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Critique

Comédie douce-amère : « Tempura », un film d'Akiko Oku

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Japon, cinéma japonais, amour, Tokyo, comédie

publié le par Anne-Sophie De Sutter

Une comédie douce-amère qui met en scène une jeune femme célibataire un peu décalée, au cœur de Tokyo.

Mitsuko, 31 ans, vit seule à Tokyo. Chaque jour, elle imagine une activité pour s’occuper, un défi pour sortir de sa bulle. Elle est en effet très solitaire, peu sûre d’elle-même et légèrement décalée. Sa seule amie est Nozomi, qui est aussi sa collègue de bureau. Quand elle est dans son minuscule appartement ou même quand elle est en rue, elle parle régulièrement à « A », un personnage imaginaire qui représente une autre part de sa personnalité. Ces dialogues sont souvent très animés, oscillant entre joie, colère et tristesse. Un jour, elle rencontre Tada, un jeune homme tout aussi timide qu’elle. Ils vont se rapprocher quand il lui demande un peu maladroitement de cuisiner pour lui.

Ce film de la réalisatrice Akiko Oku est basé sur un roman de Risa Wataya, connue pour ses récits qui ressemblent à des bonbons sucrés et acides à la fois, pour ses histoires douces amères décrivant certains aspects de la société japonaise. Mitsuko s’est renfermée sur elle-même suite à des histoires du passé qu’elle a mal vécues mais a l’air malgré tout heureuse dans ce monde un peu décalé qu’elle s’est fabriqué. Les défis qu’elle se lance lui permettent de passer outre certaines de ses angoisses : quand elle prend l’avion – ce qu’elle déteste – ou que « A » lui parle en pleine rue, cela crée des scènes très drôles. La légèreté de celles-ci est un agréable contraste avec le sujet bien plus profond de sa solitude et de son caractère quelque peu neuro-atypique.

Le titre français du film insiste sans doute un peu trop sur le côté gastronomie – dans la première scène, Mitsuko prépare en effet des tempuras, mais des tempuras en plastique. La cuisine est cependant une manière pour Mitsuko et Tada de s’apprivoiser. Ils se croisent au bureau mais c’est dans la rue, devant une échoppe de croquettes, qu’ils se parlent pour la première fois.

La caméra portée à l’épaule d’Akiko Oku suit Mitsuko au plus près, mais se pose aussi par moments, observant les relations entre les différents protagonistes. Elle passe de l’appartement minuscule de l’héroïne, où justement elle bouge dans tous les sens, à des scènes plus larges, montrant le quartier de Tsujiki à Tokyo, et même des bouts de Rome quand Mitsuko rejoint son ancienne amie d’université, Satsuko.

Le film possède quelques longueurs mais il explore un sujet intéressant, celui de la condition féminine au Japon et de la solitude. En effet, dans ce pays, être célibataire à 31 ans reste mal vu (même si c’est de plus en plus courant) et le besoin de se conformer est important, ce qui peut provoquer des problèmes psychologiques. Certains passages sont poignants d’honnêteté, d’autres sont très drôles par leur côté un peu décalé. La timidité des deux personnages principaux et leurs conversations maladroites font tout le charme de ce film.


Tempura (Watashi wo kuitomete), Akiko Oku

Japon – 2020 – 2h13


Texte : Anne-Sophie De Sutter

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