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Critique

OKAMI - PS2

publié le

Le pinceau céleste

Le pinceau céleste

Titre faisant déjà les joies des possesseurs de la Playstation 2 de Sony, le jeu envoûtant et mystique de Clover (studio de développement démantelé après la sortie de la version Playstation 2, Ready At Dawn se chargeant de la transposition Wii) se voit propulsé sur la dernière console de salon en date de Nintendo. Une bonne occasion de revenir sur cette œuvre atypique qui mêle l’imagerie du Japon médiéval avec une esthétique baignée dans la peinture à l’huile. La Wiimote, véritable excroissance réelle du pinceau magique ?

Alors que les consoles haute définition passent leur temps à se faire la guerre à coups de technologies avant-gardistes et de graphismes plus vrais que nature, il existe des studios sensibles à l’imaginaire et au dépaysement. Des studios qui réalisent des travaux subtils en y incorporant une identité prête à résister aux affres du temps… Et Clover fait partie de ce cercle restreint. En parvenant à transposer fidèlement le cadre culturel du Japon moyenâgeux, les développeurs ont réussi à mettre sur les rails une œuvre tortueuse et profonde qui remet en question les certitudes adoptées par une certaine partie du public : « Le jeu vidéo ne peut pas bénéficier du prestige d’une pièce artistique… ». Voilà en gros l’idée qui germerait dans la tête des ignorants et pourtant… S’ils avaient un peu de temps devant eux, nous leur conseillerions fortement de tenter l’expérience Okami car c’est bel et bien d’une expérience unique qu’il s’agit ici. Alors, au lieu de sombrer dans des stéréotypes qui pourraient pervertir des esprits trop renfermés, laissez-vous embarquer dans un voyage onirique qui sonde les limites de la conscience ainsi qu’un repère temporel malheureusement révolu.

Raconte-moi une histoire…

En plein Japon féodal, la légende raconte qu’un combat titanesque eut lieu entre le démoniaque Orochi et Nagi, un guerrier humain. Ce dernier était épaulé par un majestueux loup blanc orné de flammes (Shiranui) dépositaire de l’aura bénéfique des dieux (l’Amaterasu). La réunion de ces forces permit au bien de triompher du mal et ainsi de sauver le monde de Nippon d’un destin funeste. Orochi finit par être enfermé dans une grotte, elle-même scellée par l’épée de Nagi. Un siècle plus tard, d’étranges phénomènes secouent Nippon, une ombre menaçante parvient à s’infiltrer dans la prison d’Orochi, faisant éclater le sceau qui retenait le monstre hors de la dimension. Désormais, tout est à recommencer… Sakura (gardien de la forêt) décide, dans un ultime souffle, d’invoquer de nouveau la déesse de la lumière et du soleil, l’Amaterasu. La divinité va rapidement troquer son corps de jeune femme contre celui d’un superbe loup au pelage éblouissant afin d’éradiquer une bonne fois pour toutes le néant noir dans lequel est plongé Nippon. Commence une odyssée rythmée par un nombre incalculable de situations rocambolesques où la quête des 13 divinités va primer. En effet, en prenant possession de chacune d’elles, les techniques du pinceau magique n’auront plus aucun secret pour notre membre de la famille des canidés.

Ce pitch, qui rappelle immédiatement les plus beaux contes, trouve sa force dans ce Japon traditionnel qui donne l’impression d’être suspendu hors du temps. La trame scénaristique sonne comme du déjà vu, mais c’est principalement l’emballage esthétique qui confère au récit toute son ampleur. En effet, comment ne pas considérer Okami comme un vibrant hommage aux délices d’un Japon désormais relégué dans les abysses du passé ? Un voyage inoubliable émaillé par des mythologies diverses (principalement shintoïstes) et des coutumes ancestrales, le jeu de Clover s’accapare un à un les fondamentaux du lyrisme, de la poésie et de l’onirisme chers à la culture du pays. Plus encore qu’une simple adaptation d’un bagage patrimonial, cette œuvre témoigne des richesses inestimables de cette contrée du soleil levant.

Dessine-moi un mouton…

1 Incontestablement, Okami est placé sous le signe de la calligraphie. Un parchemin, un pot de peinture, des idées plein la tête et un pinceau aux propriétés magiques suffisent pour modeler l’environnement à sa guise. Un pont détruit vous empêche d’atteindre l’autre rive d’un fleuve ? Pas de problème, il suffit de dessiner la partie manquante. Vous voulez achever un ennemi déjà fortement affaibli ? Aucun souci, un geste franc de votre plume le tranchera… L’outil mis à notre disposition s’avère franchement étincelant puisque l’on ne peut s’empêcher de jouer avec, mais vos talents d’un Monet en herbe serviront surtout à garantir la continuité de l’intrigue. Les villageois solliciteront vos compétences uniques pour embellir et améliorer leurs conditions de vie, l’encre qui coule de votre pinceau si majestueux aura la capacité de compléter des constellations d’étoiles et, du coup, de faire renaître des grandes divinités qui vous remercieront en vous offrant en échange de nouvelles techniques de combat. En définitive, Okami concentre en lui toute la dynamique de l’exploration sur l’origine de l’univers, de la nature et des dieux qui y évoluent en toute sérénité.

Éduque-moi…

En usant de la technique du Cel Shading , les développeurs de Clover ont imprégné à leur œuvre une prédominante atemporelle qui sied parfaitement au propos : la révérence devant la beauté de la culture japonaise. La végétation prend vie et s’articule en 2 dimensions, les textures extrêmement simples de prime abord sont gorgées de couleurs éclatantes et les effets graphiques lâchés par des actions surnaturelles (trait bleuté qui marque le parcours effectué par le pinceau dans le ciel, les attaques du loup, etc.) deviennent de véritables feux d’artifice qui flattent la rétine. De par ses multiples emballages artistiques, le jeu finit par nous forcer à le contempler encore et encore. On se laisse volontiers embarquer dans les méandres d’un environnement où la luxuriance devient une réalité, où la beauté de l’écologie trouve ici ses lettres de noblesse. Car au travers de ce splendide apparat, il est incontestable qu’Okami matérialise un objet qui défend une idéologie précise : le respect de la nature et des organismes vivants qu’elle préserve.

La version Wii apporte un plus que la Playstation 2 ne possédait pas : une amélioration graphique notable. En effet, le voyage dans ce jeu est encore plus inoubliable dès que celui-ci est adapté aux téléviseurs haute définition : un ordonnancement plus subtil de teintes hétéroclites et des textures un chouïa plus profondes s’ouvriront à vous.

Aventure-moi…

À l’instar d’un Zelda, Okami structure son épopée selon des mécanismes éprouvés. Ainsi, on retrouvera le thème de l’argent : dès que vous avez ramassé assez de « ryo » (la monnaie du jeu), vous pourrez le dépenser chez des marchands spécialisés dans de nombreux domaines comme la guérison (achats de potions de santé…), la maîtrise d’enchaînements offensifs, etc. Comme dans tout bon RPG qui se respecte, l’aventure sera rythmée par de nombreuses quêtes annexes, le sauvetage d’habitants, les combats avec les boss et la gestion des objets récupérés tout au long de votre périple. Mention spéciale pour les confrontations avec l’ennemi puisque contrairement aux RPG qui fonctionnent plus au tour par tour, vous serez enfermé entre des murs enflammés avec les monstres. Ce sera la bonne occasion de démontrer vos talents de combattant aguerri puisque la console va mesurer votre style et le temps que vous mettez à les tuer. Une fois tous vos adversaires terrassés, un tableau récapitulera vos résultats et plus ceux-ci seront bons et plus vous recevrez de l’argent. Si sur Playstation 2 le dynamisme des mouvements est total, le tableau est un peu terni par la manette de la Wii, la Wiimote. En effet, si c’est à première vue plaisant de dessiner et d’attaquer vos adversaires avec la télécommande via le pinceau à l’écran (avec un zeste d’imprécision tout de même), il n’en est pas de même des attaques corporelles que vous asséneriez aux assaillants puisqu’il vous est demandé d’effectuer un geste brusque en avant. Et ce type d’action souffre malheureusement d’un temps de réponse important. Entre l’instant où le geste est réellement accompli et l’adaptation de celui-ci sur écran, il s’est déjà écoulé une bonne grosse seconde. Un espace minime certes, mais tout de même assez large pour qu’un ennemi en profite pour vous agresser. Mais soyez tout de même rassuré, l’inertie inhérente au concept de la Wii (cependant mieux maîtrisée par certains développeurs que d’autres) n’a pas de grande incidence sur le confort de jeu. On peut même avancer l’idée que la singularité de la machine apporte une petite touche immersive bienvenue au jeu.

Onirique, sensuelle, réflexive, envoûtante et charnelle, la dernière itération des studios Clover dessine un portrait tentaculaire où les couleurs et la poésie se marient pour former une œuvre picturale à la fois riche et insaisissable. Caressant le joueur dans le sens du poil sans jamais le dérouter, Okami réussit l’exploit de ne délivrer à aucun instant des éléments prévisibles alors que son univers vaporeux repose sur des codes déjà largement exploités. Retors, il sublime nos sens ; touchant, il s’accapare notre âme pour lui faire vivre pendant plus d’une cinquantaine d’heures (si vous vous sentez l’envie de visiter chaque recoin du jeu) les valses divines d’un milieu où l’impossible devient possible et où l’imagination la plus fertile peut enfin y exprimer toute sa verve. Les plus grands musées ont leurs Rembrandt, Picasso et Léonard de Vinci, le jeu vidéo n’a pas à rougir de cette concurrence en plaçant Okami dans sa galerie. Et là, tout est dit.

 

Nasser Ouafrassi

 

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Le domaine du jeu vidéo souffre d’un manque vital et crucial d’imagination. On ressasse sans cesse les mêmes thèmes, les mêmes backgrounds. On nous sert des adaptations insipides de films et séries télévisées à la pelle sans supplément d’âme ni originalité. À de rares exceptions, jouer devient un ennui mortel, ce qui est le comble pour un média de divertissement.
Heureusement que de véritables créateurs existent encore et osent sortir des sentiers battus.
Hideki Kamiya en fait partie. Derrière ce nom, se cache le père fondateur des jeux Devil May Cry (SZ1009), Resident Evil 2 et Viewtiful Joe (SX1038). Des titres qui ont fait date dans le domaine du jeu. Okami, sa dernière création, est bien partie pour être une future référence incontournable.
Kamiya utilise comme point de départ de son conte interactif une légende japonaise, celle d’un combat dantesque entre Orochi, le démon à huit têtes de dragons et le vaillant guerrier Nagi aidé par Shiranui, un loup blanc, digne représentant des dieux. Le démon fut vaincu et son âme enfermée dans une grotte scellée avec l’épée de Nagi. Le mal étant repoussé, le monde put vivre paisiblement pendant un siècle.
Jusqu’au jour où une mystérieuse ombre délivra le démon en s’emparant de l’épée magique. Les ténèbres firent leur retour et se répandirent sous la forme d’un sombre brouillard.
Mais les dieux ne restèrent pas les bras croisés. Pour contrer ce mal ancestral, ils réincarnèrent Amaterasu, le dieu-loup au pelage immaculé.
Mais un demi-dieu ne fait pas le poids contre un dragon muni de huit cerveaux. Et donc pour avoir une chance de sortir gagnant du duel apocalyptique final, notre brave demi-portion de dieu va partir quémander l’aide de treize divinités du panthéon shintoïste.
Chacune d’elles lui permettra de maîtriser une technique particulière de peinture, car la calligraphie joue un rôle prépondérant dans ce jeu, l’épée étant remplacée par un pinceau céleste.
Cette arme de création massive permettra d’interagir avec l’environnement. Un trait particulier fera apparaître un pont, un autre fera pousser la végétation; badigeonner un mur vous permettra de le faire exploser… et bien d’autres joyeusetés créatives sont au menu.
La prise en main du jeu est à la fois facile et agréable.
La durée de vie du jeu est assez conséquente grâce aux multiples sous-missions à effectuer.
Au final Okami est une véritable estampe interactive aussi déroutante que charmante, teintée de poésie; une sorte de petit cousin de Zelda (SX2800) (autre jeu à l’univers onirique très réputé). Dépaysement garanti
Thierry Moutoy


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