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Bruxelles au cinéma

Chantal Akerman - Toute une nuit
De 1910 à 2015, du noir et blanc à la couleur, entre cinéma de fiction et documentaires une série de regards sur une ville-patchwork qui a donné naissance à un terme urbanistique à connotation négative ("bruxellisation") mais qui se révèle plus photogénique et inspirante qu'on pourrait l'imaginer au premier abord...

Sommaire

Toto et sa sœur en bombe à Bruxelles (prod. Pathé frères, 1910)

Dans ce film touristique et ludique produit par Pathé Frères, deux enfants – Toto et sa sœur – nous font découvrir quelques vues et monuments célèbres de Bruxelles, depuis le centre et sa Grand-Place jusqu’aux bordures de la ville…  [MR]


Dimanche (Edmond Bernhard, 1963)

L'origine du film provient d'une commande du département cinéma du Ministère de l'Éducation nationale et de la Culture pour traiter « le problème des loisirs ». Edmond Bernhard remporta la commande, mais détourna le sujet pour évoquer la vacuité et l'ennui de l'existence.

Le cinéaste donne ses impressions d’un dimanche comme les autres si ce n’est que tout est mis en place pour évoquer un sentiment de délitement étrange : une musique de Fernand Schirren – abstraite et quelquefois inquiétante –, un montage savant de plans ciselés, quelquefois abstraits eux aussi, des motifs récurrents tels que des rues quasi désertes, des enfants qui jouent ou trompent l’ennui dans des bâtiments vides, une relève de la garde, un Musée des Sciences Naturelles, uniquement parcouru – ou hanté – par un gardien, sous la présence troublante de squelettes d’iguanodons…  [MR]


Les ateliers d’accueil, de production et d’écoles : le terreau du cinéma belge francophone

En 1978, Jean-Claude Batz, co-fondateur de l’Insas et producteur d’André Delvaux, imagine la belle utopie – bientôt mise en pratique – des ateliers d’accueil et de production : « De petites communautés naturelles et autonomes mues par un projet commun, rassemblées par des affinités électives, organisées en structures légères, appuyées sur des infrastructures de production et de diffusion soutenues par l'aide publique, des communautés artisanales ouvertes et accueillantes au monde extérieur, dont la taille, petite, assurerait la vitalité, le dynamisme, la souplesse ». Ces 13 structures dont une dizaine de bruxelloises – les ateliers de l’Insas, de La Cambre, l’A.P.AC.H. lié à l’Inraci, l’Atelier jeunes cinéastes, le Centre vidéo de Bruxelles, Graphoui, Caméra-etc. , le Gsara, Zorobabel et le Centre de l’audiovisuel à Bruxelles – seront le terreau sur lequel va s’épanouir toute la flore luxuriante du cinéma belge francophone (dans toute sa diversité, à l’exception des longs métrages de fiction : films d’étudiants, d’enfants, cinéma d’animation, documentaires, art vidéo, etc. ). À l’heure où les ateliers viennent de fêter leurs 40 ans d’existence (par des projections et un site reprenant une ligne du temps et des textes de Muriel Andrin de l’ULB), l’existence de ces inestimables espaces d’apprentissage et d’expérimentation se trouve tout à coup menacée de sombres coupes budgétaires.  [PD]



Toute une nuit (1982) et quelques autres films de Chantal Akerman

Sa ville, Bruxelles, Chantal Akerman aura commencé par l’exploser au « gaz de ville » (Saute ma ville, 1968). C’était il y a juste 50 ans, année insurrectionnelle s’il en est, Chantal Akerman avait dix-huit ans et avait à peine tenu quelques mois comme élève de l’Insas avant d’en claquer la porte. Le Musée du cinéma de Jacques Ledoux allait devenir son école de cinéma... Rien que les titres de quelques films qui émaillent son parcours racontent déjà son rapport à sa ville d’origine : Jeanne Dielman, 23 quai du commerce, 1080 Bruxelles (1975), Portrait d'une jeune fille de la fin des années 60 à Bruxelles (1994). Quand en 1977, vivant à New York, elle y tourne News From Home, le dernier mot du titre désigne bien sa ville d’origine d’où lui parviennent les lettres de sa mère et pour la comédie musicale Golden Eighties (1986), elle fait reconstruire en studio un bout de la galerie commerciale de la Toison d’Or…

- Quelle belle nuit ! Si on sortait… - Maintenant ? - Oui ! Allons en ville, allons danser ! — (Chantal Akerman, "Toute une nuit")

Mais notre film préféré d’Akerman sur Bruxelles et sans doute le plus beau film sur Bruxelles tout court n’est autre que Toute une nuit (1982). Dans l’unité de temps posée par son titre, le film propose un tour de la ville en 80 personnages mais en deux ou trois lieux de tournage principaux (une rue des Marolles, quelques bars, l’appartement de la productrice du film Place de la vieille halle aux blés – repeint de jour en jour en couleurs différentes pour incarner des lieux différents – et la rue résidentielle du côté de Grimbergen où habitaient les parents de la cinéaste). Filmé en 16mm couleurs à la limite de la sous-exposition par une Caroline Champetier, opératrice photo alors âgée de 25 ans, ponctué de trois scènes de danse bouleversantes tournées dans troiscafés bruxellois d’avant Frédéric Nicolay, cette ronde du désir, des couples qui s’étreignent, se font et se défont, se révèle plus chorégraphique (évoquant Pina Bausch à qui Akerman a consacré un documentaire) que bavarde et préfigure le Leos Carax de Boy Meets Girl et de Mauvais Sang[PD]

Au fond, l’histoire de mes parents fut pareille [à celle des parents de Samy Szlingerbaum]. Juifs polonais également (comme les parents de Chantal), travaillant comme eux dans la fourrure et la confection de vêtements. — Boris Lehman


Boris Lehman acteur et Bruxelles-Transit (Samy Szlingerbaum, 1980)

Présent depuis longtemps devant et derrière sa caméra, personnage de ses propres films, Boris Lehman comme Alice traverse allègrement la frontière poreuse entre son Bruxelles de cinéma et sa ville de tous les jours. On le croise, (quasi) pareil qu’en ses films, au tea room de la pâtisserie portugaise de l’Avenue de la Couronne, au magasin de photocopies, au cinéma Nova, etc. Pourtant, sorte d’équivalent cinématographique à l’équation poétique “a rose is a rose is a rose” de Gertrude Stein, “(a) Boris Lehman is (a) Boris Lehman (is a Boris Lehman)” est une formule en partie fausse et simplificatrice. Chaque Boris Lehman (le personnage ; à l’écran) est la présence, sans cesse légèrement déplacée et difractée de Boris Lehman (l’homme, l’acteur) par le prisme de la singularité de chaque film et des exigences de mise en scène propres à chacun de ses opus.

En 1980, Boris Lehman joue – aux côtés de deux futurs cinéastes, Hélène Lapiower et Micha Wald – dans le splendide Bruxelles-Transit. Dans un superbe noir et blanc au grain et aux effusions de lumière et d’obscurité assumées, dans la durée magique des plus beaux films de Tourneur (1h15), son ami Samy Szlingerbaum y enregistre entre quasi documentaire et bribes de fiction minimale l’installation à Bruxelles de ses parents et de son frère venus de Łódź en Pologne en 1947. Parlant – et chantonnant – en yiddish, sa mère raconte leur arrivée et leur installation dans une ville où « tout était encore comme pendant la guerre » tandis que trente ans plus tard son fils filme la Gare du Midi d’avant le Thalys et l’Eurostar : les trains, les voies, les quais, les salles d’attente et la salle « des pas perdus », les taxis sur les rues pavées dans la nuit… En 1986, après avoir réalisé Les Marches du Palais (1982), un documentaire sur le Mont des Arts, Samy Szlingerbaum meurt, à peine âgé de 37 ans.  [PD]

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Brussels by Night / How bright the city lights / Wie geld heeft is allright / 't Is duur, dat is een feit / Hier zoekt een vent een meid / Hier zoekt een bok een geit / Snel vliegt de tijd / De kamers met ontbijt / Brussels by Night — Raymond van het Groenewoud

Brussels by Night (Marc Didden, 1983)

Au tout début des années 1980, un cinéaste bruxellois débutant (non passé par la case "court métrage" avant de se lancer dans un premier long), formé autant dans les quinze cinémas de quartier d’Etterbeek et de Saint-Josse qu'au Rits (pendant flamand de l'Insas), journaliste à Humo (version moins télévisuelle et plus mordante du Télémoustique au nord du pays), tourne un premier film urbain « no future », une sorte de « road movie statique » mis en musique par Raymond van het Groenewoud. Marqué par le punk (Didden avait coréalisé Gisteren zal ik de pogo dansen pour la BRT) mais trop âgé pour en faire partie, influencé par Alberto Moravia et Extérieur nuit de Jacques Bral (1980), se basant sur les repérages du photographe Herman Selleslags, Didden filme à petit budget, en souvent moins de trois prises, sur une pellicule 16mm de plusieurs marques différentes,  un « character driven movie » dans lequel un personnage central désabusé et volontiers désagréable, une serveuse de bar et un chauffeur de tram marocain évoluent de la Gare du Nord – et du quartier détruit qui l’entoure – au boulevard Adolphe Max, et des galeries commerçantes, des stations de pré-métro, des bars et boites de nuit du Centre au plan incliné de Ronquières… Une fois terminé, Brussels by Night marqua profondément les esprits des spectateurs en festivals (primé à San Sebastian et Londres), dans les 50 pays où il est projeté mais aussi en Flandre : « Il y a ce film dans notre jeunesse qui nous bouleverse complètement, ce film qui nous fait voir que le cinéma peut tout, que c’est l’art ultime… Pour moi, ça a été Brussels by Night, un film après la vision duquel j’ai été mal pendant deux semaines. » (Nic Balthazar, homme de télévision et réalisateur gantois).  [PD]



Verboden te zuchten / Le Pressentiment (Alex Stockman, 2001)

À la fin d'un premier amour, Joris 26 ans, se retrouve seul à nouveau. Il décide de troquer « la ville de sa vie », Bruxelles, pour un lieu plus ensoleillé. Un pressentiment l'empêche cependant de poursuivre son chemin vers la Gare du Midi. Il revient sur ses pas et prend ses quartiers provisoires dans un vieil hôtel. Joris va rester encore quatre jours et quatre nuits sous l'emprise de la ville, dans une zone d'ombre entre souvenir et oubli, rêve et éveil. Héritier d'un certain cinéma belge (L'Homme au crâne rasé par exemple), proche de celui de son cousin Leos Carax, ce film plein de symbolisme et de non-dits traite habilement de la disparition de soi dans une société de plus en plus déshumanisante.  [MA]


Fat Cat (Patricia Gélise - Nicolas Deschuyteneer, 2013)

Second long métrage du duo Patricia Gélise et Nicolas Deschuyteneer (après Gerda 85), Fat Cat propose une plongée sombre dans une ville de Bruxelles mal famée, une ville constamment en chantier. S’il est fortement influencé par le film noir américain et les films de Fassbinder, Fat Cat, sous ses dehors de polar urbain, aborde avant tout la question de l’urbanisme bruxellois et sa logique du « Tout raser pour tout remplacer ».  [MA]


Tous les chats sont gris (Savina Dellicour, 2015)

Détective privé solitaire âgé d’une quarantaine d’années, Paul observe discrètement une jeune adolescente - Dorothy, 16 ans - qu’il croit être sa fille. Issue d’un milieu bruxellois bourgeois, cette dernière ne supporte plus les silences de sa mère à propos de son père biologique, et finit par engager Paul afin qu’il fasse toute la lumière sur ses origines. Le Bruxelles de la réalisatrice Savina Dellicour se divise, dans cette enquête de paternité presque conventionnelle, entre les quartiers cossus et verts où le secret et le non-dit se cultivent derrière les rideaux, et ceux du centre-ville où la vie se déploie sans fard, à l’aune des passions qui s’y expriment avec davantage de force et de liberté.  [YH]


Les Barons (Nabil Ben Yadir, 2008)

Mounir, Hassan et Aziz sont les « barons » auto-proclamés de leur quartier (Molenbeek), les dévots d’une philosophie qui consiste à en faire le moins possible dans l’existence. Mais entre les promesses d’un avenir morne et borné - chauffeur à la Stib et/ou marié à une inconnue choisie par la famille – les aspirations artistiques contrariées et les tiraillements d’un amour (et sœur de son pote) inavoué, c’est un peu la fin d’une adolescence très prolongée qui s’annonce. Davantage que son évidente habilité à glisser du registre dramatique au comique (et retour !), ce premier film de Nabil Ben Yadir fait montre d’un sens de la dérision (mais pas que) très belge, se déploie dans une géographie urbaine bruxelloise peu montrée à l’écran, et rend même un hommage discret à une célèbre journaliste du petit écran…  [YH]


Le Dossier B (Wilbur Leguebe, 1995)

Mêlant images d’archives et séquences de mises en scène, personnalités réelles et acteurs, photomontages et illustrations, le film se présente comme une enquête filmée – et une réflexion – sur la « bruxellisation » ou l’autodestruction systématique du patrimoine architectural de Bruxelles.

Dans une note, le cinéaste s’en explique : « Le Dossier B ne prétend pas asséner une vérité. Il présente une hypothèse pour le moins intrigante, à laquelle le spectateur est libre d’adhérer ou non. L’imaginaire sert de révélateur au réel. Le Dossier B, composé de fragments et de citations (…) trouble les pistes entre le documentaire et la fiction, explore les limites de la vraisemblance télévisuelle. La forme peut paraître ludique, les enjeux n’en sont pas moins réels : quelle sera l’image de la ville de demain ? »  [MR]


Bruxelles ou La Quête d’identité dans la série Archibelge (Olivier Magis, 2015)

Le film est tiré d’une série documentaire en trois volets qui explore l’architecture belge à travers trois de ses pôles les plus incongrus : l’étrange propension à construire en bordure des axes routiers (en Wallonie et en Flandre), la bétonisation de la côte belge, et, dans le cas présent, l’urbanisation bruxelloise chaotique.

À travers l’architecture, les auteurs des films se livrent à une intéressante analyse sociologique, qui peut irriter, amuser, et passionner. L’angle d’attaque privilégié pour évoquer Bruxelles est celui d’une ville de va-et-vient – accueillant chaque matin des employés qui se rendent au bureau, les voyant repartir chaque soir –, qui ressemble peu à peu à une zone de transit, dont les grandes tours de bureaux contribuent à l’identité d’une ville laide, abandonnée.  [MR]


Bruxelles sauvage (Bernard Crutzen, 2014)

Un soir qu'il rentrait chez lui à vélo, le cinéaste tombe nez-à-nez avec un renard qui lui barre le passage et le regarde avec insolence. Avec l'air de dire : « Que fais-tu là ? ». Depuis lors, le réalisateur cherche à lui retourner la question : « Et toi, que fais-tu à Bruxelles ? La ville est-elle pour toi ? ». La question vaut aussi pour d’autres espèces dont on ne soupçonne pas la présence en ville…

Chaque fois qu'un citadin est confronté au sauvage naît un sentiment où se mêlent fascination et méfiance. Le film explore cette cohabitation où il est question de transgression et d'une acceptable proximité.  [MR]



Une playlist de PointCulture
coordonnée par Anne-Sophie De Sutter
et réalisée par Marc Roesems, Michaël Avenia, Yannick Hustache et Philippe Delvosalle.

photo de bannière :
une des entrées de la gare centrale dans Toute une nuit (1982) de Chantal Akerman


Mais encore : Cinq vues de Bruxelles (Alexandre Promio, 1897) - Saïda a enlevé Manneken Pis (Alfred Machin, 1913) - Un Soir de joie (Gaston Schoukens, 1955) – Sonate à Bruxelles (Émile Degelin, 1955) – Le Départ (Jerzy Skolimowski, 1967) – La Cage aux ours (Marian Handwerker, 1974) – Un joli petit coin (Patrick Van Antwerpen, 1980) – Floréal (Thierry De Mey, 1985)- Toto le héros (Jaco Van Dormael, 1990) – Pièces d’identité (Mweze Ngangura, 1997) – Sur la pointe du cœur (Anne Lévy-Morelle, 2001) - Carnet de notes à deux voix (Rajae Essefiani et Frédéric Fichefet, 2001) - Meisje (Dorothée van den Berghe, 2002) – L’École de la tolérance (Roger Beeckmans, 2002) – L’Occupation des sols (Marie-Fran çoise Plissart, 2002) - Héron City (Frédéric Guillaume, 2002) – Façadisme, choucroute et démocratie (Gwenaël Breës, 2002) – À l’école 13 (Gérard Preszow, 2004) – Pour vivre, j’ai laissé (Güldem Durmaz, Bénédicte Liénard, Valérie Vanhoutvinck, 2004) - Dikkenek (Olivier Van Hoofstadt, 2006) – Komma (Martine Doyen, 2006) – Chats errants (Yaël André, 2007) – Marieke (Sophie Schoukens, 2010) – Le Monde nous appartient (Stefan Streker, 2010) – Waste Land (Pieter Van Hees, 2014) – Zeki (Karine Birgé, 2014), etc.

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