Compte Search Menu

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies permettant d’améliorer le contenu de notre site, la réalisation de statistiques de visites, le choix de vos préférences et/ou la gestion de votre compte utilisateur. En savoir plus

Accepter
Critique

CHEZ FRANÇOISE

publié le

-

La carrière d’Arthur Blythe ressemble à la musique qu’il construit de son souffle et de son écriture (Blythe étant à la fois saxophoniste alto et compositeur éclairé) depuis le début des années 70.
Elle oscille entre les feux de la rampe et l’indifférence la plus totale de la part du public ainsi que des critiques.
Sa musique, elle, voyage entre l’avant-garde post-coltranienne la plus franche, à savoir le free jazz et le mainstream actuel qui poursuit jusqu’à aujourd’hui les lignes d’horizons défrichées par le cool et le hard bop.
À l’heure actuelle cependant, dans un jazz qui se languit d’un renouvellement qui ne vient pas, Blythe passe, comme le dit Francis Davis, pour « la figure magique de la réconciliation, la force du consensus auquel le jazz moderne est à la recherche depuis la mort de Coltrane, en 1967 ». Ce disque en est le brillant exemple.
Blythe n’est évidemment pas le seul : il serait malaisé de passer sous silence les musiciens qui actèrent (et actent) dans la même voix (citons-en quelques-uns uns : Carla Bley, tout un pendant de l’AACM, incarné par le Art Ensemble Of Chicago, Air, Charlie Haden, Jimmy Giuffre, etc.), esquissant une constellation dont Blythe n’est pas étranger.
La formation présente sur ce CD, lors d’un concert enregistré au Bim Huis d’Amsterdam, relève à la fois du goût prononcé du saxophoniste pour les textures nouvelles ainsi que des amitiés musicales auxquelles il ne cesse d’être fidèle.
Le trio sax alto, tuba, batterie s’inscrit dans une continuité (pensons aux différents albums que Blythe grava fin des années 70 avec un sextet incluant déjà tuba, violoncelle, percussions, trompette et batterie : écouter à ce sujet le dynamité The Grip).
La liberté qui en émane est synonyme de fraîcheur, que seule une forte cohésion de groupe peut offrir.
Ce qui fait date dans ce Spirits in the Field, outre la joie, l’aisance dont font preuve, entre autres les très funky One Mint Julep ou encore Break Tune #2, c’est le paradoxe qui s’impose à l’écoute de ces trois instrumentalistes. Chaque voix étant d’une indépendance rare, au service d’une interaction cependant étonnante.
Ils parviennent par là à une synthèse qui donne à leur art de vie un caractère irréductible, donc précieux.
MC

 

Classé dans