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Critique

ITINÉRAIRES

publié le

Itinéraires d’un enfant gâché

 

Itinéraires d’un enfant gâché

Un travelling avant et le temps semble se figer et capturer en quelques secondes tout le tragique à venir. Car le film commence par un retour aux sources d’un destin scellé; un brin d’insouciance, de bonheur partagé et de quiétude. Puis le drame. Retour au plan initial qui va servir de catalyseur à l’ensemble du film. La caméra serre son personnage de plus en plus, de manière presque imperceptible comme une résonance à la fatalité qui l'enferme un peu plus à chaque instant.
En nous racontant cette destinée perdue (celle d’un jeune homme rattrapé par son passé pénitentiaire), Christophe Otzenberger prend le parti de s’intéresser avant tout à son personnage principal, délaissant la critique sociale ou le misérabilisme facile. Habitué des documentaires, il sait se servir de son expérience dans ce domaine pour insuffler à son film toute la vraisemblance qui sied au propos. Sa caméra serre au plus près les acteurs qui, comme cloués à leur quotidien, n’arrivent à échapper à la pesanteur constante de leur destinée. Le réalisateur distille néanmoins une forme d’espoir tout au long du film, ce qui ôte toute condescendance à son sujet. Essentiellement focalisé sur le personnage principal de son histoire, il n’en oublie pas pour autant les autres rôles qui permettent de définir encore plus son «héros» et de lui donner plus d’ampleur.
S’il choisit la fiction comme vecteur, c’est aussi pour la liberté qu’elle offre tant au niveau scénaristique qu’au niveau formel. Sa mise en scène dépouillée et son rythme syncopé donnent au film cette âpreté et cette dynamique proche du thriller tout en se ménageant quelques inserts plus poétiques mais non moins violents dans leur portée.
Ne noircissant jamais le trait, il nous offre un film râpeux, filmé à hauteur d’homme dont la pudeur et la retenue ne peuvent que renforcer la crédibilité. À la fois drame contemporain et thriller social, Itinéraires laisse planer les ombres de sa lumière crépusculaire bien au-delà du générique de fin.
Michaël Avenia

Selec

 

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