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Focus

urbAgora : dix ans de débats et d'idées pour la ville

Avril en ville - urbAgora - Liège 2018
« Débat » et « idées » sont probablement les concepts porteurs de toute l’action de l'association citoyenne liégeoise urbAgora. Rencontre avec son coordinateur François Schreuer.

Devant la monumentale (et plutôt mégalomane) gare des Guillemins de Calatrava une publicité propose le dernier numéro du Vif : « Après Publifin – Comment Liège se relève ». Une demi-heure de marche plus tard, au centre de la ville, dans l’entrelacs de ruelles derrière la collégiale Saint-Denis, nous rencontrons François Schreuer coordinateur de l’asbl UrbAgora qui à sa manière – citoyenne, politique, mais non-politicienne – s’escrime à souffler sur les braises du débat urbanistique.

En 2008, l’association est née du combat contre la liaison autoroutière Cerexhe-Heuseux/Beaufays. Regroupant des habitants des « quartiers péricentraux maltraités » (Outre-Meuse, Sainte Marguerite, Saint Léonard, etc.) excédés par la pression automobile sur leur cadre de vie et le peu d’investissement dans une offre en transports publics déficiente (« Liège est une des trois villes européennes de plus de 500.000 habitants à ne pas disposer d’un réseau de transport structurant. » rappelle Schreuer), urbAgora a contesté, via la plateforme StopCHB, la débauche de moyens investis par contre dans la poursuite de l’étalement périurbain de la ville et la fuite de ses habitants, du centre vers la banlieue pavillonnaire.

Sur le site urbAgora.be, bien visibles on lit les mots « Des idées pour la ville » et, un onglet plus loin, l’objectif de représenter « un lieu pluraliste et progressiste de mise en débat des questions urbaines »… « Débat », « idées » sont probablement les concepts porteurs de toute l’action d’urbAgora. « Quand on s’est lancés, il ne se passait quasi rien au niveau du débat urbanistique à Liège. Dans l’optique d’instaurer les fondements d’une démocratie urbaine, on a à maintes reprises essayé que les habitants de la ville aient leur mot à dire et que les décisions ne soient plus seulement prises à Namur par des décideurs issus de milieux sociologiques qui, au fond, n’aiment pas la ville ou par des politiciens locaux qui croient ne pas avoir de comptes à rendre entre deux élections. La première étape – loin d’être évidente – était donc de donner accès à l’information. Exemple : un document aussi important que le Plan urbain de mobilité (PUM), très utilisé dans les cabinets, n’est pas public ! Quand on a commencé, le débat local était complètement verrouillé, il était à peu près impossible de discuter du contenu d’un projet. Les seules options étaient le “oui” ou le “non”, le “pour” ou le “contre”. On s’est démenés pour instiller de la complexité, des idées là-dedans. »

Dans son accompagnement d’habitants mobilisés par une question urbaine – mobilité, patrimoine, etc. –, urbAgora entend être avant tout une « boîte à outils » ou une « rampe de lancement » qui permet aux gens de se rassembler, formuler une question d’intérêt général qui dépasse le « not in my backyard », leur donner des référents méthodologiques, les éclairer sur un dossier, faire émerger leurs envies d’action… Autour de l’aménagement du quartier des Guillemins, de la construction d’un parking sous la Place Cockerill ou du sauvetage de l’Observatoire de Cointe ou de quelques joyaux de l’architecture moderniste, l’association manie avec brio l’articulation entre l’action de terrain, le travail intellectuel, la contre-proposition (par exemple une très parlante et très commentée carte du réseau de tram idéal pour la ville), une présence incontournable sur le web et un amour évident du papier.

la splendide et inspirante revue « pour le débat urbain », Dérivations — Philippe Delvosalle
couvertures de la revue Dérivations - éditions urbAgoraEn matière d’information directe, mais aussi d’archivage des luttes, des témoignages et des réflexions pour le futur, aux différents sites dédiés (StopCHB.be, TramLiege.be, Guillemins.be, etc.) répond désormais la splendide et inspirante revue « pour le débat urbain », Dérivations (5 numéros et 2 hors-série en deux ans, consacrés entre autres à l’ULg dans la ville, au bus, à la fête ou aux derniers hauts fourneaux non rasés de Wallonie) et une émission radio.Après des débuts marqués par les défaites et les déceptions, la petite association de quatre permanents à mi-temps et de quelques dizaines de membres actifs enchaîne les victoires ces dernières années : « On a repoussé le multiplexe cinématographique Médiaciné, le projet de logements sur les terres agricoles du Ry-Ponet, on a gagné à la Place Cockerill, notre vision sur le RER à Liège est en train de faire référence et sur le téléphérique urbain en tant que réponse au relief escarpé de la ville, on ne nous rit plus au nez. L’idée fait son chemin, fait rêver – et réfléchir. »

 

vignette couverture Détours URBN - janvier à juin 2018




Philippe Delvosalle
article paru à l'origine dans le n° de janvier-juin 2018 du magazine Détours



Avril en ville

Pour fêter ses dix ans, urbAgora organise – avec une série de partenaires et de collectifs complices – un « moment pluridisciplinaire de réflexion sur la condition d’habitant en ville aujourd’hui ».

Du Vendredi 20 au Dimanche 29 avril 2018
au cinéma Sauvenière et en d'autres lieux de Liège
(dont PointCulture)

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