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Critique

DA TRAK GENIOUS

publié le

À la suite des deux volumes des compilations Bangs & Works, le label Planet Mu poursuit son exploration du juke et du footwork avec deux albums consacrés à des artistes du genre : DJ Nate et DJ Roc.

Largement responsable de la découverte et de la diffusion du genre en Europe, Mike Paradinas et son label poursuivent leur pari d’importer le juke et ses artistes de ce côté de l’Atlantique. Style à classer quelque part entre le hip-hop, la dubstep et la jungle, il est à l’origine indissociable des danses qu’il accompagne – le footwork, le jit, etc. – et des bloc-parties underground de Chicago. Dérivé de la house, mâtiné de Miami Bass, c’est à l’origine un genre essentiellement fonctionnel, les morceaux sont assemblés dans l’urgence pour la party du soir, sur un schéma préétabli, et sont avant tout prévus pour être mixés à d’autres, par fragments, ce qui explique leur aspect parfois brut, leur manque de finition.
Malgré son jeune âge, DJ Nate, alias Nathan Clarck, s’est déjà construit une réputation locale à Chicago avec ses Footwork Traks instrumentaux. Son album pour Planet Mu est par contre rempli à ras bord de voix, empilées, entassées, accélérées pour semble-t-il pouvoir en caser encore plus. Elles produisent un effet hypnotique, désorientant et un peu intoxicant, qu’amplifie encore la piste rythmique, hésitant entre une frénésie spasmodique et un minimalisme contemplatif, pour combiner les deux en un mélange complexe et contre nature. Son album, malgré sa surexcitation quelquefois hystérique et ses schémas de composition un peu systématiques, parvient à ne pas être monocorde ni trop répétitif, et DJ Nate parvient à imposer une personnalité à ses morceaux. Passé le buzz journalistique autour d’une nouvelle danse ou d’un nouveau genre musical (découvert au loin alors qu’elle s’était développée presque en autarcie comme une tribu amazonienne isolée), le juke s’est progressivement intégré comme une influence majeure dans la musique anglaise (principalement londonienne) profitant de cet apport de sons frais pour décoincer l’orthodoxie naissante du dubstep.

Benoit Deuxant