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Critique

13M2

publié le

David Delabrosse a un talent fou pour raconter, mettre en histoire, avec une gravité nonchalante. Un peu de ce penchant maladif propre à la nouvelle scène folk. Mais l’écriture est saine, perspicace dans sa

David Delabrosse a un talent fou pour raconter, mettre en histoire, avec une gravité nonchalante. Un peu de ce penchant maladif propre à la nouvelle scène folk. Mais l’écriture est saine, perspicace dans sa
simplicité, rigoureuse, et, dans son négligé vaguement cynique, laisse percer toute sa tendresse blessée. « Le flegme sarcastique hérité sans le savoir de Jehan Jonas » (H. Hazéra, Libération) comme élégance du paumé moderne. Et comme on sait, les paumés, ce sont de vraies éponges gonflées de toutes les pathologies sociales les plus crasses, graves ou gratuites. D’où ce fil narratif impeccable des textes, comme un nerf douloureux et changeant, fil lancinant qui traverse en zigzag les halos magiques des contes musicaux arrangés par Yann Tiersen, plein de nuances et de magie. Toutes les chansons sont reliées entre elles par des correspondances, des échos, des reflets, des passages secrets. Des miroirs subtils. Des rebonds poétiques. Toutes les chansons s’organisent autour d’un diaphragme palpitant, tantôt le reflux, l’abandon, l’échouage, par exemple dans ce 13m2 « drastique ». Ensuite la rencontre avec des forces aux visages multiples, aléatoires, qui poussent à repartir dans le flux vers la vie et les autres. Une étreinte. Un petit garçon. Ce n’est pas blanc et noir. Reflux et flux sont mêlés, s’enlacent. Surtout, il y a les chansons, véritables molécules qui tissent malgré tout des liens vivaces avec l’univers, le cosmos. Force douce et durable d’attraction multidirectionnelle. Le réel est bien là du reste dans ce dialogue avec l’assistante sociale en vue d’établir un contrat d’insertion.
Il y a des tubes potentiels. Entre autres L’Étoile du Nord en duo avec Françoiz Breut. Ou encore Y’ a sûrement plus malheureux que moi (mais moi les autres m’intéressent pas). Heureusement, les chansons de David Delabrosse ont aussi, quand il le faut, un petit côté pas sympa bienvenu, piquant.


Pierre Hemptinne
 

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