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Critique

END IT ALL

publié le

Le nouvel effort solo de l’une des chevilles ouvrières d’Antipop Consortium accueille du beau monde mais maintient de bout en bout le cap de la cohérence; et envoie la purée avec une jubilatoire dextérité !

 

Le nouvel effort solo de l’une des chevilles ouvrières d’Antipop Consortium accueille du beau monde mais maintient de bout en bout le cap de la cohérence; et envoie la purée avec une jubilatoire dextérité !

En 2009, Antipop Consortium sortait Fluorescent Black et mettait fin à 7 années d’inactivité musicale commune. Un disque de hip-hop flamboyant de démesure, architecturé autour de strates de beats robotiques syncopés et de matériaux synthétiques (voire rock) moissonnés sans ménagement sur quelques vastes portions de l’horizon électronique connu.

AC à nouveau replacé sur la touche pause, l’Américain retourne à une carrière solo déjà jalonnée de 3 étapes officielles (Tomorrow Right Now en 2003, Shock City Maverick en 2004 et un LP, Thorns, publié à compte d’auteur et en 2008) et d’un pas de côté significatif (Only, partagé avec Hamid Drake & William Parker).

beansMais qu’il la joue collectif ou demeure l’unique patron à bord, l’homme se reconnaît instantanément. Un flow saccadé de kalachnikov, la précision en sus, et une verve d’athlète-contorsionniste de la rime mais toujours bien regardant sur l’affect. La diction est implacable et les textes hallucinés, et le tout s’emboîte parfaitement dans un hip-hop qui garde les semelles rythmiques dans le goudron de l’electro glaciale du début1980 pour mieux se faire adjoindre « par surimpression », une foule de corps sonores parfaitement identifiables (pop, rock, techno, house, jazz, bruit…), minutieusement redécoupés et re-profilés aux nécessités d’un rap ni abstract ni intello, mais simplement en position d’ouverture maximale.

D’ailleurs, si le bonhomme a depuis des lunes pris l’habitude de fouler les scènes sans parti pris (de Kool Keith à The Locust en passant par Radiohead et Missy Elliott), et d’offrir ses services « au gratin » (Dj Shadow, Arto Lindsay…), il sait aussi retourner la pareille, tant les invités qui se bousculent au portillon de ce End It All pourraient former une dream-team idéale de l’e-pop (pour electronic) 2011.

Loin du mash-up de petit malin ou d’un album ticket d’entrée vers des sphères musicales plus rémunératrices, ce disque est simplement la preuve que le label Anticon (Why?, Dosh, etc.) qui publie ce disque sait encore y faire en matière de hip-hop barré mais accessible. Le cousinage avec le rap incendiaire d’Antipop Consortium demeure évident et toute intervention extérieure passe impitoyablement sous les fourches caudines de notre haricot en chef ! Le très sélect Four Tet est ainsi cantonné à deux fugitifs interludes (« Gluetrap s», « Anvil Falling »). Moins significatif que Clark dont on reconnaît aisément la patine sur le conclusif « Hunter ». Le collègue de label, Tobacco ne se laisse pas impressionner (les nappes bien fumantes de « Glass Goffins »), pas plus que Tunde Adebimpe (TV On The Radio) le temps d’un gospel paranoïaque (« Mellow You Out »). Quant à Tortoise, ils ne sont là qu’en pensée, le temps d’un « bump » fécond (« Electric Eliminator »).

Et de fait, pour les deux pièces maîtresses de ce disque - le rap quasi postpunk d’« Air Is Free »,  - on ne sait rien de l’invité (In Flagranti). Tandis que sur le flottant « Electric Bitch », on ne reconnaît nulle part la geste détournée de son prestigieux invité, Sam Fog d’Interpol.

En final, End It All ne peut même pas recevoir le qualificatif de foutraque, juste un peu frigide et mécanique par moments, preuve que ce « Mister Bean(s) » là sait parfaitement ce qui lui arrive !

Yannick Hustache

 

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