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Focus

"Next", une web-série sur l'effondrement de notre civilisation

logo next youtube

interview, effondrement, collapsologie, Pablo Servigne, Raphael Stevens, web serie, Clément Montfort

publié le par Frédérique Muller

« Next » est une web-série consacrée à la collapsologie, c’est-à-dire à l’étude de l'effondrement de notre civilisation à venir (crise de la biodiversité, changements climatiques, pénurie de pétrole et de ressources alimentaires, etc.). Chaque épisode est consacré à un auteur, une rencontre, un moment particulier d'échange et de réflexion. Ce projet est motivé par deux questions : Qu’est ce qui nous attend autour de 2020 – 2050 ? Comment s’y préparer ?

Sommaire

On retrouve dans les premiers épisodes les acteurs du cœur de la pensée collapslogue du moment : Pablo Servigne et Raphaël Stevens, Gauthier Chapelle (auteurs de « Comment tout peut s’effondrer » et « L’entraide, l’autre loi de la jungle »), Yves Cochet (ancien ministre et auteur de « Sauver la Terre » et « Pétrole apocalypse ») et une rencontre avec Anthony Brault (éducateur populaire, formateur et conférencier-gesticulant). D'horizons divers et engagés dans des pratiques différentes, tous ont en commun de porter une attention particulière à la manière dont le message est diffusé et aux émotions qu'il suscite. Avec une grande sensibilité, ils décrivent l’effondrement de notre civilisation dans un avenir proche, probablement avant 2050, et travaillent sur les processus à l’œuvre, scientifiques et émotionnels.

 

Leur travail se nourrit de la digestion d'études scientifiques, de livres et de rapports dans des secteurs tels que l’agriculture, le climat, l'économie, la biologie, etc. C'est donc avec un regard volontairement pluridisciplinaire et une intuition solidement nourrie qu’ils pensent l’effondrement de la civilisation industrielle.

 

Si le terme de collapsologie (du mot anglais « collapse : qui s’effondre d’un seul bloc ») est né d'une plaisanterie, il représente aujourd'hui un vaste mouvement de pensée qui s'étend et qui comprend ses précurseurs, son histoire et ses acteurs qui pensent et agissent dans des contextes très variés. Il ne s'agit pas (uniquement) de trouver des solutions à des problèmes pragmatiques tels que le transport, l’énergie, l'alimentation mais de repenser les institutions et les pratiques dans un système global, d'interroger notre rapport à la nature, nos représentations du monde et notre imaginaire.

 

L’objectif de cette web-série est d'ouvrir un espace de rencontre pour tous ceux qui se sentent appelés, préoccupés, angoissés ou enthousiastes face à cette idée d’effondrement et souvent bien seuls dans leur entourage. La collapsologie s’invite encore en effet comme l’indésirable sujet qui s’incruste à table dans le milieu environnementaliste parfois obnubilé par le désir d’idées positives et confronté à des constats critiques très radicaux. Pourtant avec la collapsologie, il ne s'agit pas de se complaire dans le négativisme mais bien de se préparer. Se préparer à des événements douloureux, à la fin du pétrole et surtout à vivre dans un monde d'incertitudes.

 

« Next » permet aussi à ceux qui découvrent le terme, d'en saisit les contours et ramifications. Son réalisateur, Clément Montfort, formé au sein de l’association La télé libre et auteur de longs métrages (La guerre des graines et Soigneurs de terre), a opté pour la forme de la web-série pour avoir un contact direct avec le spectateur, sans grille de programmes et autres contraintes de la télé, s’engageant dans un genre de « circuit court » de l’information. Le découpage en séquences permet de découvrir et d’interroger pas à pas cet énorme sujet de l’effondrement de notre civilisation. C'est dans une forme courte, sobre et avec un beau format noir et blanc que le propos des intervenants est restitué.

 

A noter : Il s'agit d'un projet soutenu par des plateformes de crowdfunding (plateforme Tipeee), ce qui permet de financer le matériel de tournage, les déplacements, etc.

https://www.tipeee.com/next-web-serie

 

 

Interview de Clément Montfort


Comment as-tu rencontré la collapsologie ?

 

Depuis mon premier film, La Guerre des Graines (France 5) réalisé il y a È ans, je travaillais sur les thématiques environnementales. J'ai poursuivi avec Soigneurs de Terres (France 2) car étant donné l'urgence en court, il m'était difficile d'écrire des films à propos d'autres sujets que l'écologie.

C'est par hasard, lors de l'été 2017 que je suis tombé sur le livre de Pablo Servigne et Raphaël Stevens, « Comment tout peut s'effondrer » alors que je partais en vacances. J'ai décidé de l'emmener avec moi et je l'ai dévoré. Tout à coup, je trouvais dans un seul et unique livre à la fois, une synthèse à 360° de l'état de la situation environnementale et une dimension que j'avais totalement ignorée jusqu'alors : l'aspect émotionnel. Pour la première fois, j'entendais des scientifiques parler de la difficulté qu'ils avaient au quotidien à vivre avec une telle thématique que celle de l'effondrement des écosystèmes et l'effondrement probable de notre civilisation. Leurs propos ont fait écho en moi, car depuis plusieurs mois, je réalisais que mon travail sur l'écologie m'affectait au plus profond. L'écologie, ou l'actualité de la mort des écosystèmes, était en train de me ronger de l'intérieur et je sombrais vers la dépression. Curieusement, j'ai trouvé dans leur approche « catastrophiste » mais « éclairée » du renfort. Tout à coup, il était permis de le dire : nous vivons une période déprimante. Mais il y a une bonne nouvelle, cela n'est pas une fatalité. Certes, nous ne pouvons pas empêcher l'effondrement en tant que tel, mais en revanche nous pouvons apprendre à ne pas nous effondrer nous-même, en tout cas, apprendre à se relever, et continuer la route, quelles que soient les turbulences qu'elle nous réserve pour l'avenir.

 

Pourquoi la forme de la web-serie ?

 

J'ai choisi de réaliser NEXT sur internet (YouTube en l'occurrence) pour être le plus libre possible. Editorialement et créativement. Le fait de ne pas dépendre d'une chaîne me permet de faire tous les choix que je veux, et ce à chaque épisode. Le choix du noir et blanc par exemple, pour l'aspect créatif, ou encore le choix de faire intervenir Didier Super dans mon épisode 6 sur le déni, succédant à un épisode avec un ancien ministre. Le fait d'être sur internet m'oblige à me démarquer le plus possible car la concurrence y est rude et aussi parce que je considère qu'il ne sert à rien d'être sur internet si c'est pour faire la même chose qu'à la télé, les même formes d'écritures audiovisuelles … Ensuite, j'ai choisi la forme d'une série plus que d'un « documentaire » unitaire, parce qu'elle permet de distiller les informations à dose homéopathique, épisode par épisode. Le format court se diffuse et se consomme mieux sur internet. Enfin, paradoxalement, ce format court me permettra de dire beaucoup plus de choses que dans un film d'une heure ou une heure trente. En effet, j'ai prévu de publier une vingtaine d'épisode au moins, donc sur plus de deux ans, à raison d'un par mois. Enfin, cette régularité me permet de constituer progressivement une communauté de spectateurs qui, progressivement je l'espère, attendent la sortie de chaque épisode. Enfin, le format court et thématique permet à n'importe qui de découvrir la série par un épisode ou un autre, ou encore de partager à ces amis uniquement la thématique qui l'intéresse.

 

Qu'est ce qui te guide dans tes rencontres avec les invités ?

 

Le choix de mes intervenants se fait par un mélange d'enquêtes approfondies et au fil de mes rencontres. Pour chaque épisode, je me pose la question de l'approche ou de la personne qui pourrait surprendre les spectateurs. J'ai aussi pris l'engagement de faire découvrir la galaxie des « collapsologues » donc il y a un certain nombre de personnalités du milieu qui sont et seront incontournables. Mais je ne me limite pas aux  personnages  évidents. Je veux aussi explorer des domaines qui à priori sont loin de la collapsologie mais se révèlent pertinents après coup. C'est dans cet esprit que j'interviewe un psychiatre dans l'épisode 6 sur le déni, qui n'a aucun lien particulier avec l'écologie à priori, en revanche, il peut nous apprendre beaucoup de choses sur les mécaniques psychologiques qui se jouent en nous lorsque que nous sommes face à des annonces potentiellement traumatisantes telles que l'annonce d'un probable effondrement de civilisation. Je suis aussi et surtout ouvert aux suggestions que me font les spectateurs de la série, qui sont eux même très informés. Ils m'accompagnent tous à leur manière dans ce projet, à travers leurs commentaires ou les mails qu'ils m'envoient. Je me sens vraiment entouré sur ce projet et c'est vraiment très encourageant. Sans ces spectateurs le projet n'existerait pas, car ce sont eux qui financent chaque épisode et qui me permettent de faire mon travail. C'est une liberté extraordinaire et je leur en suis profondément reconnaissant.

 

(Voir les épisodes ici)



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