfants conduits par un adulte (François Ebouélé) qui passent d’un lieu de présence statuaire à un autre sous les strophes graves d’un texte de Friedrich Nietzsche ou au son du terrible (et heureusement oubliés) hymne belge du Congo. Une histoire dans l’histoire qui jamais ne vient en perturber la lisibilité ou en atténuer le comique.

Symbole - empaillé/coulé dans le bonze - encore partout présent dans la capitale de la Belgique, ce lion, autrefois symbole d’une « nation conquérante mené par un roi ambitieux » et aujourd’hui figure allégorique d’un certain nationalisme flamand tend néanmoins petit à petit à perdre de sa superbe et son sens dans l’imaginaire collectif.

C’est donc bien le moment propice pour enfin écrire d’autres histoires moins douloureuses…

Le Lion belge, un film de Nimetulla Parlaku

Belgique : 2019. 1h29

Texte : Yannick Hustache

Crédits photos : Cinergie

Agenda des projections :

Flagey : https://www.flagey.be

Jeudi 14 octobre 2021 17:30

vendredi 15 octobre 2021 21:45

jeudi 21 octobre 2021 17:30

vendredi 22 octobre 2021 20:00 

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jeudi 28 octobre 2021 17:30 

dimanche 31 octobre 2021 14:00 

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vendredi 05 novembre 2021 19:45 

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