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Critique

JOURS SAUVAGES (LES)

publié le

Avec « Les jours sauvages » Joseph D’Anvers croise au grand large de la pop internationale et aère sa copie perso chanson française d’une singulière brise bienfaisante. Le Nord n’est décidément plus là où on le plaçait…

Avec « Les jours sauvages » Joseph D’Anvers croise au grand large de la pop internationale et aère sa copie perso chanson française d’une singulière brise bienfaisante. Le Nord n’est décidément plus là où on le plaçait…
Au sortir de son premier disque « Les choses d’en face » paru en 2006, on croyait tenir un chanteur éduqué et discret, un cousin suffisamment éloigné de Dominique A et Daniel Darc pour leur être comparé mais sans qu’il encoure pour autant la dure sanction d’une vie en accéléré, le lot maudit des copies et clones. Le jeune homme n’avait pas eu besoin de voir du Plat Pays ou de s’inventer une lointaine ascendance belge pour justifier le port de son pseudonyme artistique « D’Anvers » (…) mais l’avait seulement emprunté au nom d’une station de métro proche de chez lui dans le XVIIIe arrondissement de Paris !
Depuis les nouvelles de sa part arrivaient de manière contrastée. Une chanson pour le « Bleu pétrole » de Bashung à mettre dans les actifs de son embryonnaire bilan et tout un disque (« L’homme sans âge ») écrit pour le vénérable Dick Rivers à placer on ne sait trop où.
Ne sachant quelle suite ou direction donner à sa « carrière » démarrée sur le tard – le garçon travaillait auparavant comme opérateur pour le cinéma – Joseph D’Anvers s’est pris d’une fascination subite pour le vide et le sans-filet. Foncer droit devant soi sans se poser la question, un peu comme dans les groupes sans lendemain de son adolescence rock. Et inverser l’ordre des priorités tant qu’à faire! Attaquer la musique en premier et caler les paroles – pardon vocaux – là où il reste de la place a dû convenir ce Miossec presque rhomerien, à qui il ne faut pas expliquer pourquoi la chanson française sonne si mièvre et rigide aux oreilles des stakhanovistes pop et rock.
Rio de Janeiro, Los Angeles pour de vrai et la bouillonnante New York dans la tête, le Français s’embarque avec sa guitare et quelques fragiles idées dans la tête dans un périple qui tient autant de la gageure (rentrer bredouille) que de l’envie de s’affranchir de ses modèles d’hier et d’aujourd’hui (Sonic Youth, Gorillaz, Wu Tang Clan…) en s’y confrontant.
Premier effet tangible de cette escapade « vérité » qui porte sa griffe « produit par Mario Caldato Jr » (Beastie Boys, SY…) sans plus d’ostentation, un groove léger mais insistant qui pousse parfois le chant du garçon hors du sillon mélodique parlé/chantonné et un tantinet frigide de son premier travail. Un invité de luxe et par ailleurs vieux complice du producteur susmentionné vient pousser la chansonnette dans sa langue dès le morceau d’ouverture. Un titre involontairement drôle car on y entend le DJ Money Mark (intermittent chez les Beastie Boys) chanter comme Damon Albarn (Blur, Gorillaz, label Honest Jon’s…) au travers d’un quasi-hommage au film « Kids » de Larry Clark dont il porte le même nom. Rock dans sa frappe, « Entre mes mains » rebondit sur une boucle discrète avec légèreté, mais va droit au but. Ce que manque « À mi-distance », faute d’une partenaire crédible - la Parisienne anglophone connue sous le nom de The Rodeo - qui chante comme on se plaint du mauvais temps. Sa mélodie la plus enjouée (« 1000 fois »), le garçon la doit aussi à cet art du gimmick millimétré qui fait mouche. Et quand quelques murmures traversent les décors de bâtisse abandonnée de « Par Avance », c’est à un Beck revenu de l’ennui que l’on songe.
Mais, le bien nommé « Le bât blesse » tombe à plat et rappelle que l’équation paroles & musiques comporte nombre d’inconnues. La timidité, voire la préciosité, et le manque de relief de son chant introduisent « in fine » un ultime bémol, une légère astringence dans la pleine adhésion à « L’amnésie » et à « Sept jours d’une vie », malgré une belle élasticité pop hop.
Le Français décrit dans une langue qui lui est déjà propre les déchirements et contradictions d’une génération plus habitée par le doute et l’instinct de survie qu’investie du sentiment et de l’énergie nécessaires à un changement radical et qui a érigé le désenchantement comme valeur (d’existence) dernière. Et son propos d’être parfois trop à l’unisson, un peu englué dans son manque de conviction. « Les jours sauvages » sont encore à venir…
YH

Selec

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