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Critique

Images du monde et inscription de la guerre / En sursis (Harun Farocki)

Harun Farocki - "Images du monde et inscription de la guerre" (1988)
La sortie en France des presque premiers films de Harun Farocki en DVD (jusqu’ici, seul son court métrage sur le tournage d’Amerika de Straub et Huillet avait été publié) est un évènement majeur dans cette petite mais précieuse zone d’activisme où initiatives éditoriales et cinéphilie se rencontrent.

Le cinéaste berlinois a réalisé plus de 80 films assez variés mais qui, presque tous, prennent le pouls des images (de la fabrication d’une photo de femme nue pour Playboy dans Une image à celles de la guerre du Golfe dans Œil/Machine).

Les deux films-essais rassemblés ici sondent ces relations souvent troubles entre voir et regarder, voir et savoir, cacher et dévoiler, autour de la question de la Shoah.

Au centre de Images du monde et inscription de la guerre (1988) qui explore les allers-retours entre dispositifs optiques, outils de mesure (photographie, cartographie, etc.) et leurs utilisations guerrières, il y a les photos d’Auschwitz prises par un avion de reconnaissance américain en avril 1944 et sur lesquelles les militaires ne virent à l’époque que ce qu’ils cherchaient (les usines attenantes au camp et non les chambres à gaz et fours crématoires pourtant clairement visibles).

Pour En sursis (2007), le cinéaste interroge un film muet inachevé tourné, la même année, par des prisonniers à l’initiative d’un officier SS d’un camp de transit aux Pays-Bas. Un film dont certains plans ont souvent été utilisés, parfois à contresens, dans des films de montage ultérieurs (dont Nuit et Brouillard) et que Farocki choisit très consciemment de montrer in extenso et sans adjonction de son (ne le décryptant que par le rajout d’intertitres).

L’expérience forte d’une pensée en cinéma.

Philippe Delvosalle
(notice écrite en novembre 2011 pour Détours n°3)