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Focus

Charleroi : les quais des poètes disparus

Charleroi - Quai de la sambre - illustration (c) Agence L'Escaut, architectes
À l'occasion de chaque portrait de ville belge nous proposons une carte blanche à un acteur ou un actrice locale. Pour Charleroi, nous avons eu envie de la confier à Annie Bozzini, arrivée à Charleroi il y a un an et demi - en provenance de Toulouse - pour y prendre la tête de Charleroi danse.

« Que ne donnerait-on pas pour rebaptiser tous les quais du monde de noms de poètes. C’est ainsi qu’à Charleroi, Arthur Rimbaud a donné son patronyme à l’anciennement nommé quai de Brabant. Anecdote peut-être, mais pas seulement, qui consiste à doter une promenade du nom d’un des poètes les plus connus au monde et qui arriva à Charleroi un jour d’automne 1870, ayant quitté, à pied, Charleville et un cercle familial un peu trop étouffant. Venu « déchirer ses bottines aux cailloux des chemins », on sait qu’il s’arrêta au cabaret vert, pour se reposer et se sustenter de jambon rose et d’une chope de bière, c’est ce qu’en a retenu le célèbre poème. Marcheur par nécessité, il donne son nom à cette berge de la Sambre autrefois inaugurée par Léopold 1er et qui dès les premiers rayons de soleil accueille désormais toute une population nonchalante heureuse de baguenauder, c’est-à-dire de marcher sans but précis pour le plaisir d’échanger avec des amis ou de prendre un peu l’air. La manière dont les villes redonnent aux habitants les berges de leurs cours d’eau ou de leur fleuve en dit long sur le niveau de réflexion et de culture de leurs dirigeants. Après avoir été longtemps boudés, ces bords un peu marécageux, souvent mal famés, ces territoires entre la ville et l’eau et qui appartenaient à des populations interlopes qui en avaient fait leur royaume deviennent des enjeux importants de tout nouveau plan d’urbanisme. Ces promenades au bord de l’eau qui manquent tant à Bruxelles par exemple qui ne connait de bras de mer qu’un valeureux canal fort industrieux et peu propice aux rêveries de coucher de soleil, ces promenades ont été rendus aux Carolos, offrant à la ville une respiration dans ses murailles. Ce n’est pas là le moindre des changements qui affectent cette ville qui a également su au fil du temps fabriquer une géographie anthropocène des plus passionnantes. Mais c’est une sacrée belle entreprise que d’autoriser la promenade dans ce paysage minier, laisser paresser la Sambre et les Carolos le long de ce quai Rimbaud et fixer, à une encablure de là, l’autre quai, celui de Paul Verlaine, le « pitoyable frère » d’Arthur. En quelques enjambées, voilà les deux amis maudits et magnifiques, réunis pour toujours dans l’esprit des promeneurs, voyageurs et autres rêveurs. C’est sûrement le tout premier mérite du changement que chacun peut percevoir à Charleroi, the place to be entend-on souvent mais surtout l’endroit où l’on sait reconnaitre la valeur de poètes, c’est peu pourrait-on penser, mais simplement essentiel. C’est pourquoi, diriger Charleroi danse revêt ici un sens particulier qui nous intime le devoir et la passion d’élargir le cercle invisible des poètes. Alors jambon rose et chope de bière pour tout le monde !!!  »


Charleroi danse - logo 2018 - 300pix large

Annie Bozzini
Directrice de Charleroi danse


image du bandeau : Quais de la Sambre - agence L'Escaut (architectes) - image © Aerialfocus

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