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Focus

La nature, les animaux chez Malicorne

Malmanach

Chanson, Chics clips

publié le par Guillaume Duthoit

Nombre de chansons traditionnelles du monde entier sont truffées de référence à la nature et aux animaux. Cette playlist vise à mettre en avant, dans le répertoire enregistré durant les années 70 par le groupe mythique Malicorne et par son leader Gabriel Yacoub en solo, les chansons traditionnelles où la nature et la faune jouent un rôle important.

Sommaire

Certaines chansons, dans un esprit plus terre à terre, évoquent les saisons ou expriment le dur travail au champ. D’autres ont recours à la métaphore, au symbolique en faisant jouer aux éléments de la nature et aux animaux le rôle de personnage-clef.

Dans les textes retenus pour ce parcours, il est souvent question d’oiseaux. On y croise l’alouette, le coucou, le rossignol, la caille, le corbeau et la pie. Ces oiseaux représentent l’amour, l’adultère ou encore symbolise la vie à la campagne. Pour en savoir plus sur la symbolique des oiseaux dans les répertoires traditionnels, je vous encourage vivement à lire l’article « Oiseau symbole, oiseau métaphore » d’Etienne Bours.

Enfin, Malicorne affectionnait tout particulièrement les histoires de bêtes fabuleuses. Ce n’est pas un hasard si un de leurs disques les plus marquants s’appelle Le bestiaire (1979).

 

LE TRAVAIL AU CHAMP

Couché tard levé matin [traditionnel/Gabriel Yacoub] (1977)

Le dimanche faut aller à la messe/Et le lundi il faut semer le grain/Couché tard levé matin/C’est pas ça qui fait du bien/De l’eau fraîche et du pain vieux/Ça ne rend pas vigoureux/Le lundi il faut semer le grain/Et le mardi faut aller faire les foins/Le mardi faut aller faire les foins/Le mercredi faut aller battre le grain



Cette chanson hyperréaliste raconte les conditions rudes d’une semaine type dans la vie de paysans. Je vous invite à écouter aussi une autre chanson sur la condition des paysannes : Je voudrais être mariée interprétée entre autres par Sylvie Berger et le duo Arlt.

 

LES SAISONS

Marions les roses [traditionnel, adapt. Malicorne] (1975)

Le mois d’avril s’en est allé/Le mois de mai s’est approché/Et marions les roses/Les roses font un beau bouquet/Quand elles sont jolies/Avons passé dedans vos prés/Les avons trouvé bien fumés/Avons passé dedans vos blés/Oh comme ils sont tous bien grainés/Mettez la main aux nids des œufs/Que chaque main en prenne deux/Moi qui suis le porte panier/Je prendrais bien le nid entier


Ce chant de quête fait un parallèle entre la récolte des œufs dans un panier pour fêter le temps de Pâques et la confection d’un bouquet de roses pour fêter l’amour.

Salut à la compagnie (La part à Dieu) [traditionnel, adapt. Malicorne] (1976)

Nous sommes d’un pays étrange/Venus dans ce lieu/Pour vous faire la demande/De la part à Dieu/Si la fève s’y présente/Nous la planterons/Dans un jardin sous un arbre/Nous la metterons


Chanson de quête pour l’épiphanie. En France, depuis le 14ème siècle, on mange la galette des Rois à l’occasion de cette fête. La tradition veut que l’on partage la galette en autant de parts que de convives, plus une. Cette dernière, appelée « part du bon Dieu », « part de la Vierge » ou « part du Pauvre », est destinée au premier pauvre qui se présenterait au logis.

Voici venir le joli mai [traditionnel, adapt. Malicorne] (1976)

Voici venir le joli mois/L’alouette plante le mai/voici venir le joli mai/L’alouette le plante/Vous plairait-il de vous lever/Vour nous donner à boire ?


Encore une chanson de quête pour le mai. L’alouette est l’oiseau de ceux qui se lèvent tôt, l'oiseau des travailleurs de la campagne.

 

LA NATURE COMME MÉTAPHORE

Si l’amour prenait racine [traditionnel/Hughes de Courson] (1978)


Ah si l’amour prenait racine/J’en planterais dans mon jardin/J’en planterais j’en sèmerais aux quatre coins/J’en donnerais à ces fillettes qui n’en ont point »


C’est Hughes de Courson  qui chante ici l’histoire de ce jeune homme qui se sent seul et qui voudrait semer l’amour comme on plante une graine.

Le garçon jardinier [traditionnel, adapt. Malicorne] (1975)

[…]/Attendez-moi la belle je vous y conduirai/L’a pris par sa main blanche/Au jardin il l’a emmenée/À l’ombre du rosier/Cueillez cueillez la belle la fleur que vous voudrez/La belle a pris la rose/Et puis elle se mit à pleurer/À l’ombre du rosier/Qu’a-vous qu’a-vous la belle qu’a-vous à tant pleurer ?/Je pleure mon cœur volage/Galant que vous m'avez volé/À l’ombre du rosier/Pleurez pas tant la belle je vous le renderai/C’est pas une chose à rendre/Galant comme de l’argent prêté/Beau garçon jardinier


 « Cueillir la rose, cueillir la fleur », c’est déflorer, dépouiller de sa fleur une fille, prendre sa virginité. C’est le thème de la fille qui regrette d’avoir été trop facilement séduite.

 

DES OISEAUX COMME SYMBOLE

 Rossignolet du bois [traditionnel, adapt. G. Yacoub] (1973) 

Rossignolet du bois rossignolet sauvage/Apprends-moi ton langage apprends-moi-z-à chanter/Et dis-moi la manière comment il faut aimer/Comment il faut aimer je m’en vais te le dire/Faut aller voir la fille faut l’aller voir souvent/Et lui dire la belle je serai votre amant/La belle on dit partout que vous avez des pommes/Des pommes de reinette dedans votre jardin/permettez-moi la belle que j’y porte la main/Non je ne permets pas que l’on touche à mes pommes/Apportez-moi la lune le soleil à la main/Vous toucherez les pommes qui sont dans mon jardin/Le jeune amant s’en va là-haut sur la montagne/La lune elle est trop haute le soleil est trop loin/La chose fut impossible la belle le savait bien


Rossignolet du bois est sans aucun doute une des plus belles chansons traditionnelles sur la recherche du plaisir. L’image érotique des pommes de reinette est tout simplement délicieuse. Dans cette chanson, nous avons affaire au rossignol, chantre de l’amour. En effet, le jeune amant vient demander conseil à notre oiseau qu’il considère comme le spécialiste de l’art d’aimer. Ce qui n’empêche pas qu’il se prenne un râteau, au final.

L’écolier assassin [traditionnel, adapt. Malicorne] (1976)

D’où reviens-tu mon fils jacques/D’où reviens-tu cette nuit ?/Je viens des écoles ma mère/Des écoles de Paris/J’entends la chanson sereine du rossignolet joli


Souvent le thème de l’amour chez le rossignol va de pair avec celui de la mort. Cette chanson raconte l’histoire d’un jeune homme qui, par appât du gain et pour avoir les faveurs de sa cruelle mère, coupe le petit doigt de sa belle et la tue. Le contraste entre cette « chanson sereine du rossignolet joli » du refrain et le drame qui se joue dans les couplets renforce la dimension horrifique de cette histoire. Le rossignol chante paisiblement la bande-son de cet amour lié à la mort.

La fille soldat [traditionnel, adapt. Malicorne] (1974)

La jeune demoiselle a perdu son amant/N’est-ce pas bien dommage dès l’âge de quinze ans ?/Elle s’en va l’attendre à l’ombre de ces bois/Mais elle a beau attendre son amant ne vient pas/Rossignolet sauvage rossignolet charmant/Apprends-moi des nouvelles de mon très cher amant


Cette chanson a pour thème la « fille qui se déguise en soldat pour rappeler à l’ordre (du mariage) son amant envoyé à la guerre ». Ici encore, c’est du rossignol conseiller qu’il s’agit, celui à qui on vient demander une solution à un problème d’amour lié à la mort : la jeune fille qui a peur d’être veuve avant d’être mariée.

Les tristes noces [traditionnel, adapt. Malicorne] (1976)

Qui veut ouïr chanson/Chansonnette nouvelle/Chante rossignolet ?/[…]/Sur la tombe du garçon/On planta une épine/Sur la tombe de la fille/On planta une olive/L’épine crut si haut/Qu’elle embrassa l’olive/On en tira du bois/Pour en faire des navires


Encore une chanson où le rossignol symbolise l’amour lié à la mort.

Quand je menai mes chevaux boire [traditionnel, adapt. Malicorne] (1976)

Quand je menai mes chevaux boire/Ilaire ilaire itou ilaire/Ilaire oh ma nanette/Quand je menai mes chevaux boire/J’entendis le coucou chanter/Il me disait dans son langage/Ta bien aimée vont l’enterrer


Le coucou tient souvent le rôle d’oiseau de mauvais augure dans les chansons traditionnelles européennes. Ici, il apprend au jeune amant qu’on va enterrer sa belle. Notons que cet oiseau sans scrupule qui dans la vie réelle prend place dans le nid des autres pour y pondre peut également symboliser la tromperie, l’adultère, l’infidélité.

Dans la ville où je suis [traditionnel, adapt. Gabriel Yacoub] (1978)

Creusez ma tombe creusez-la bien/Plantez un arbre à ses quatre coins/Dessus ma tête mettez une pierre/Dedans ma bouche mettez de la terre/Et sur mon cœur un pigeon blanc/Montrez au monde que je suis morte d’amour/Son argent fondra son or s’en ira/Il ne sera pas plus riche que moi/Et moi je serai d’une verdeur/Dessus mon cœur poussera des fleurs

Nous n’avons pas trouvé de lien audio ou vidéo pour vous faire écouter cette superbe chanson interprétée par Gabriel Yacoub sur son premier album solo Trad. Arr. Empruntez le CD dans les médiathèques de PointCulture.

Quel est le message de cette chanson qui parle d’une jeune fille qui, se voyant obligée d’épouser un vieux riche, se suicide et laisse une lettre exprimant ses dernières volontés ? La nature ici joue un rôle symbolique important. La jeune fille veut qu’on délimite sa tombe (qu’on les protège, elle et son amour) par quatre arbres. La terre et la pierre sont des images sans doute terre à terre (enterrement, pose de la tombe elle-même). L’image du  pigeon blanc, c’est celle de la colombe, qui symbolise l’amour, la stabilité, la fidélité. La belle exprime par-là qu’elle restera toute à celui qu’elle aime vraiment (son chevalier) pour l’éternité. Elle finit par jeter un sort au gros marchand qui a voulu l’acheter à ses parents : il se videra de son or. Elle oppose la magie de son amour (protégé par la pierre, la terre, le pigeon blanc et les quatre arbres) aux richesses matérielles de celui-ci. Et l’amour renaîtra : des fleurs pousseront sur son cœur.

Margot [Gabriel Yacoub] (1976)

Dans mon chemin j’ai rencontré/Une pie grièche/Tout au bout d’un bâton plantée/Des clous dedans la tête/Avecque par devant/Des petits enfants/Monsieur le curé derrière/Qui disait ses prières/Margot Margot/Noire comme le charbon/Blanche comme le coton/Margot


La pie grièche, qu’on nomme aussi Margot, a l’habitude d’empaler ses proies sur une épine afin de les conserver. Ici, c’est elle qui est transpercée par un bâton et qui a des clous plantés dans la tête. Un sacrifice mené par un curé qui fait une sorte de procession avec des enfants. Un texte écrit par Gabriel Yacoub d’après le travail de Claude Seignolle, écrivain français, qui a commencé par collecter le patrimoine légendaire des régions françaises avant de développer une œuvre littéraire personnelle.

La conduite [traditionnel, adapt. Malicorne] (1978)

[…]/L’hiver s’est écoulé la neige et la froidure/On voit dès à présent revenir le printemps/[...]/On entend les oiseaux disant dans leur langage/Oh qu’il y a du plaisir de les entendre partir


Cette chanson sur le départ des Compagnons a pour cadre la fin de l’hiver et le retour du printemps. Les oiseaux qui chantent symbolisent le retour à la belle saison.

Le mari jaloux [traditionnel/ Hughes de Courson adapt. Malicorne] (1978)

Mon père il m’a mariée/À un joli jeune homme/Un jeune homme il m’a donné/Tout plein de jalousie/[…]/Il croit vraiment que c’est dieu/Qui me trouve si belle/Qu’il me fait parler d’amour par ses hirondelles/Le plus noir des corbeaux/Oui tout lui porte ombrage/Le doux chant des oiseaux y ranime sa rage/J’aimerais mieux mon tombeau/Que leur doux langage


Les oiseaux sont ici les chantres de l’amour. De nouveau, il est question de la mort. La jeune fille préfère mourir que vivre avec ce « doux chant des oiseaux » qui loue sa beauté mais qui rend fou de jalousie son mari.

 

LE BESTIAIRE

Dame lombarde [traditionnel, adapt. Malicorne] (1974)

Allons au bois dame lombarde, allons aux bois/Nous trouverons le serpent verde nous le tuerons


Cette chanson chantée par Hughes de Courson a pour thème l’ « empoisonneuse empoisonnée ». Le serpent, comme dans nombreuses traditions, y symbolise la trahison, le danger.              

La blanche biche [traditionnel, adapt. Malicorne] (1977)

M’envoient jeter de l’eau dans le chemin des fées/Ils m’ont donné un don qui m’a toujours resté/Je suis fille le jour, et la nuit blanche biche/Tous les jours les chiens du château me poursuivent


Cette chanson datant du Moyen Âge aborde le thème de la biche blanche, animal fabuleux présent dans de nombreux contes et légendes médiévaux. C’est l’histoire de la fille d’un seigneur qui a reçu des fées un sort : elle est fille le jour, et la nuit blanche biche. Son frère, grand chasseur, qui ne sait rien de cette malédiction finit par la tuer. Une chanson célèbre qui a aussi été interprétée par Véronique Chalot, Tri Yann, Belyscendre et Laurence Revey.

Les transformations [traditionnel, adapt. Malicorne] (1979)

[…]/Si tu te fais la caille volant aux blés/Je m’ferai renard pour te croquer/[…]/Si tu te fais renard pour me croquer/Je me ferai la biche dans la forêt/[…]/Si tu te fais la biche dans la forêt/Je prendrai la forme d’un bon chasseur/[…]


Cette chanson aborde la thématique des métamorphoses liées au jeu de l’amour. Pour échapper aux assauts d’un jeune homme, une demoiselle dit qu’elle va se changer en rose. L’amoureux, lui, dit alors qu’il va se transformer en abeille. Elle rétorque qu’elle se muera en caille. Etc..., etc….

 

La mule [traditionnel/Gabriel Yacoub, adapt. Malicorne] (1978)

Qui est donc cette mule qui m’appelle « père » ?/Votre fille jeanne qui est morte et enterrée


Et pour terminer, une dernière histoire de métamorphose, celle de la jeune fille qui a été changée en mule à cause des relations sexuelles qu’elle a eues avec le curé de la lande.


Guillaume Duthoit

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