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Critique

INTRODUCING HANGGAI

publié le

Tserendavaa & Tsogtgerel : "Chants diphoniques de l'Altaï Mongol" En concert le mercredi 13 mai ( 20h30) à la Compilothèque (Quai des Péniches 50). (entrée : 5 euros)


Deux approches de la musique et du chant mongol. Deux visions et deux présentations fort différentes et pourtant assez complémentaires.

Tserendavaa & Tsogtgerel Bien sûr, on pourrait partir de l’approche discographique elle-même, le premier disque, publié dans la série « musique du monde » du Buda Musique, l’autre dans la série « Introducing » du label World Music Network, qui édite également la série des « Rough Guides ». Le premier, relativement académique, dans le bon sens du terme, c’est-à-dire accompagné par un livret détaillé, résultat d’une recherche fouillée sur le style, les artistes et le répertoire, la seconde, plus pop, mais finalement assez complète elle aussi. On pourrait aussi opposer les deux visions musicales, l’une basée sur la poursuite d’une tradition, l’autre partant d’une approche plus rock et y incorporant des instruments et des techniques vocales mongoles. Il est toujours tentant de rechercher les traces de la tradition dans ce genre d’entreprise de fusion, et surtout de tenter de dénicher les manquements, les accrocs à la tradition.
Ce serait ici un peu oiseux et chercher la petite bête.
Hanggai est un groupe fondé par Ilchi, jeune musicien pékinois d’origine mongole, qui décida un beau jour de quitter son groupe punk pour aller retrouver l’inspiration Hanggai sur la terre de ses ancêtres, comme on dit. Il passa donc quelque temps dans la province chinoise de Mongolie intérieure où il apprit les techniques et le répertoire traditionnel de la région. Il y rencontra également les autres membres du groupe : Hugejiltu et Bagen. L’album qui résulte de leur collaboration consiste en une série d’adaptations de chansons traditionnelles chantées en langue mongole et utilisant deux éléments capitaux de cette tradition, le chant diphonique xöömij et le morin khuur, la vièle aux cordes en crin de cheval. Partant de cette base traditionnelle, et sans la trahir un instant, ils vont donner à ces chansons un ton contemporain, dans le reste de l’instrumentation, électronique et guitares électriques, et dans la production. Ils vont ainsi ajouter un éclairage immédiat et actuel aux contes légendaires des cow-boys des steppes, sans jamais toutefois en trahir le souffle épique. Hommages vibrants aux plaines de Mongolie, célébration de ses chevaux, récits épiques, chansons à boire, berceuses… c’est tout un répertoire en voie de disparitio qui se voit ici offrir une nouvelle naissance. On annonce un renouveau de la musique traditionnelle en Chine, et Hanggai en est un des plus dignes représentants.
Tserendavaa et Tsostgerel, père et fils, sont eux natifs du sud-ouest de la Mongolie. Ils y sont bergers et musiciens, deux activités qu’ils mènent de front. Tous deux prennent part à l’intérêt renouvelé pour le répertoire et les techniques du xöömij et participent au passage aujourd’hui d’un art pastoral nomade à un art professionnalisé, et conséquemment d’un chant bucolique de berger à une discipline basée sur la virtuosité et sur une technique poussée à l’extrême. Ce qu’ils tentent de préserver, eux, est ce rapport à la tradition, à leurs particularités régionales, fort différentes des pièces démonstratives jouées à la capitale Ulan Bator. Leur répertoire est né là, près de leur village, au pied de deux montagnes, les deux Altaï. Ici encore le disque propose un large panorama des différents styles vocaux et instrumentaux de Mongolie : urtin duu (chants longs), bogino duu (chants courts), magtaal (chants de louanges), ardiin duu (chants populaires), chants satiriques, chants démonstratifs et tatlaga (solo de morin khuur); un large éventail de pièces traditionnelles ainsi que quelques improvisations à trois voix, où le duo est rejoint par Johanni Curtet, ethnomusicologue et auteur des enregistrements du disque et des notes du livret. Dashdorjiin Tserendavaa a débuté son apprentissage du chant diphonique à l’âge de six ans et est devenu chanteur professionnel à l’âge de vingt-quatre ans, dans les années 1980. Aujourd’hui il poursuit une tradition établie depuis quatre générations dans sa famille en transmettant le xöömij à ses enfants : deux de ses fils, Tsogtgerel et Xasha, et une de ses filles, Otgonjargal.
À mille lieues d’un recyclage world music, illusoire et superficiel, ces deux disques montrent la renaissance d’un genre traditionnel centenaire, dépassant le simple aspect de gimmick, de nouveauté amusante du chant diphonique, et inscrivant, par la passation de connaissances et de techniques ou par leur adaptation à un contexte moderne et à des circonstances changées, la musique mongole dans la catégorie des musiques vivantes et actuelles.
BD

Selec

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