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Playlist

Berlin en musiques

Einstürzende Neubauten devant le stade olympique de Berlin
Qu'est-ce qui relie Carl Philipp Emmanuel Bach, David Bowie, Einstürzende Neubauten, Andrea Neumann et le techno viking de la Fuckparade? Rien de musical. Mais une ville: Berlin! Une métropole qui s'est souvent maintenue là où les tensions et les rapports de force génèrent une énergie forte et inspirante.

Sommaire

Carl Philipp Emanuel Bach: fauteur de troubles

Avec un pied dans l’époque baroque et l’autre dans le classicisme naissant, le Bach de Berlin se permet en outre de lorgner sur le romantisme. A lui seul il incarne en tout cas les grandes étapes qui vont y conduire, l’Empfindsamkeit (style sensible) et le Sturm und Drang (tempête et passion). Par ses silences, ses emballements brusques, ses contrastes, Carl Philipp Emanuel Bach fait du trouble émotionnel la signature de l’authenticité musicale. Chez lui se chevauchent comme des plaques tectoniques les progressions harmoniques héritées du baroque et la rondeur mélodique du style galant. Ce pouvoir d’anticiper l’avenir finit par lui assurer une notoriété qui éclipsera celle de son père Johann Sebastian. Au cœur du 18ème siècle, lorsque l’on parle de Bach, c’est de Carl Philipp Emanuel. [JL]



La première École berlinoise du Lied

Elégance, charme et plaisirs: marqueurs d’une société qui s’émancipe

L’Allemagne passe pour avoir contourné les révolutions  et obtenu par la culture les changements de société acquis ailleurs au prix du sang. Ce tracé à la fois historique et culturel, appelé aussi Sonderweg, « chemin particulier », trouverait son origine dans une entente entre  bourgeoisie et aristocratie terrienne, le tout chapeauté par des princes éclairés, cultivés, presque progressistes et souvent artistes. Le règne de Frédéric II de Prusse confirme cette particularité quand, des sphères de la musique savante, surgit un genre populaire s’il en est : le Lied strophique. Théorisée dans le traité « De la poésie musicale » (1752) de Christian Gottfried Krause, cette alliance entre musique et poésie dite anacréontique (élégante, légère voire érotique) marque la première École berlinoise du Lied et ouvre la voie vers le lied romantique.  Clarté du texte, forme strophique, mélodies simples et expression naturelle des émotions supplantent l’aria italien, la basse continue et les sophistications baroques. L’esprit de l’Empfindsamkeit (style sensible) est au rendez-vous pour cette aventure naissante du Lied strophique ; son représentant notoire Carl Philipp Emanuel Bach s’y distingue au côté de Johann Joachim Quantz, Carl Heinrich Graun  et de l’injustement oublié directeur de la Cathédrale de Berlin, Johann Philipp Sack. Un tirage généreux de leurs Lieder saura parachever une accessibilité stylistique au plus grand nombre.   [JL]



Alexander Von Schlippenbach, pionnier-pianiste

Pianiste de jazz né à Berlin, ce pionnier de l’improvisation libre, est (co-) fondateur du mythique label Free Music Production (FMP) et du Globe Unity Orchestra, un des premier big bands à mêler écriture et improvisation. Fort d’un style pianistique vigoureux et doté d’une personnalité au charisme puissant c’est « l’homme clé » de ce qu’on nomme le free jazz européen.

Voici une vidéo récente (2015 - extraite du documentaire Jazz Shaman de Immo Horn) montrant le pianiste seul face à son clavier (chez lui semble-t-il) dans une sorte d’improvisation introspective, tissage d’élans « tachycardiques  », semblants de mélodies et accords à la dérive.  [BB]




Le mythique studio Hansa

Le Hansa Ton Studios restera à jamais lié à la période où David Bowie (bien aidé par Brian Eno, Robert Fripp et Tony Visconti) enregistra ses albums les plus innovants (Low et Heroes) et où il produisit les deux disques les plus importants de la carrière solo du chanteur des Stooges, Iggy Pop. Sur Heroes, Bowie, Eno et Visconti investirent le second studio des locaux, un large hall situé tout près du mur de Berlin surnommé « Hansa by the Wall ». Visconti se souvient:

Trois gardes rouges russes qui nous regardaient avec des jumelles, des mitraillettes sur leurs épaules. L'atmosphère était tellement provocante, stimulante et choquante que le groupe jouait avec une grande énergie - je crois surtout qu'ils voulaient rentrer chez eux en fait. — Tony Visconti
Le lieu déjà chargé d'histoire servit de salle de réunions de la Gestapo pendant la seconde guerre mondiale et fut témoin des tensions socio-politiques durant la Guerre froide. Cette « ambiance » sombre et sulfureuse inspirèrent d'autres artistes comme Nina Hagen, Nick Cave, Depeche Mode, Killing Joke mais aussi U2 qui en 1991 accomplirent en ce même lieu ce qui est de loin leur meilleur album (avec encore Eno à la production), le très aventureux Achtung Baby[DM]

Tony Visconti évoquant l'enregistrement de l'album Heroes au Hansa Studio:



- À noter aussi le très beau travail photographique d'Esther Friedman, compagne d'Iggy Pop à l'époque et témoin privilégié des années berlinoises de l'iguane et de Bowie.


Post-punk et musiques industrielles

Dans les années 1980, Berlin est une ville coupée en deux et un avant-poste occidental en « terre socialiste ». Elle demeure cet improbable éden pour des « apatrides culturels » qui portent des noms à rallonge et fonctionnent tels des gangs «apparentés ». Ainsi, autour de la figure de l’Australien Nick Cave (The Birthday Party puis Nick Cave & The Bad Seeds), on trouve Crime and The City Solution. Les deux groupes sont présents dans Les Ailes du désir de Wim Wenders [cf. playlist Berlin au cinéma]
Membre un temps des premiers, Blixa Bargeld est aussi à l’origine d’Einstürzende Neubauten groupe « industriel » et expérimental, particulièrement urbain (dans la signification de son nom comme dans son instrumentarium de tôles frappées et de marteaux-piqueurs) dans lequel jouent aussi le percussionniste  F.M. Einheit et le guitariste Alexander Hacke. Autres combos locaux proches de tout ce bon monde, Die Haut, Sprung aus den Wolken ou côté féminin, Mona Mur ou encore Malaria ! , groupe post-punk de l’ominiprésente Gudrun Gut [cf. playlist Berlin en musiques électroniques]. Enfin citons la célèbre transfuge de la R.D.A. Nina Hagen qui a séjourné un temps à Berlin Ouest (1976-1977 - avant de gagner Londres puis les États-Unis) et y a enregistré deux albums au mythique studio Hansa.  [YH]


Un studio (de mastering), un label, un disquaire pour un dub urbain

Basic Channel et Maurizio sont deux des nombreux projets de Moritz Von Oswald et Mark Ernestus. Le premier a débuté sa carrière à Hambourg au sein du groupe Palais Schaumburg, puis s’est installé à Berlin où il s’est associé à Mark Ernestus, patron du célèbre magasin de disques et distributeur Hard Wax. Leur studio est installé dans un bâtiment du Kreutzberg, qui abrite également le magasin, les bureaux de leurs labels Basic Channel et Chain Reaction, et le studio de mastering Dubplates & Mastering. Leur intérêt commun pour le dub, déjà manifeste dans Basic Channel, se précisera encore avec le projet Rhythm & Sound, dans lequel ils collaboreront avec des musiciens et vocalistes jamaïcains (ou dominicains comme Paul St-Hilaire). Aujourd’hui Von Oswald est actif dans son trio avec Max Loderbauer (de Sun electric) et le batteur Tony Allen, tandis que Mark Ernestus produit de multiples projets en collaboration avec des musiciens africains comme Ndagga Rhythm Force ou Jeri-Jeri.  [BD]
-- voir aussi playlist Berlin en musiques électroniques





L'intérieur d'un piano - et d'une communauté de musiciens

Andrea Neumann, pianiste de formation jazz et classique née en 1968 à Freiburg et active depuis une petite quinzaine d’années au sein d’une scène berlinoise et internationale d’improvisation « à fleur de silence » (Annette Krebs, Axel Dörner, Toshimaru Nakamura, Sachiko M, etc.), joue d’un « cadre de piano (préparé) » – comme des entrailles d’un piano, d’un Innenklavier (« piano intérieur », du nom d’un de ses albums).

Pappelallee 5  (5 allée des Peupliers) est l’adresse, au centre de Berlin, un peu au nord d’Alexanderplatz, de la maison de musiciens où elle habite. Ce disque, fait d’une seule longue plage d’une demi-heure, est né d’une impossibilité (celle du silence, dans ce logement où les musiques jouées ou écoutées par ses colocataires finissent toujours par passer à travers les murs). Mais la musicienne a décidé de retourner le problème comme un gant pour tenter d’en faire une contrainte positive de création. La manière dont les jeux de guitare et de trompette de ses voisins Tony Buck et Axel Dörner ou l’accompagnement d’un élève flûtiste par son amie pianiste Angela Ballhorn ou encore le disque des Fuck Buttons, le duo électronique de Bristol, qu’écoute sa cohabitante Ekke Pilz, sont captés par ses micros contacts et se superposent à sa propre improvisation...  [PhD]




Techno: de la Love Parade à la Fuckparade

En 1997, plusieurs musiciens, dont Martin Kliehm (DJ Trauma XP) et le collectif Gabba Nation, se sont opposé à la dérive commerciale de la Love Parade et à son refus d’inclure des musiques plus radicales comme la gabber ou la techno hardcore. Ils ont alors mis sur pied une marche alternative, la fuckparade, à l’origine baptisée hateparade, qui se déroule le même jour, selon un parcours différent, partant généralement du club Bunker. (...)  [BD]
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C’est lors de l’édition 2000 qu’est apparue pour la première fois la figure du techno-viking qui est ensuite devenu un meme de l’internet.



Modeselektor + Moderat = Apparat

Plutôt qu’un énième super-groupe, Moderat est une sorte de libre association électronique berlinoise entre d’une part, le duo Modeselektor (trois albums au compteur) constitué de Gernot Bronsert et Sebastian Szary, et d’autrepart, Sascha Ring, alias Apparat (au moins huit disques à son actif). En trois LP, un live et une foule de singles, ils sont parvenus à établir les contours d’une entité spécifique et « à part »: un hybride pop synthétique et noctambule entre mélancolie lumineuse instillée par une voix blanche (celle de Szary), et des rythmes et sonorités qui doivent autant à la techno pure et dure ou à l’IDM (« Intelligent Dance Music ») la plus barrée, qu’à l’electronica la plus éthérée!  [YH]
-- voir aussi playlist Berlin en musiques électroniques



Kunsthause Kule: l'art et la vie

La Kunsthause Kule est une association culturelle sans but lucratif située dans une ancienne maison au cœur de Berlin sur l’Auguststraße dans l’arrondissement de Mitte. La maison fut au départ un squat d'étudiants en art (peu de temps après la chute du mur de Berlin). De fil en aiguille le projet s’est structuré et a obtenu des fonds du Sénat pour soutenir sa rénovation et créer quatre étages d'espace de vie dédié (cuisine, salon et salon commun), un espace d'exposition, un théâtre et une galerie de façade. Fondée comme une communauté de praticiens créatifs et comme projet vivant, la maison s'appelle KuLe, abréviation de Kunst und Leben (« Art et vie »). Depuis trente ans le lieu propose un programme bouillonnant d’expositions, concerts, performances, résidences, workshops et conférences dans les domaines des arts visuels, de la danse contemporaine, de l’histoire de l'art, de la philosophie, du théâtre, de la musique expérimentale et de la musique électronique.  [BB]

Trace d'une performance datant du 7 Avril 2008 mettant en scène l’excellent trompettiste Axel Dörner, pionnier des notes tenues et souffle tubulaire, avec l’atypique danseur Diego Chamy. Une remise en cause de l'improvisation comme un genre trop défini. Drôle et loufoque.



La croisière de Käptn Peng sur la mer des mots

Du willst Erwachen, Enthüllung, Befreiung/ von allen Schleiern, dann bitte ich um Verzeihung/mit dem was ich zeige, schockt dich dein Verstand/ in Wirklichkeit bist du ’ne Socke auf ’ner Hand — Tu veux l’éveil, la révélation, la libération/ De tous les voiles, je prie de m’excuser/ Avec ce que

En 2009 les frères berlinois Johannes et Robert Gwisdek forment le duo de hiphop Shaban & Käptn Peng qui s’agrandit en 2012 pour devenir Käptn Peng & die Tentakel von Delphie. Les textes surréalistes décrivent des états de folie ou des monstres grotesques, avec toujours une bonne dose d’humour absurde. Käptn Peng & die Tentakel von Delphie ne sont certainement pas les premiers à s’éloigner des décors imaginaires chers à certains rappeurs, à savoir dents en or, sexe, violence…. Ils s’intéressent plutôt à l’origine de l’univers et au nombre π, tandis que leurs concerts reflètent l’ambiance originale de la culture hiphop marquée par la foule chantant les refrains en chœur.L’ensemble d’instruments utilisés est un véritable cabinet de curiosités : brosses, pots, sonnettes de vélo, synthé, beats électroniques, contrebasse. La guitare préparée rappelle le funky style des Red Hot Chili Peppers, les percussions métalliques et les variations rythmiques semblent s’inspirer des carnavals d’Amérique latine. Chaque album est autoproduit dans leur studio d’enregistrement à Berlin sur leur propre label Kreismusik.  [RC]




une playlist collective de PointCulture signée :

Roxana Černický, Benoit Deuxant, Jacques Ledune, Philippe Delvosalle, David Mennessier, Bertrand Backeland et Yannick Hustache.

photo: Einstürzende Neubauten (et leur instrumentarium), au début des années 1980 devant le stade olympique de 1936.

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