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Critique

VAN DYKE PARKS PRESENTS THE ESSO TRINIDAD STEEL BAND

publié le

Steel band, recyclage, virtuose & love story

 

Steel band, recyclage, virtuose & love story

 

etsbBien sûr, le logo Esso est la première chose qu’on remarque sur ce disque. Un gros logo bleu et rouge sur lequel a été ajouté le nom du groupe, le Esso Trinidad Steel Band. La question qui vient ensuite, après avoir tenté de décoller ce qu’on prend à première vue pour un autocollant parodique, un commentaire ironique sur le groupe et ses bidons d’huile, est de comprendre ce qui a pu passer par la tête de cet orchestre de steelpans de Trinidad et Tobago, et leur faire changer aux alentours de 1960 leur nom de Tripoli Steel Band pour adopter celui de la compagnie pétrolière. Il se vérifie alors que, dans le souci de redorer son image de marque, ou plutôt de faire oublier sa déplorable réputation d’exploiteur, et de pollueur, la compagnie s’est bien – brièvement – lancée dans le mécénat et a financé le lancement du groupe, lui offrant la possibilité de tourner hors de son île, notamment aux Etats-Unis et au Canada. L’orchestre, qui jouissait déjà d’une solide renommée sur son terrain, a ainsi pu prendre d’assaut l’Amérique du Nord, où la virtuosité de ses vingt-huit panists fit un tabac. Ils profitèrent de l’occasion pour se faire des amis, comme l’excentrique et richissime pianiste Liberace qui leur offrit la première partie de son spectacle, ou comme l’excessivement talentueux Van Dyke Parks. Ce dernier, totalement converti, utilisera le son du steelpan dans ses propres compositions chaque fois qu’il en aura l’occasion, et se proposera - avec un enthousiasme non dissimulé – pour produire leur disque.. Résultat de quelques sessions d’enregistrements intercalées tant bien que mal entre des mois de tournée intensive, le disque – et le DVD qui accompagne sa réédition - montre le Steel Band au mieux de sa forme, dans un répertoire à la fois traditionnel et moderne. Du coté de la tradition on trouve des calypsos et des arrangements de musique classique – ici la « Danse du sabre » d’Aram Khatchatourian, classique incontournable de tout détournement virtuose – tels qu’on peut en entendre jouer sur l’île lors des célébrations du Carnaval ; du côté moderne, on trouve des arrangements soul - réalisés par le révérend John Sewell, le mentor du groupe – parmi lesquels des versions étrangement chatoyantes du « I Want You Back » des Jackson 5 ou du « Apeman » des Kinks. On le voit la musique du groupe était comme ses instruments, une grande entreprise de recyclage ; leur répertoire une réappropriation dans le style local de la musique internationale de son époque, de la même manière que leurs percussions métalliques étaient une manière de transformer les bidons d’huiles, qui jonchaient alors l’île, en l’une des musiques les plus irrésistiblement lumineuses et festives de son temps. Et si de nos jours les tambours des steel bands ne sont plus fabriqués à partir de bidons vides, cette époque héroïque a permis à la musique de Trinidad et aux steelpans de devenir plus qu’un simple gimmick, qu’une curiosité exotique, mais le symbole de la région et son ambassadeur culturel à travers le monde.

Benoit Deuxant

 

 

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