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Critique

IMBERT (HENRI-FRANÇOIS)

publié le

SÉLECTION DU MOIS DE JANVIER 2007 DVD DU MOIS

Henri-François Imbert est un cinéaste singulier qui lutte contre l’oubli. Le moindre objet retrouvé, l’infime souvenir qui persiste dans sa mémoire, attisera sa curiosité et sa soif de savoir qu’il étanchera en
partant à la recherche des clefs qui ouvriront le coffre magique des mystères insondables des méandres de la mémoire.

Ce DVD regroupe ses trois films réalisés entre 1996 et 2003. Ce triptyque se situe entre récits de voyages et carnets de bord.
Dans son premier film Sur la plage de Belfast, il part à la recherche des protagonistes d’un film oublié dans une caméra achetée en seconde main. Ce film montre une famille s’amusant sur une plage. D’eux, il ne sait absolument rien. Tel un Sherlock Holmes, il cherchera des indices dans les images du film. Il remuera ciel et terre pour pouvoir rendre ces moments intimes à leurs propriétaires d’origine.
Dans le deuxième film Doulaye, une saison des pluies, il part au Mali à la recherche de Doulaye, un ami de son père dont il garde un souvenir d’enfance. De cet étrange personnage, il dira au début du film «Je n’avais qu’un seul souvenir de Doulaye Danioko. Je devais avoir aux alentours de cinq ans, c’était probablement en 1971 ou 1972, à Châteauroux, où nous vivions avec mes parents…
Mon père m’avait raconté qu’un jour Doulaye avait tué un lion à la chasse. J’avais toujours imaginé que c’était une chasse à la lance et cette image de Doulaye, tuant un lion à coup de lance, m’avait beaucoup impressionné. J’étais fier de le connaître, d’être son ami. Et je rêvais que peut-être un jour Doulaye m’emmènerait à la chasse avec lui.
L’été dernier, je me suis rendu compte que cela faisait déjà vingt ans que Doulaye était parti et que depuis des années, j’attendais qu’il réapparaisse… ».

Dans la dernière partie de son triptyque No pasarán, album souvenir, tout démarre par une série de cartes postales numérotées (dont aucune n’a été postée), couleur sépia, retrouvées dans la maison de son arrière-grand-père qui habite près de la frontière espagnole.
Cette série montre des photos des premiers réfugiés espagnols qui fuient le franquisme et demandent asile à la France en 1939.
Il va essayer de retrouver les cartes manquantes, comme un jeu des sept familles, tout en essayant de comprendre l’histoire de ces cartes.
No pasarán (ils ne passeront pas), cri de résistance des républicains, est à prendre en double sens, ils ne passeront pas s’adresse aux réfugiés kurdes arrivés en France et qui veulent traverser la Manche pour atterrir en Angleterre, terre promise.
Une fois toutes les pièces de ce puzzle assemblées, elles nous montrent une partie méconnue des prémices de la Seconde Guerre mondiale.

Ce n’est pas un hasard si ce jeune réalisateur bien singulier se retrouve en DVD dans la collection Le geste cinématographique (dirigée par Patrick Leboutte), au même titre que Jean Rouch, tellement son approche de l’image est singulière et précieuse.
Mêlant diverses techniques de prises d’images (super 8, 35 mm, 16 mn et DV) sur lesquelles se juxtapose sa voix qui nous parle à la première personne comme si nous écoutions à travers la porte de son esprit; ces films nous interpellent tout en étant personnels. On se sent impliqué dans sa recherche dont on attend le dénouement comme on attendrait le nom du meurtrier dans un bon polar.
Générosité et modestie sont deux qualités dont sont empreints les films d’Henri-François Imbert. Il nous touche, nous intrigue, titille notre esprit. Sa quête ultime est celle de tout homme à la recherche de son passé. c’est une reconstruction partagée. Il rend sa recherche universelle et touchante. Du cinéma poétique où chaque image à son importance et sa petite histoire.
Thierry Moutoy

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