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Focus

Anvers (1) - URBNclassique #16

Goeyvaerts

publié le par Nathalie Ronvaux

Karel Goeyvaerts - Une abstraction habitée

D’abord attiré par l’expressionnisme rythmique de Bartok ou Stravinsky, Karel Goeyvaerts se tourne vers le pointillisme d’Anton Webern et le sérialisme d’Olivier Messiaen pour atteindre la fibre essentielle du phénomène sonore et une expression musicale davantage épurée. A ses yeux, la série dodécaphonique en soi ne représente pas la finalité musicale mais plutôt une modalité spatio-temporelle traversée par un souffle spirituel. Il est, dans ce sens, fasciné par l’ars nova du 14ème siècle qui a su intégrer l’inspiration religieuse à un cadre rythmique et structurel élaboré ; la Sonate pour deux pianos, n°1, qu’il interprète à Darmstadt en duo avec son ami Stockhausen, exprime, par l’abstraction de son écriture, une radicalité qui marquera les esprits, même si le sérialisme n’y est pas encore vraiment total.

Il faut en effet attendre son Concerto pour 13 instruments no 2 (1951) pour trouver un langage sériel sans concession qui rattrape en rigueur celui de Milton Babitt ou de Pierre Boulez.

A l’instar de Stockhausen, l’anversois Karel Goeyvaerts s’affirme comme pionnier de la musique électronique, exploitant de ce nouveau matériau les nouvelles possibilités d’articulation structurelle et surtout un son sinusoïdal que l’absence d’harmoniques préserve des résonances trop terrestres. (Compositions no 4, 5 & 7 pour bandes).


Les studios de l’IPEM à Gand et du NordWest Deutscher Studio de Cologne seront ses terrains d’expérimentation privilégiés.

Dès les années 60 et durant plus d’une décennie, en phase avec une défiance généralisée envers un sérialisme trop rigoriste, Goeyvaerts abandonne le contrôle absolu sur les processus de création et intègre l’aléatoire et l’improvisation (Zomerspelen pour groupe de trois orchestres, 1961). En explorant la dynamique entre son électronique et instrument traditionnel, il renonce aussi à une homogénéité de matériau qui valorisait les combinaisons abstraites (Stuk Voor Piano, 1964).

Après cette recherche expérimentale, il laissera l’abstraction pour un langage davantage incantatoire qui par ses répétitions et son minimalisme contredit la technique sérielle sans jamais cependant l’évacuer vraiment. (Aquarius 1983-1993)

Si, dans l’intention musicale comme dans son mode d’expression, Goeyvaerts semble en constante recherche d’intégrité, jamais il ne pratique l’exclusion. Toutes les voies qu’il a pu explorer n’ont fait qu’élargir sa cartographie musicale, mais contrairement à ceux qui se perdent dans tant de libertés, il a su rester à la verticale de son étoile.

Jacques Ledune