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Focus

Lied germanique

Heinrich Albert, lied, Lieder, lied de nos jours, renaissance, Moyen-Âge, Lassus

publié le par Jacques Smuledune

Histoire du Lied germanique

Sommaire

 

DEFINITION :

« Lied » est le terme allemand pour désigner une chanson. C’est une pièce vocale, de caractère populaire ou savant qui met en valeur un poème écrit en allemand. Son origine se situe au Moyen-âge et son évolution se prolonge jusqu’à nos jours. Il se distingue de la mélodie française, forme voisine pour ne pas dire identique, par son appartenance à la tradition germanique. Entre ses deux formes poético-musicales anciennes, il existe une autre différence : alors que la mélodie française balbutie, le Lied est déjà à son apogée. Isolé ou faisant partie d’un cycle, il exprime un instant psychologique ou dramatique.

 

Le lied allemand peut se diviser en plusieurs phases d’évolution :

A/ Le Lied au Moyen-âge (Minnesanger).

B/ Le Lied à la Renaissance (polyphonique).

C/ Le Lied baroque.

D/ Le Lied classique.

E/ Le Lied romantique

F/ Le Lied au 20ème siècle.

G / Et le Lied de nos jours?

 

A/ LE LIED AU MOYEN-AGE (12ème-14ème siècle) :

Si le Lied est souvent associé à l’époque romantique et à ses nombreux maîtres dont Schubert, Schumann, Brahms et Wolf, son origine, bien plus ancienne, se situe à l’époque médiévale et peut être rapproché étymologiquement du lai (récit chanté). Les échanges dus aux différentes croisades favorisent les influences culturelles : à la suite des troubadours et des trouvères, un genre nouveau fleurit entre le milieu du 12ème siècle et le 14ème siècle : le « Minnesang ». Ce chant d’amour connu sous la forme d’une chanson monodique savante, probablement soutenue par un instrument, est interprété par des musiciens de cour itinérants. Il est aussi l’apanage de l’aristocratie. Walther Von der Vogelweide (vers 1170-1230) en est un représentant important : il couronne le développement de la chanson allemande et privilégie les thèmes d’amour courtois. Il aborde aussi la thématique de la politique royale et de ses rapports avec la papauté. L’abbesse bénédictine allemande, Hildegarde von Bingen (1098-1179) est aussi productive dans le domaine : elle compose 77 Lieder et le drame liturgique « Ordo virtutum » comprenant 82 mélodies.  L’évolution du « Minnelied » se décline sous plusieurs formes secondaires dont le « Tagelied » (aube) et le « Leich » ou lai non strophique.

 

AH3721: Hildegarde von Bingen, Ordo virtutum

 

AA3404 : Minnesang et prosodie, Thomas Binkley

 

AA3405: Minnesang in Südtirol, Michael Posch

 

B/ LE LIED A LA RENAISSANCE (15ème-16ème siècle) :

L’invention de l’imprimerie réalisée par Gutenberg en 1453 contribue à l’amélioration de l’uniformité au sein de l’Europe à partir de la Renaissance. Deux évènements vont marquer l’évolution de la musique allemande et en particulier le Lied :

- la Réforme de Luther donne un essor considérable à la création d’une musique vocale savante. Ce courant de pensée, les recommandations pratiques du réformateur et leurs applications quotidiennes dans les communautés religieuses vont permettre la création de corpus de chorals, mélodies simples qui peuvent être harmonisées pour plusieurs voix et chantées par tous.

Au 16ème siècle, il semble qu’il y ait un certain flou autour du genre: le Lied regroupe plusieurs types de chansons qu’il s’agisse de Lieder polyphoniques profanes ou spirituels, de motets,....  Les représentants de cette période sont pour la plupart, des élèves de Roland de Lassus (1532-1594) : compositeur prolifique, chanteur talentueux et auteur d’une œuvre abondante et diversifiée qui comprend une partie importante de polyphonie vocale. Il fera la synthèse entre les styles français, allemand et italien. Parmi les pupilles de cet homme illustre, citons Leonhard Lechner (1553-1606) ; Johannes Eccard (1553-1611) et Hans Leo Hassler (1562-1612).

-La guerre de Trente Ans (1618-1648) provoque des ravages et marque profondément la société allemande. Une des conséquences de cette période noire conduit la population à une exacerbation de la spiritualité, de la dévotion et a un impact important sur les courants de pensée, la création de poèmes religieux,...

 

AL1911: Roland de Lassus; Chansons, madrigals and lieder by Lassus

 

AL1912 : Roland de Lassus; Singphonic di Lasso

 

AL2892: Leonhard Lechner; Newe Teutsche Lieder

 

AE1006: Johannes Eccard; Mein Schönste Zier

 

AH1663: Hans Leo Hassler; Geistliche und weltliche Vokalwerke

 

C/ LE LIED BAROQUE (17ème-18ème siècle) :

Au 17ème siècle, Heinrich Albert (1604-1651) est le principal compositeur de Lied pour voix et continuo. Ses Lieder monodiques sont influencés par Roland de Lassus dont les recherches portaient sur la transcription musicale du texte. Albert s’approprie ce style de composition en veillant à en réduire le nombre de voix dans le chœur et en l’accompagnant d’un continuo.  Ils figurent parmi les premiers exemples du genre et se basent sur une poésie claire, symétrique. Ils abordent des sujets moraux ou pastoraux, profanes ou sacrés. Admirateur de Monteverdi (1567-1643) et élève d’Heinrich Schütz (1585-1672), Albert  publie une œuvre musicale importante dans le domaine du Lied: les huit parties des Arïen  publiées entre 1638 et 1651 contiennent 170 Lieder. En 1641, un cycle en douze parties, la Musicalische Kürbhütte, voit le jour.

Georg Philipp Telemann (1681-1767) ouvre le 18ème siècle avec une série de Lieder publiés en 1708, une deuxième série en 1733-1734, puis en 1741, il publie une œuvre intitulée « Odes en partie sérieuses, en partie amusantes ». Critiquant la pauvreté de la mise en musique des poèmes de ses contemporains, Telemann utilise encore le continuo. Le Lied accompagné par un clavier fait son apparition dans l’œuvre de Johann Valentin Rathgeber (1682-1750)

 

 BA 8215: Heinrich Albert; Lieder von Liebe und Tod

 BR 2552: Valentin Rathgeber; Tafel-Confect

 

D/ LE LIED CLASSIQUE:

Pendant la deuxième moitié du 18ème siècle, deux générations de compositeurs, regroupés sous le nom d’Ecole de Berlin, apportent une contribution importante à l’évolution du Lied. Ils sont attachés à la cour du roi de Prusse, Frédéric II et leurs contributions reflètent les goûts musicaux de ce souverain éclairé, lui-même compositeur et flûtiste. Citons Christian Gottfried Krause (1719-1770 ; Johann Joachim Quantz (1697-1773) ; Carl Heinrich Graun (1703-1759) et Carl Philipp Emanuel Bach (1714-1788) qui appartiennent à la première école de Berlin. Leur credo ? Une mélodie simple et naturelle, de forme strophique et d’un accompagnement discret.

La deuxième école de Berlin regroupe Johann Abraham Peter Schultz (1747-1800), Johann Friedrich Reichardt (1752-1814) et Carl Friedrich Zelter (1758-1832), proche de Goethe. Ils prônent une mélodie que chacun peut chanter et qui touche l’âme, tout en étant strophique et élaborée.

 Pour les compositeurs de la première école de Vienne, le Lied n’est pas considéré comme un genre central. Néanmoins, Joseph Haydn (1732-1809), W. A. Mozart (1756-1791) et Ludwig van Beethoven (1770-1827) en écrivent de nombreux exemples. Ce dernier qui compose 90 Lieder pour son usage privé, donne au Lied son caractère de pièce vocale accompagnée au piano. Le cycle, « A la bien-aimée lointaine » constitue par ailleurs un apport important au genre exploité plus tard par Schubert.

 

 CH 5394: Joseph Haydn; Lieder.

 CM 9573: Wolfgang Amadeus Mozart; Complete songs for voice and piano.

 CR 2870: Johann Friedrich Reichardt; Ausgewählte Lieder.

 CZ 1810: Carl Friedrich Zelter; Lieder.

 

E/ LE LIED ROMANTIQUE:

Deux compositeurs permettent d’approfondir la genèse du Lied romantique: Johan Rudolf Zumsteeg (1760-1802), auteur de  300 Lieder et ballades. Il aura une grande influence sur le jeune Schubert et Carl Maria Von Weber (1786-1826) dont les œuvres, particulièrement les opéras seront le terreau de Lieder devenus populaires par la suite. Tiré de son opéra Freischütz (1821), le Lied de Kaspar en est un excellent exemple.

CZ 8537: Johann Rudolf Zumsteeg; Balladen. DW 4682: Carl Maria Von Weber, Der Freischütz.

 

La période romantique verra un grand nombre de poètes mis en musique. En un premier temps, ils sont européens. A la fin du 19ème siècle, l’univers du Lied s’ouvre aux poètes non-européens, qu’ils soient chinois ou hindous.

Dans l’élaboration de leur tâche, les compositeurs ont souvent publiés leurs Lieder par recueils. Ils pouvaient ainsi les éditer ou les identifier par thématique. Cela aura d’importantes conséquences au niveau de la composition.

Franz Schubert (1797-1827) : Ses quelques 660 Lieder en font le maître incontesté du Lied romantique allemand. La mélodie est souvent simple, laissant une grande liberté à la compréhension du texte. Il joue sur les changements d’atmosphères et les couleurs des tonalités. Le plus souvent, il confie ses accompagnements au piano ou quelque fois, à la guitare. Il existe de nombreux arrangements ou orchestrations des œuvres de Schubert effectués par des compositeurs comme Reger, Brahms, Liszt, Webern, ... .

Robert Schumann (1810-1856) : ses 250 Lieder montrent une approche irrégulière laissant souvent une impression de fragmentation et d’inachèvement. Sa production s’effectue par vagues successives dans lesquelles il s’imprègne d’un genre musical différent : musique symphonique, musique de chambre, cycles de Lieder,....

Le genre du Lied va aussi attirer un bon nombre de compositrices, comme Fanny Mendelssohn (1805-1847) ; Joséphine Lang (1815-1880), sans oublier, Clara Schumann (1818-1896) qui en composera plusieurs dizaines.

Franz Liszt (1811-1886) : Ce voyageur attentif à l’émergence d’écoles nationales compose des Lieder allemands, des mélodies françaises, italiennes, hongroises, .... Avec exigence, il écrit pour ce genre des Lieder expressifs et virtuoses.

Richard Wagner (1813-1883) : S’il compose assez peu pour ce genre, ses Wesendonck-Lieder sont à eux seuls une référence tant ils sont aboutis, fluides et très expressifs. Ils ouvrent la voie à Strauss et à Schoenberg.

Johannes Brahms (1833-1897) : il compose quelques 200 Lieder dont de nombreux cycles.

Hugo Wolf (1860-1903) : Jusque là, le genre du Lied est cantonné à la sphère privée. Plusieurs défenseurs le propagent dans les salles de concert et en tournée. Hugo Wolf saisit cette opportunité et compose 350 Lieder qui ont pour particularité de se présenter comme des drames miniatures.

Richard Strauss (1864-1949) : il écrit quelques 200 Lieder sur une période de 80 ans.

Gustav Mahler (1860-1911) : Si un compositeur a pu donner une place centrale au genre du Lied, c’est bien lui. Plusieurs volumes sont publiés et proposent des cycles pour voix et piano, pour voix et orchestre. Coutumier du réemploi, Mahler n’hésite pas à donner plusieurs vies à ses thèmes au travers de ses symphonies et de ses Lieder. Il marquera profondément la génération de compositeurs qui graviteront autour de l’école de Vienne. 










F/ LE LIED AU 20ème SIECLE :

Influencés par Mahler, ces trois compositeurs – Arnold Schoenberg (1874-1951); Alban Berg (1885-1935) et Anton Webern (1883-1945) – ont beaucoup participé à la production et au rayonnement du Lied. Certains y travaillent une partie de leur existence, d’autres, en particulier, Webern consacre une bonne partie de sa vie à la composition de Lieder.

ES 2626: Arnold Schoenberg; GurreLieder.

 

EB5770: Alban Berg; Altenberg-Lieder.

 

EW 2975: Anton Webern; Lieder (intégrale)

 

Proche de cette école sans y appartenir vraiment, Alexander von Zemlinsky (1871-1942) contribue au genre en composant  une bonne centaine de Lieder. En ce qui concerne des œuvres plus tardives, citons les noms de Max Reger (1873-1916) ; Otmar Schoeck (1886-1957) ; Paul Hindemith (1895-1963) ; Paul Dessau (1894-1979) ; Kurt Weill (1900-1950).

EZ3208: Alexander von Zemlinsky; Lieder. / (Max Reger; Variationen und Fuge).

 

EE3457 : Hanns Eisler / Paul Dessau ; Brechts-Songs

 

EP5760 : Hans Pfitzner / Richard Strauss ; Lieder

 

EK7228:  Erich Korngold; Sonnett für Wien.

 

G/ ET LE LIED DE NOS JOURS ?

Dans la deuxième partie du 20ème siècle, les compositeurs se détachent petit-à-petit de ce genre souvent associé à la période romantique sans pour cela, rendre la production inexistante. Il existe bien des cycles de Lieder contemporains mais ils se montrent plus discrets dans le paysage musical en dépit de leurs qualités intrinsèques. Citons Wolfgang Rihm (1952) et Torsten Rasch (1965). On se tourne plus volontiers vers la France et vers Messiaen, Dutilleux ou Boulez. Mais là, nous nous éloignons du sujet initial, le Lied germanique.

FR 5344 ; Wolfgang Rihm ; Lieder

 

FR 1512: Torsten Rasch ; Mein Herz Brennt

 

Marie de Wautier

 

 

 

 

 

 

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