Daniel y Ana...
Si l’inceste est un sujet aussi délicat que tabou, il a le mérite de questionner sur certains fondements moraux, religieux, voire ethnologiques propres à notre société dite moderne.
Dans le film de Michel Franco, il y a un avant et un après. Fondamentalement, après « l’incident », la relation entre les deux jeunes gens n’est pas très différente, leur attachement l’un à l’autre est intact, mais la barrière de sécurité « morale » et implicite n’existe plus. Tout est donc a priori possible puisque les valeurs élémentaires on été transgressées. Le malaise est bien là et les désirs s’échappent de la boîte de Pandore, apportant avec eux mutisme et isolement.
Entre culpabilité à peine retenue et incompréhension, les deux protagonistes vont, chacun à leur manière, chercher à trouver ce qu’il y a après « l’acte ». Des réponses ou d’autres interrogations… Un futur ou un présent figé par la violation – bien involontaire – de l’interdit…
Pour son premier long métrage, Michel Franco offre un regard frontal et non pédagogique sur cette terrible histoire tirée de faits réels. On pense inévitablement à Gus Van Sant dans sa manière d’isoler ses personnages face à leurs angoisses ou à Michael Haneke (un des réalisateurs préférés de Michel Franco) pour sa mise en scène clinique et glaciale.
Évitant très intelligemment le piège du mélodrame poussif ou du voyeurisme malsain, le réalisateur mexicain (dont le film a été présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes) s’annonce comme l’un des cinéastes à suivre de près.