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Critique

HYMNE

publié le

En apparence, si peu de fard devant les affres du doute et de l'existence.

En apparence, si peu de fard devant les affres du doute et de l'existence. Si peu de réserve face aux fausses pudeurs bleuies, aux morsures de la conscience du temps qui passe. Sous le couvert d'un verbe libre ampoulé de percaline, dans les plis de soi mordorés, se mire Chet. L'inébranlable (2000) pratiquant L'amour à la française dans les limons, moins acides qu'un Miossec, aussi érotisés qu'un Gainsbourg. Brumeux comme un Murat, il se plaît à dérouler une phraséologie attachante de mélancolie en autant de tulles gonflés de sensibilité individuelle primant sur la raison. Hymne , troisième album lyrique, romantique, porté en confidence devant la trentaine sonnée. Lové entre poésie et prose, avec des airs légèrement blasés et s'en remettant au destin, Chet (surnom tiré du légendaire Chet Baker) déclame ou chuchote ses états d'âme baudelairiens. Si les compositions paraissent simples et les mélodies en résonances, c'est que ce prêteur de plume (pour Arthur H, Ute Lemper, Olivia Ruiz) a l'irrésistible envie de jouer avec les phonèmes qui collent aux maux. Entre érotisme, homosexualité, intolérance, humour, amour et sexe sans complexe, autant de thèmes de prédilection déclinés avec gravité « légère » et soutenus par des mélodies économes (guitare, basse, piano), classieuses, étayées par David Hadjadj. À L'heure où leurs douces moitiés revendiquent avec ingéniosité et caractère leur différence, en ajustant le ton, en pratiquant le bourdon, en se délestant des susurrements, leurs alter-égo s'adonnent à sortir de l'ombre leur part de féminité. En juste retour de balancier, dans un glissement intellectualisé, nos guerriers aspirent au repos, sortent des placards d'un déterminisme et ce n'est pas sans plaire. Un retour plus ample de la chanson à texte finement ciselée, dépouillée de connotation péjorative, faisant la part belle aux références littéraires - tant par le calque emprunté aux pairs que par la musicalité qu'imposent les mots couchés (pas toujours par urgence ou universalité fédératrice) - s'affirme depuis Fersen, Bénabar, Belin, Lallement, Delerm... Le charme de ses ritournelles introverties réside par jeu de transfert d'un vécu personnel décliné et réapproprié par pans.
(Brigitte Lebleu, Charleroi)

 

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