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Critique

« Downton Abbey: A New Era » - un film de Simon Curtis

Downton Abbey: A New Era

Angleterre, cinéma, cinéma en salles, Downton Abbey: A New Era, Simon Curtis, Downton Abbey

publié le par Anne-Sophie De Sutter

Le retour de la famille Crawley et de leurs domestiques dans de nouvelles aventures qui les mènent dans le sud de la France et sur un plateau de cinéma. Du divertissement sans prise de tête.

En cette année 1928, une nouvelle ère commence à Downton Abbey. L’histoire commence avec le mariage de Tom Branson (Allen Leech), l’ancien chauffeur qui avait épousé Sybil Crawley (décédée entre-temps), et Miss Lucy Smith (Tuppence Middleton), fille de Lady Bagshaw (la dame d’honneur de la reine dans le premier film). Toute la famille est réunie, de même que tous les serviteurs de la maison. La comtesse douairière, Lady Violet (Maggie Smith), habite à nouveau auprès de ses enfants, sentant la fin de sa vie approcher, et elle va provoquer des remous dans la vie tranquille de la famille : elle a en effet hérité du Marquis de Montmirail une propriété à la Côte d’Azur. Elle reste très vague sur les raisons de ce don et tout particulièrement son fils, Robert Crawley, Comte de Grantham (Hugh Bonneville), se pose des questions sur son ascendance et les anciennes histoires d’amour de sa mère.

Une partie de la famille part dans le sud de la France pour visiter le bien en question et pour régler les questions d’héritage, celui-ci étant contesté par l’épouse du Marquis (Nathalie Baye), tandis que Lady Mary (Michelle Dockery), aujourd’hui en charge de la propriété à la place de son père, reçoit une proposition qu’elle ne peut refuser : Jack Barber (Hugh Dancy) réalisateur de films, aimerait utiliser le château comme décor pour un long-métrage et la somme d’argent qui en découlerait permettrait de réparer le toit qui en a bien besoin. Le quartier des domestiques est en émoi : ils vont rencontrer des stars du cinéma !

Débarque alors toute une armée de techniciens mais aussi les deux acteurs principaux du film, Guy Dexter (Dominic West avec une moustache rappelant Clark Gable) et Myrna Dalgleish (Laura Haddock). L’époque est à la nouveauté, et le scénario en profite pour reprendre quelques éléments connus de l’histoire du cinéma, notamment la difficile adaptation pour certains acteurs aux films sonores, Myrna Dalgleish ayant une voix haut perchée et à l’accent marqué. Mais aucune crainte, nous sommes à Downton Abbey et tout finira bien après de nombreuses péripéties.

D’autres thèmes de l’époque sont abordés avec le voyage dans le sud de la France. C’est le début du développement de la Côte d’Azur comme destination estivale – auparavant, les températures y étaient considérées comme trop chaudes pendant l’été – et la période voit l’arrivée de Francis Scott Fitzgerald et son épouse Zelda, cités par Lady Edith (en même temps que Coco Chanel). Cette dernière profite d’ailleurs de ce voyage pour reprendre son métier de journaliste après avoir eu un enfant et mener sa vie de femme moderne, avec la bénédiction de son époux. Et comme c’est l’été, le film nous montre les premières tenues dénudées : Tom Branson et son épouse se délectent des bains de mer dans les maillots tricotés typiques de l’époque.

Du côté d’en bas, des domestiques, plusieurs lignes narratives se développent au cours du film : Daisy et Andy, maintenant mariés, cherchent une solution pour vivre juste à deux, sans Mr Mason qui occupe le cottage avec eux ; Thomas Barrow se débat toujours avec son homosexualité (l’époque ne lui offre que peu d’issues) ; Mr Moseley revient pour aider et se trouve un nouveau rôle…

Le film continue l’histoire des six saisons de la série et du film réalisé en 2019, toujours sur un scénario de Julian Fellowes qui excelle à décrire la vie de la noblesse anglaise de l’époque edwardienne, ainsi que celle du personnel de maison. La période est intéressante pour montrer les changements dans la société qui apparaissent dès la Première Guerre mondiale : les femmes s’émancipent progressivement, commençant à travailler à l’extérieur, la technologie vient bouleverser certaines habitudes (le téléphone, le cinéma, les voitures…), les robes se raccourcissent, la différence entre classes sociales s’émousse quelque peu… Ces thèmes ne sont pas abordés en profondeur dans Downton Abbey mais ils apparaissent à un moment ou l’autre de l’histoire, créant des points qui chamboulent les habitudes. Il y a clairement cette opposition entre les progressistes comme Lady Edith et les traditionnalistes, comme le majordome Carson qui a bien du mal à s’adapter aux nouvelles mœurs (et à la chaleur du sud de la France).

Simon Curtis, le réalisateur, insuffle un certain dynamisme à l’histoire, tout en continuité avec le film précédent et la série. Il y a les nombreux plans aériens, assez rapides, survolant le château et la campagne environnante, mais aussi la demeure française ; les scènes à l’intérieur qui dévoilent les diverses pièces de la demeure, la bibliothèque et l’immense escalier du hall central ainsi que la cuisine et les quartiers des domestiques.

Downton Abbey: A New Era n’est pas un film qui va révolutionner le monde, mais il atteint le but recherché : divertir le public avec des lignes narratives plutôt captivantes mais relativement simples, parsemées d’émotions et de touches d’humour, effleurant certaines questions du moment. L’attention aux détails est poussée dans les costumes et les décors, et certains des dialogues sont mordants – même si on regrettera que les joutes verbales entre Lady Violet et Lady Merton soient relativement limitées. Ce film apporte un nouveau souffle à la saga de cette noble famille anglaise, après un premier film qui avait ennuyé par son manque de rythme et de rebondissements. Il marque, comme le dit le titre, une nouvelle ère avec Lady Mary qui reprend le flambeau de son père et de Lady Violet (et qui risque bien de l’égaler dans les remarques acerbes mais tellement drôles). C’est un film quelque peu mélancolique et sincère, où tout problème est résolu avec bienveillance, racontant la vie d’hommes et femmes qui tentent de trouver leur voie dans un monde qui change. Parfois, il n’en faut pas plus.

Downton Abbey: A New Era – Simon Curtis

Royaume-Uni – 2021 – 2h06


Texte: Anne-Sophie De Sutter

Crédits photos: Universal Pictures

La série Downton Abbey à PointCulture, et le premier film


Downton Abbey: A New Era

Agenda des projections :

Sortie en Belgique le 4 mai 2022, distribution Universal Pictures

Le film est projeté dans la plupart des salles de Belgique.

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