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Playlist

Trois perles rares de Johnny

Johnny 1968

publié le par Guillaume Duthoit

Depuis quelques jours – il fallait s’y attendre ! – , on nous rabâche les oreilles avec tous les gros tubes du monstre du show-business français qui vient de nous quitter en pleine Saint-Nicolas. Et pourtant, derrière ces scies FM à grandes dents, il y a des trésors plus raffinés quelque peu délaissés. Oui, Johnny, même s’il s’est toujours rangé du côté des conformistes, des non-rebelles, s’est laissé embarqué à plusieurs reprises dans des collaborations plus aventureuses qu’à l’accoutumée. En guise d’hommage, voici un choix de trois morceaux étonnants et assez méconnus de la légende française.

En rêve [Mick Jones - Tommy Brown - Ralph Bernet]

En 1968, le rêve de Johnny, c’est bien sûr la conquête de l’Amérique. C’est ce qu’il exprime dans la chanson « En rêve » qui figure sur son 11ème album studio Rêve et amour. Les paroles sont d’une banalité affligeante. Johnny y chante de manière quelque peu caricaturale. Et malgré tout, les frissons nous gagnent. Il faut dire que Johnny revient ici à ses premiers amours, le rock’n’roll, et qu’il savait s’entourer à l’époque de musiciens magiques comme le guitariste Mick Jones qui lui a composé ce titre. Ceci dit, « En rêve » nous prend avant tout par son groove et les parties de cuivres qui n’hésitent pas à dissoner merveilleusement dans les aigus. Et devinez qui est derrière ces arrangements audacieux ? C’est bien sûr le sorcier Jean-Claude Vannier, l’arrangeur français avec un grand « A » qui a transporté à des sommets, entre 1967 et 1975, les œuvres de Serge Gainsbourg, Claude Nougaro, Barbara, Nino Ferrer et bien d’autres. Un an plus tard, en 1969, Vannier sera l’arrangeur du méga tube « Que je t’aime ».

Le cœur comme une montagne [Ray Kennedy /Jack Conrad - adpt. M. Mallory]

Figurant sur Hollywood (1979), le 25ème album studio de Johnny enregistré à Los Angeles, la ballade « Le cœur comme une montagne » est une reprise du tube « Isn’t It Time» du groupe de rock britannique The Babys.

La version de Johnny possède une grâce qui arrive à sortir la chanson originale de sa mièvrerie. L’interprète n’a jamais chanté aussi bien et son timbre à l’époque possède sa plus belle coloration. Quelle pêche, quels rugissements ! Malgré des paroles caricaturales (comme toujours dans le répertoire du Johnny de l’époque), le charme opère pleinement. Enfin, on est pris par les chœurs et le groove du refrain qui fait entrer « Le cœur comme une montagne » au panthéon des meilleures chansons disco en français.

Tanagra [Brigitte Fontaine/Matthieu Chedid – Joseph Chedid]

La chanson « Tanagra » dont le texte a été écrit par Brigitte Fontaine pour –M– (Matthieu Chedid) qui l’a mis en musique avec son frère Joseph Chedid figure à l’origine sur l’excellent album Mister Mystère de –M– sorti en 2009. Pour cette chanson, Brigitte Fontaine s’est amusée à écrire des paroles crues comme on en avait jamais entendues dans la bouche et la voix fluette du super-héros de l’amour : « Je suis fou de toi/Viens dans mon épaule/Jolie Tanagra/Tu me fous la gaule/Mais tu te dérobes/Rivière perverse/Ton corps sous ta robe/Fuit comme une averse ».

En 2011, sortait Jamais seul, le 47ème album studio de Johnny que lui a écrit en grande partie Matthieu Chédid. Parmi la flopée de titres plutôt fades, on a la surprise de retrouver la très hendrixienne « Tanagra ». Et même si on peut préférer la version originale toute en contraste de –M–, il faut avouer que la version bestiale de Johnny est une réussite avec son taux de testostérone nettement plus élevé. On a choisi de vous faire écouter une version live (Bercy, 17 décembre 2010) où les deux stars s’en donnent à cœur joie quelques mois avant la sortie de l’album Jamais seul.

Quand –M– confia à Brigitte Fontaine que Johnny Hallyday allait faire une reprise de « Tanagra », la poétesse lui révéla : « Quand je t’ai envoyé ce texte, je l’avais écrit depuis déjà quelque temps. Il était destiné à Johnny Hallyday, mais je n’avais jamais osé lui envoyer ». Voilà donc, la chanson revenue à celui à qui elle était initialement destinée.